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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Janisse s’était penché au-dessus de Ronan de Balastre qui s’agitait vainement sous son bâillon.
    — Une prune. Je me suis dit en vous la coinçant en bouche que vous apprécieriez l’attention, mon ami. Sachez que je suis navré de devoir me séparer de vous. J’ai rarement connu plus grand gourmand. Mais enfin, vous comprendrez qu’il nous soit difficile de vous laisser repartir.
    Il s’écarta… Revint… Un doigt sur les lèvres.
    — À moins…
    Ronan de Balastre acquiesça du menton à tout ce que ces deux mots laissaient de perspectives.
    Lâche, songea Hugues de Luirieux. Ces chiens se jouent de leur patience, ses hommes ne le voyaient-ils pas ?
    Janisse se tourna vers Khalil.
    — Ne veux-tu pas détacher ces gens, mon petit ? Je suis sûr qu’ils seront disposés à récupérer pour nous le trésor de Mélusine dans la crypte.
    — Quel trésor ? s’emporta Hugues de Luirieux, agacé, tandis que Khalil obtempérait, aidé par Constantin.
    Hélène se planta devant lui.
    — C’est une longue histoire, mon mari. Vous n’êtes pas sans savoir que Mélusine fit bâtir ce château du temps de ses épousailles avec mon aïeul, Raymondin…
    — Légende, persifla Luirieux. Si crypte il y a, elle servira à nous emmurer. La voilà, votre pitoyable vengeance !
    Hélène pencha la tête de côté, une moue cruelle en bouche.
    — Vous me vexez, Hugues. Aucun de nous ne saurait se montrer si généreux à votre égard. Non… Mon cher Janisse, voulez-vous bien expliquer à votre gourmand pourquoi nous ne sommes jamais descendus ?
    — À cause de la créature, bien sûr.
    — Quelle créature ? tiqua Torval en se frottant ses poignets entaillés par les liens.
    — Une vouivre.
    Luirieux leva les yeux au ciel. On se moquait d’eux. De lui. Il ne crèverait pas à petit feu en bas. Il se débattrait assez pour mériter une fin digne, brutale. Ici. Malgré la poigne de Briseur qui lui écrasait les bras.
    Torval et Ronan de Balastre échangèrent un regard. Ils n’avaient jamais entendu parler de cette bête-là. Janisse se tordit les mains.
    — On raconte que sa morsure est terrible. Elle entraîne une mort lente et si douloureuse qu’aucun bourreau ne saurait la reproduire.
    Ils glissèrent un regard à Luirieux, se rassurèrent de son air goguenard tandis que Janisse poursuivait.
    — Voici ce que je vous propose, mes bons. Vous récupérez vos armes que nous avons posées quelques marches plus bas et vous descendez. Celui d’entre vous qui remonte avec la cassette de diamants et de rubis sera libre.
    — Et si nous remontons tous les deux ?
    — Cela vaudra pour les deux…
    — C’est bon, décida Torval, anticipant déjà qu’une fois armés ils les obligeraient à tenir promesse.
    Luirieux ne fit rien pour les retenir, s’attendant que le passage se referme derrière eux et lui que Briseur poussait déjà sans ménagement vers la cheminée. Il gigota, mais n’obtint que de se broyer les poignets davantage, moins avec ses liens qu’entre les mains du colosse.
    Ronan de Balastre récupéra la torche que le baron venait d’enflammer, puis baissa la tête pour passer dans l’ouverture béante, Torval sur ses talons.
    *
    Longtemps l’écho de leurs bottes sur la pierre remonta jusqu’à eux, puis le silence reprit ses droits. La crypte était profondément enfouie sous terre. Aucun bruit ne pourrait en revenir, leur sembla-t-il.
    — Ce ne sera plus très long, annonça pourtant Algonde, reprise d’un frisson au souvenir de sa rencontre avec la bête.
    Elle-même avait été sauvée ce jour-là par Mélusine. Mais Mélusine n’était plus là.
    Luirieux ne se laissa pas intimider. Si on voulait l’effrayer, c’était raté. Ni leur mutisme, ni leurs faces sombres n’y parvinrent.
    Jusqu’à ce qu’un cri de terreur s’élève, suivi d’un martèlement dans l’escalier. Quelqu’un remontait quatre à quatre en appelant à la pitié et à l’aide. La voix de Torval. Puis ce fut le bruit sourd d’un corps dévalant les marches. Et d’autres hurlements encore, inhumains, effroyables, qui retournèrent cette fois Luirieux et même tous ceux de son tribunal qui se trouvaient là.
    Cela dura de longues, très longues minutes, les pétrifiant sur place, avant que de nouveau le silence les enveloppe de son linceul.
    Ce fut Mounia qui le troubla dans un hochement de tête satisfait.
    — Tu m’as convaincue, Algonde. Nous le sommes tous, je crois.
    — Le

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