Testament Phonographe
Monsieur ,
Merci de m’avoir envoyé vos poèmes si aimablement dédicacés. Ils mettent de la joie dans le souffle, sur les livres. On se sent plus vivant après avoir lu . J’aime, je le confesse, les beaux alexandrins. Vous savez les libérer quand il faut. Vous avez bien raison d’élider des s qui veulent sonner du z. Je suis Champenois. Au régiment, il y a un demi-siècle, on disait de nous, habitants de l’Aube : Ce sont des Haubiens qui ont du poil dans les Horeilles. La vie m’a appris quelques « liaisons » mais tout de même, le pluriel passe la mesure quand il dérange la mesure. Tout cela pour vous dire que je ne vous ai pas lu seulement mais que je vous ai entendu. Cordialement à vou s
Bachelar d
LE MARCHÉ DU POÈTE
Quand ma femm’ part au march é
Je lui dis de m’ ram’ne r
Des Celtiques au prix marqu é
Afin d’ fumer « tax é »
Un peu d’ sucre un peu d’ farin e
Pour fair’ la pâte très fin e
Raviolis spaghetti s
Et gnocchi et capelletti s
Quand elle revient du march é
Ell’ m’sort d’ tous ses paquet s
Un cigar’ de Mexic o
Gros comme un cachalo t
Un hibou nommé Tom Blac k
Un œuf de l’ Ile de Pâque s
Du shampooing pour les main s
Du suspense et du linge à pince s
Alors ell’ m’di t
Mon p’ tit chér i
V’ là ta part d’ poési e
Dans mon panie r
Y’ a des idée s
Qu’ t’as plus qu’à ramasse r
d es orange s
au canar d
de l’étrang e
du bizarr e
b ref tout c’ qu’ y’ a d’ chouett e
p rends ta plum e
mon pierro t
que j’allum e
ton flambea u
à chansonnette s
Quand ma femm’ va chez l’coiffeu r
J’ lui dis : – Fais-moi un’ fleu r
Ramèn’ moi du sent-y-bo n
Du bath du pas trop co n
De c’ lui qui s’ fait s’retourne r
Les snobs et les mousmé s
Du Carven du Pato u
De l’obscène et du pass’ partou t
Quand ell’ rentr’ de chez l’coiffeu r
Ell’ m’dit : – Voilà, mon cœu r
De l’extrait d’fleur de Mari e
Tout c’qu’ y’ a d’plus garant i
Des crayons pour’ fair’ les yeu x
Aux larm’s du pot-au-fe u
De l’Arden du Rubi
Et du Stein et tout c’ qui s’essui e
Alors ell’ m’di t
Mon p’ tit chér i
V’ là ta part d’patchoul i
Dans ma forê t
Pour t’parfume r
T’as qu’à vaporise r
d u genièvr e
à tes lèvre s
du chienden t
pour tes dent s
b ref tout c’qu’ y’ a d’nat ’
n ature l
natürlich e
eau d’ jave l
pour les miche s
c ’est-y-pas bath ?
Quand ma femm’ part au march é
Je lui dit de m’ ram’ne r
Un pyjama genr’ « vich y »
Pour fair’ mon p’ tit persi l
Des paradis cart’s postale s
Pour les cinglés d’ la mall e
Tahiti Côt’ d’Asi e
Malaisie mal assis auss i
Quand ma femm’ rentr’ du march é
Ell’ m’sort d’tous ses paquet s
La liquett’ du père Ada m
À s’foutre Ève sous la den t
Un chouett’ kaléidoscop e
À s’fair’ l’azur en sto p
Voie lactée écrémé e
Galaxie et galette auss i
Alors ell’ m’di t
mon p’ tit chér i
V’ là ta part d’beau. « vas- y »
T’as d’quoi rêve r
D’quoi gamberge r
Quand tu m’as pas au li t
m agazine s
où l’on ven d
des gamine s
pour un fran c
b ref rien qu’ du to c
d u dod é
du doc a
du cac a
dodéc a
l ’phono débloqu e
Quand ma femm’ part au shoppin g
Je lui r’fil’ mon plannin g
Des cravat’s pour mett’ mon co u
Et ma p’ tit’ têt’ de lou p
Des machins deux trois conn’rie s
Pour meubler not’ gourb i
Un giotto un coro t
Un pablo et un picass o
Quand ma femm’ part au shoppin g
Ell’ m’cho p’ tout’s nos sterling s
Les paluc h’ s barrées d’un chèqu e
V ' là que s’ barr’nt nos kopeck s
Nos dollars dans l’ machin chouett e
Nos florins chez macbet h
Othello mon coc o
Le roi Lear c’est Shakespeare à dir e
Alors ell’ m’ di t
T’as pas fin i
D’écrir’ des idiotie s
J’ connais izo u
Et les zazou s
Et récriture ito u
a u pay s
de Descarte s
les conn’rie s
s’ fout ’nt en cart e
o u’au Quai Cont i
t ’es barr é
pour y’ alle r
à l’ac a
cadémi e
OK mon p’ ti t
QUAND J’ÉTAIS MÔME
Quand j’étais môme
À la radio on jouait « Pleas e »
« Peanot vendo r »
C’est bien d’accor d
Quand j’étais môme
Les fill’s avaient un’ fleur exquis e
Qu’ell’s
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