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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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le père Vincent.
    Au matin du neuvième, Elora termina ses ablutions puis se dirigea vers la salle de réception dans laquelle le matinel était dressé. Elle se planta en bout de table et attendit que tous soient là.
    La gravité de ses traits ne les trompa pas.
    Ils s’installèrent en silence, les regards tournés vers elle.
    Lorsque le dernier, Jean, fut assis, elle parla.
    — Je sais ce que vous pensez tous. Que la vie est devenue douce en Dauphiné. Vous vous dites aussi que cette quête peut-être ne vous concerne plus.
    Un murmure glissa qu’elle brisa net d’un geste de la main.
    — Je ne vous le reproche pas. Moi-même, ici, je me sens chez moi. Mais je ne suis pas venue au monde pour y couler une vie douce et sereine. Toi non plus Khalil, ni toi Constantin. Nous possédons le pouvoir des trois. Le pouvoir que cette prophétie imposa aux nôtres, qui nous égara souvent, nous perdit pour nous rassembler tous enfin. Nous seuls en sommes les piliers. Nous seuls sommes indispensables là-bas. Chacun de vous est libre de nous accompagner ou pas. Nous partirons demain, à l’aube. Mon cœur se serrera de quitter ceux qui resteront, mais, quoi que vous décidiez, sachez que, de loin, je vous regarderai rire, grandir, aimer. Que par ce lien je serai toujours là, termina-t-elle, auréolée d’une lumière bleutée.
    Ils s’attardèrent quelques secondes à son halo pailleté d’or, puis La Malice se leva.
    — J’en suis.
    — Moi aussi, il ne peut pas se passer de moi, affirma Briseur.
    — Et moi de toi, avoua Celma en bisant la joue du colosse qui piqua un fard, allégeant un peu l’atmosphère.
    — Pour moi, cela ne se discute pas, assura Présine.
    Puis, un à un, tous ceux qui se trouvaient là, à l’exception d’Hélène et de Jacques de Montbel, malgré l’envie qu’ils en avaient, l’un comme l’autre. Les petiotes étaient trop chétives pour un tel voyage et il fallait qu’Hélène donne le change quelques mois, assure que son époux était demeuré près d’elle puisqu’il devait s’éteindre au moment des grands froids. Comme l’avait suggéré Khalil. Un jour, peut-être…
    Les seuls qui ne se prononcèrent pas furent le baron et Sidonie. Un bref échange de regard les avait soudés. Depuis, Jacques gardait le profil bas. Lorsqu’il le releva, Elora était sur le point de reprendre la parole.
    Il la devança.
    — Nous vous accompagnons jusqu’en Avalon…
    Le silence regagna la tablée.
    Il darda sur Algonde un regard déterminé.
    — Il y a dix ans de cela, nous t’avons laissée seule face à Marthe. Pas un seul jour depuis où nous n’en ayons éprouvé du remords. Cette fois, nous voulons être là.
    Il revint vers le bout de la table.
    — Car c’est bien de cela qu’il s’agit avant toute chose, n’est-ce pas Elora ? De sauver les Hautes Terres en en terminant avec Marthe… Là-bas.
    Elle acquiesça.
    — Je sais que Khalil aurait préféré qu’on la laisse errer sans fin à la recherche du passage…
    — Pour sûr ! grinça-t-il en écho.
    — … mais tôt ou tard, dans ce cas, elle redeviendrait une menace, qu’aucun de vous, ici, ne pourrait endiguer. Nous irons en Avalon récupérer la copie de la table de cristal que Merlin y cacha et je l’affronterai.
    — Et si elle n’y est pas ? demanda Présine.
    Elora la fixa intensément.
    — Elle y sera, c’est inévitable.
    La fée se troubla. Personne ne s’en aperçut, mais cela suffit pour confirmer à Elora ce que Merlin lui avait révélé de Présine, sous la montagne-pyramide.
    Sans se laisser abattre, elle poursuivit.
    — Avalon s’est éloignée peu à peu des rivages de l’Angleterre, jusqu’à s’accoler à un autre. Elle se trouve aujourd’hui très au septentrion, et si nous tardons trop, elle sera prise dans les glaces, ce qui ne facilitera pas notre voyage. Voilà pourquoi je vous hâte. Il nous faudra deux bons mois pour l’atteindre depuis les Saintes-Maries et, avant Marthe, nous confronter au froid.
    — Joyeux…, grimaça encore Khalil que, vraiment, cette perspective n’enchantait pas.
    Elora ne s’y attarda pas. Ce qu’elle avait à ajouter, elle le savait, leur plairait encore moins.
    — J’espère de tout cœur que nous repartirons sains et saufs de l’île, mais je ne peux l’affirmer. Si elle fut peu à peu abandonnée des prêtresses et de Merlin lui-même, certaines créatures aussi terrifiantes que la vouivre y sont demeurées

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