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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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avait été passé avant que ce bouton soit tombé ?
    Certainement pas Dumas. Il n’en avait pas les qualités.
    Alors qui ? se demanda Hugues de Luirieux, circonspect.
    Il empocha cet indice, en se promettant, une nouvelle fois, de débusquer la vérité.

60
     
    Aucun de ceux qui galopaient vers la Rochette n’avait douté d’avoir été surveillé à l’instant du départ. Lorsque le palefrenier leur avait demandé si le quatrième visiteur souhaitait lui aussi se mettre en selle, le baron Jacques avait compris qu’ils devaient jouer serré.
    Hugues de Luirieux s’était renseigné.
    Le baron avait donc servi au jouvenceau la version qu’il pouvait en attendre. À savoir que ledit quatrième, arrivé la veille pour annoncer leur visite, était de leur escorte et avait regagné le corps des gardes.
    Ne restait plus qu’à trouver quelqu’un pour remplacer Jacques de Montbel.
    Le baron connaissait suffisamment chacun des soldats attachés au castel de Sassenage pour être certain de leur fidélité. Ils se seraient fait tuer plutôt que le trahir.
    De fait, parvenu devant la herse, l’un d’eux s’était aussitôt dévoué pour chevaucher avec eux.
    L’affaire était entendue.
    Algonde leur avait révélé l’existence d’un escalier secret dans la muraille qui partait de la dernière chambre du donjon, s’ouvrait à chacun des étages inférieurs par le fond des cheminées avant de rejoindre en bas une crypte autrefois utilisée par Mélusine. Réfugié dans les appartements de Gersende et Janisse, Jacques de Montbel n’avait qu’une dizaine de marches à grimper pour se trouver dans la chambre d’Hélène et s’interposer si besoin était. Forts de cette garantie, ils avaient accepté de se retirer.
    D’autant que le comte d’Entremont ne serait pas le seul à veiller sur Hélène. Algonde, Petit Pierre, Janisse, Gersende, tout comme Constantin, avaient bien l’intention d’occuper Luirieux jusqu’au dîner préparé avec soin par Janisse.
    Une fois les lascars endormis, le baron et Enguerrand reviendraient s’en charger.
    Ils ralentirent donc très vite l’allure. Inutile de se précipiter, ils avaient toute la journée devant eux.
    Sidonie en profita pour prendre des nouvelles de la famille du Benoît qui les accompagnait, sous l’œil intéressé de son époux, tandis qu’Enguerrand suivait le fil de ses pensées qui, toutes, le renvoyaient à la manière la plus douloureuse de torturer Luirieux quand ils le tiendraient.
    Ainsi absorbé, le chevalier ne remarqua pas que la route s’obscurcissait face à eux, à un quart de lieue au moins. Si bien qu’il ne réagit pas tout de suite lorsque le baron attira son attention.
    — J’ai l’impression que nous ne sommes pas les seuls à nous en venir chez toi…
    — Hum ? fit Enguerrand en s’arrachant à ses pensées.
    — Des Bohémiens. Oui. Au nombre des roulottes je dirais une communauté de Bohémiens, renchérit le baron en mettant sa main en visière pour se garder du soleil qui le frappait.
    Communauté, roulottes ou Bohémiens ?
    Lequel de ces mots le fit réagir, Enguerrand ne le sut pas. Peut-être simplement la joie qu’ils provoquèrent dans sa mémoire.
    Son cœur s’emballa dans sa poitrine. Khalil… Mounia… Mounia… Khalil, se mit-il à marteler dans sa danse folle.
    Un bonheur sans nom, une certitude lui firent talonner sa monture. Emporté déjà, Enguerrand se retourna de quart pour voir le baron immobilisé de saisissement.
    — Elora est de retour ! hurla-t-il dans le vent avant de se mettre à rire et de se coucher sur sa selle pour aller plus vite.
    Encore plus vite à remonter le temps.
    *
    Dans le chariot de tête, ils en étaient encore aux retrouvailles qu’un hasard curieux venait de leur offrir une heure plus tôt, à l’entrée du village de Fontaine pour les uns, à sa sortie pour les autres, les immobilisant sur le bord du chemin.
    S’il n’avait tenu qu’à Mounia, les plantant là, elle se serait précipitée au grand galop vers la Rochette, mais, au moment de se décider, une peur panique l’avait ramenée près de son fils. Ne risquait-elle pas de se tromper de route, d’aller trop loin, de perdre plus de temps encore ? Elle avait attendu dix ans, ne pouvait-elle patienter quelques minutes de plus pour mieux les réunir tous les trois ?
    Alors, domptant les battements affolés de son cœur, elle avait attendu, troublée de voir avec quel amour ces gens étreignaient son

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