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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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l’eau fraîche. Le prévôt les laissa à leurs ablutions sommaires et s’en fut déverrouiller, satisfait de constater que personne n’avait eu l’idée de les attaquer, comme il l’avait craint brusquement, juste avant de s’étendre.
    Il trouva Gersende sur le seuil, prête à frapper à la porte.
    — Plaît-il ? demanda-t-il, surpris.
    — Dame Hélène serait heureuse de votre visite, messire.
    Il la remercia, la laissa continuer sa descente, puis se rabattit dans le logis pour donner ses ordres à ses hommes. Ensuite de quoi, il grimpa l’escalier.
    *
    Puisque son épouse l’avait fait mander, Hugues de Luirieux prit la peine, cette fois, de s’annoncer par une brève chiquenaude contre le battant, avant d’entrer.
    Il la trouva de meilleure mine malgré l’évidente fatigue qui persistait sur ses traits. Pendant qu’il se reposait, on avait apporté un berceau neuf dans la chambre. Les jumelles y étaient couchées l’une contre l’autre.
    — Le menuisier s’active à un second…, expliqua Hélène qui avait suivi son regard en oblique, avant d’enchaîner : Et Gersende à une deuxième nourrice. Il faut dire que nous avons tous été pris de court. Moi la première.
    Hugues de Luirieux hocha la tête, indifférent à ces contingences matérielles. Il ne remarqua qu’une seule chose. Incongrue dans le contexte de cette intimité. Hélène lui souriait.
    — Venez-vous asseoir près de moi. S’il vous plaît, Hugues.
    Il la contenta. Accepta avec suspicion la main qu’elle posa sur la sienne. Demanda pourtant :
    — Comment vous sentez-vous ?
    Elle eut un petit rire.
    — J’ai le sentiment d’avoir été à la fois écartelée et rouée de coups. Pour clore le tableau, horrible sans doute.
    Dans le contexte étrange de cet échange, il crut de bon ton de la rassurer :
    — Je ne trouve pas, non. Votre beauté est altérée, je ne le nierai pas, mais vos yeux pétillent et ils sont plaisants à regarder.
    Un fard piqua les joues d’Hélène.
    — Tant mieux.
    Elle lui caressa le dessus de la main et curieusement l’idée lui vint qu’il avait bien fait de se les laver.
    — Cela va vous sembler surprenant au regard des termes de notre contrat, mais j’ai eu le temps de réfléchir au long de mon voyage, plus encore durant cet accouchement interminable. Et, finalement, je ne vous en veux pas. Au contraire. Je persiste dans l’opinion que j’ai donnée de vous à mon père et à Enguerrand.
    — Vraiment ?…
    Hélène lui enleva la main pour la porter à ses lèvres. Leur douceur le troubla plus qu’il ne s’y attendait. Déjà Hélène la reposait pour planter dans les siens deux yeux chaleureux.
    — Qu’ai-je à vous reprocher, en vérité ? De vous être payé en retour de vos largesses, par les modestes biens que je possédais ? Je vous les aurais donnés de moi-même pour ce seul regard que vous avez posé sur mes enfants. Comprenez-moi, Hugues. Elles sont tout ce qu’il me reste de Djem et vous les avez acceptées. Non, ne dites rien, je vous en prie, laissez-moi terminer…
    Il se tut devant la sincérité de ses traits.
    — … Notre mariage est un marché de dupes, mais je n’ai pas le sentiment ce jourd’hui d’avoir été dupée. Respectez-moi toujours comme vous venez de le faire, mon mari, et je jure devant Dieu que vous n’aurez meilleure épouse. Le voulez-vous ?
    Il sonda ce regard chargé d’une évidente tendresse. Ranimé par la maternité. Se pouvait-il qu’elle puisse un jour en arriver à l’aimer ? Ce ne serait pas le premier hymen qui, né d’intérêt, verrait les deux parties s’en accommoder. Il lui sourit à son tour.
    — Rien ne saurait me plaire davantage, Hélène. D’autant que, votre fortune aidant, il est dans mon intention d’abandonner ma charge et de vous aider à la gérer.
    Elle s’illumina.
    — Quelle merveilleuse idée ! Oh ! Hugues, je suis heureuse comme je croyais ne plus jamais pouvoir l’être. Merci. Merci. C’était tout ce que j’espérais. À l’exception peut-être… Oserai-je vous le réclamer ?…
    — Faites. Je n’ai rien à vous refuser.
    Elle rougit de nouveau, baissa les yeux.
    — Un baiser… Un vrai baiser.
    Hugues de Luirieux perçut une aiguille de désir lui transpercer le bas-ventre. Hélas pas suivie d’effet. Il se pencha pourtant vers ce visage qui se tendait, cueillit la joue d’Hélène dans sa main caressante et fouilla cette bouche qui

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