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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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un bossu, d’égale stature, mais au visage plus enfantin.
    — Elle sait tout, voit tout et peut tout. Même revigorer un brigand aux portes de la mort. On me nomme La Malice. Et mon bâton noueux, c’est Mayeul. Pour vous servir, mes seigneurs.
    Enguerrand sentit monter en lui une joie puérile.
    — J’en connais un qui sera heureux de vous retrouver, tous autant que vous êtes.
    — Petit Pierre, oui, nous savons, renchérit Bertille.
    Jacques de Sassenage écarta ses bras vers les cieux, un rire joyeux aux lèvres.
    — Je commence à croire qu’il n’y a rien que nous puissions vous apprendre !
    Enguerrand sentit son cœur se nouer. Il fixa chacun d’entre eux avec une égale attention. Chercha Elora, puis, ne la voyant pas revenir, baissa les yeux sur eux.
    — Pas même la mort de Mathieu, je présume.
    C’est alors qu’elle fit son entrée, au bras de Présine qu’elle avait sentie arriver et vers laquelle elle s’était précipitée.
    — Que nenni, messire Enguerrand ! Mon père ne s’est jamais mieux porté ! Il nous attend aux Saintes-Maries-de-la-Mer, sur son navire, prêt à nous embarquer ! s’exclama-t-elle.
    — Elora ? s’étrangla Mayeul devant la femme qu’il découvrait.
    Elle éclata de rire.
    — Alors quoi, mon petit bossu, suis-je devenue trop grande pour un baiser ?
    Tandis que Présine confirmait au baron que ses runes les avaient avertis du sort de Mathieu depuis un bon mois déjà, Elora se détacha de Présine pour s’accroupir et presser Mayeul contre elle.
    — Bougre de bougre, qu’est-ce qu’ils t’ont fait manger ? s’époumona-t-il en réalisant que même ainsi elle le dépassait d’une bonne tête.
    Elle lui colla deux bises sonores sur les joues.
    — Du sang de dragon…
    Il écarquilla ses yeux comme des soucoupes.
    — Vrai ?
    Elle se releva dans un éclat de rire général.
    — Non, bêta, mais ça pourrait bien arriver là où nous allons ! « Bougre de bougre »… Qui donc t’a appris ça ? Petit Pierre ?
    Mayeul la couva d’un œil tendre autant que taquin.
    — Fallait bien s’occuper pendant qu’on t’attendait !
    Elle froissa sa chevelure broussailleuse.
    — Toi aussi tu m’as manqué, petit frère.
    Autour de la tablée, on se poussait sur les bancs pour accueillir les nouveaux arrivants. Les présentations se faisaient aussi naturellement que quelques heures plus tôt. Briseur avait posé sa massue pour aider La Malice, les enfants s’installaient, et Celma fixait Elora, Présine et Mayeul d’un air radieux. Quant aux valets, ils couraient, affolés, pour répondre à cette nouvelle demande d’invités.
    — Une belle communauté, Elora, oui une bien belle communauté déjà, assura Présine, émue de ce spectacle.
    La jouvencelle lui sourit. Le temps des explications viendrait. Pour l’heure, elle entraîna Mayeul par la main.
    — Allez viens, mon tout beau, que je te présente mon fiancé.
    Mayeul sentit son cœur se serrer. Juste une seconde. Avant de voir Khalil se déplier, et de comprendre que ces deux-là étaient d’une même race et qu’ils étaient forcément destinés.
    Alors, se laissant emporter par le bonheur qui, tous, les inondait, il lui tendit la main en gage de fraternité.

62
     
    Hugues de Luirieux et ses acolytes avaient dormi longtemps, rattrapant leur nuit d’insomnie à galoper. Si bien que l’après-midi était déjà avancé lorsqu’ils se levèrent, empâtés. Le prévôt ouvrit la croisée pour inspirer un peu d’air frais et immobilisa son regard sur un rire qui trouait l’ombre de la bâtisse.
    — Cette fois, je pars le premier…
    Petit Pierre, reconnut-il. La seconde d’après, l’enfant s’élançait à toutes jambes vers le fond de la cour, bientôt rejoint par Le Galoup qui le coursait. Ils s’immobilisèrent, tous deux à bout de souffle et de rire.
    Hugues de Luirieux s’en agaça quelques secondes. Ce monstre avait réussi à rendre à l’enfant sa gaieté, ce qui compromettait pour l’heure l’idée de le renvoyer. Bah ! songea-t-il, avec un minimum d’attention et de discipline, il récupérerait ses bienfaits…
    Il s’étira. Un peu d’exercice lui ferait du bien. Et lui offrirait l’occasion de renouer avec son fils. C’était, après tout, le seul qu’il aurait jamais.
    Dans le cabinet de toilette où ils s’étaient réfugiés dès qu’il avait quitté la chambre, Torval et Ronan de Balastre achevaient de se passer le visage à

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