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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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fils et combien il le leur rendait en riant.
    Le temps de s’embrasser, de recevoir elle aussi des accolades chaleureuses et spontanées, pour Elora d’expliquer que Nycola était demeuré aux Saintes-Maries-de-la-Mer en garde de leur navire et en retour d’apprendre des Bohémiens que leur périple depuis Venise avait été seulement marqué d’une naissance, ils s’étaient remis en branle, attachant les chevaux à la dernière voiture.
    Depuis, tandis que Khalil à ses côtés menait le convoi au pas lent des bœufs, elle se tordait les mains d’angoisse, harcelée par de nouvelles questions plus terrifiantes encore, qui l’avaient enfermée dans le silence : Enguerrand était-il chez lui ? Lui plairait-elle avec ces rides au coin des yeux ? Mais, plus encore, Luirieux n’avait-il pas trouvé cette fois le moyen de l’occire ?
    Entourée de tous ces gens qui l’avaient fêtée comme une des leurs, elle serait plus forte face à la vérité.
    Oui, plus forte, se répétait-elle en voyant grandir les murs d’enceinte du domaine.
    — Mounia ! Khalil ! sembla lui chanter le vent, comme une promesse de retrouvailles.
    Une de plus dans son cœur impatient.
    — Mounia ! Khalil !
    Son fils tira sur les rênes.
    — Que fais-tu ? s’inquiéta-t-elle.
    Il tourna vers elle un visage réjoui.
    — N’entends-tu pas, maman ?
    — …
    — Mounia ! Khalil !
    Cette voix. Cette voix qui grandissait dans un bruit de galop, se mit-elle à trembler.
    Non. Ce n’était pas le vent.
    Emportée d’émotion, elle sauta, se planta sur le bas-côté.
    Là-bas, remontant les carrioles ventre à terre, ce cavalier fouillant du regard leurs fenêtres… hurlant…
    Elle se couvrit la bouche de ses mains pour étouffer un cri de joie, les yeux inondés.
     
    Il sut que c’était elle bien avant que la distance ne lui affirme ses traits. Il le sut dans chaque fibre de son corps, de son âme. Dès que le convoi s’arrêta.
    Il se dressa sur ses éperons, hurla plus fort.
    — Mounia !
    Alors seulement elle consentit à y croire vraiment. À courir vers lui, à murmurer puis à crier à son tour.
    — Je suis là ! Je suis là, Enguerrand !
    Il sauta de sa monture à une quarantaine de toises d’elle, manqua s’aplatir sur le sol, se releva la cheville en feu pour reprendre sa course comme elle poursuivait la sienne, riant, pleurant, les bras ouverts, tendus, tétanisés par des années de renoncement.
    Ils se rejoignirent enfin sous les acclamations des Bohémiens, s’enfermèrent dans une seule étreinte puis s’embrassèrent.
    S’embrassèrent à se couper le souffle.

61
     
    Lorsqu’ils s’écartèrent enfin, de quelques pouces seulement, ce fut pour se fouiller du regard, se transpercer l’âme. Se reconnaître dans ce que le temps avait pu abîmer en chacun d’eux. Sachant qu’il leur était compté sur ce bas-côté, mais infini sitôt leur intimité retrouvée.
    Déjà, le baron Jacques, Sidonie et Benoît s’arrêtaient en bordure et mettaient pied à terre.
    Déjà Elora et Khalil les rejoignaient.
    Enguerrand noua un bras à la taille de Mounia et la retourna vers son fils qu’il avait vu arriver, un franc sourire aux lèvres, plus grand de taille, mais identique à celui qu’il avait vu, grâce aux pouvoirs d’Elora, mener la carriole des bohémiens vers Venise.
    — Heureuses retrouvailles, vous ne trouvez pas, père ? l’aborda Khalil simplement, dans un éclat de rire.
    Enguerrand y reconnut le timbre du sien. Alors d’un geste, il ramena le jouvenceau dans ses bras. Dans leurs bras.
    Trinité, songea Elora, à quelques pas. Elle aurait été heureuse de pouvoir elle aussi reformer la sienne avec son père et sa mère. Elle s’arracha à ce voile léger de tristesse. Certains choix étaient plus difficiles que d’autres. Algonde l’entendrait. Le comprendrait… Sûrement.
    Elle en chassa le doute. Le baron Jacques s’approchait d’elle, de l’émotion plein les yeux.
    — Palsembleu ! est-il possible que tu aies grandi encore depuis Rome ?
    — Moi aussi, messire, je suis heureuse de vous revoir, répondit-elle simplement en s’inclinant dans une révérence.
    Il se mit à rire.
    — Et toujours aussi effrontée, ma foi !
    Elle se releva, une jolie fossette au coin de la joue.
    — Cela vous manquait, ne le niez pas.
    — Et il n’était pas le seul dans ce cas, lui assura Sidonie en lui ouvrant ses bras.
    Lors, pendant quelques minutes, sur ce bord de

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