Testament Phonographe
plus jamais rentre r
Quand je te monte en haut d’chez mo i
On n’voit mêm’ plus la mère Eiffe l
Le monde est p’ tit mais dans mes bra s
Moi j’te trimballe au vingtièm’ cie l
J’suis un parleur à ma manièr e
Y’ a qu’un seul mot que j’dis jamai s
T’as beau y mett’ tout’ la manièr e
Le verbe « aimer » moi je le fai s
J’suis un parleur à ma con v’ nanc e
Et puis j’t’allum’ quand t’as pas d’fe u
J’te donn’ ma part et ça r’commenc e
J’peux la fermer tu caus’s pour deu x
J’suis un champion à l’allumag e
Le quart de tour c’est ma parti e
C’est rar’ quand j’te laisse au garag e
J’aim’ pas sortir seul dans ta vi e
J’suis un parleur à ma con v’ nanc e
Mes phras’s c’est jamais du chiqu é
C’est pas l’Mond’ ni l’CoIlè g’ de Franc e
C’est bon mêm’si c’est pas françai s
J’suis un parleur à ma manièr e
Un’ môm’ c’est pas qu’c’est un parloi r
Mais moi j’m’en fous j’ai la manièr e
Je n’finis jamais mes histoire s
J’suis un parleur à épisode s
Et c’est comm’ ça que je te tien s
Je change à chaqu’ fois comm’ la mod e
J’m’habille en toi et ça t’va bie n
J’suis un parleur à ta manièr e
Mes mots toi tu t’les es gravé s
Dans ta p’ tit’ têt’ phonographièr e
Quand j’y s’ rais plus… tu f’ ras tourner…
C’EST UN AIR
C’est un air qui vaut pas dix rond s
C’est presque rien, c’est qu’un’ chanson ,
Quand on s’met à parler d’amou r
Nous on traîn’ pas dans les discours.
Quand à lir’ les auteurs costaud s
Faut prendr’ sa loupe et ses bachot s
Mais pour nous parler dans la nui t
Les mots d’la rue moi, ça m’suffit…
Quand c’est pas l’heur’ des bis’s dans l’co u
Quand j’suis tout prêt à t’ fout ’ des coups ,
Pour s’envoyer tous nos motif s
On traîn’ pas dans les subjonctifs :
J’te dis « salope », tu m’dis « ta gueule » ,
Les voisins peu v’ nt penser c’qu’ils veulen t
Mais y’ a un truc qu’ils savent, ma mie ,
C’est qu’on n’est pas d’l’Académie…
C’est un air qu’a servi cent foi s
À dir’« Je t’aime », à dire « et toi ? »
Des mots qui traîn’nt dans l’âme des gens.
Des mots qui chôm’nt jamais tell’men t
Ces gens les emploient dans leur cœu r
Chaqu’fois qu’ils reçoi v’ nt le Bonheu r
Et c’client-là faut pas l’rate r
Des fois qu’il pass’rait plus jamais…
Quand c’est pas l’heur’ des rendez-vous.
Quand on s’rait prêt à mett’ les bouts ,
On sait causer au désespoi r
Avec les mots d’Ia Série Noire
J’te dis « Tir’toi », tu m’dis « fumie r »
Mêm’ que Stendhal n’a pas bronch é
Dans son tombeau, car not’ françai s
Ça l’empêc h’ pas de roupiller…
C’est un air qui court dans la ru e
Qui fait l’tapin, qui fait la grue ,
Avec des mots que sa v’ nt les chien s
Des mots d’amour, des mots de rien ,
Et quant à fair’ des écriture s
On écrirait bien nos murmure s
Et leurs paroles qui d’habitud e
N’ont pas l’certificat d’études…
Quand il s’ra l’heur’ de foutr’ le cam p
Comm’ des oiseaux qu’on fait leur temps ,
Quand on f’ ra la dernièr’ jav a
Au dancing dont on n’revient pas ,
Tu m’diras « Crève », j’te dirai « meurs !
Les voisins rest’ront tout songeurs ,
On s’en foutra, toujours est-i l
Qu’j’étais un chien… qu’avait du style…
L’IDOLE
Je suis arrivé à huit heures et quar t
J’ai grillé une sèche en lisant le courrie r
Dans cette loge d’artiste où s’arrête la gloir e
Le temps de se refaire une petite beaut é
Regarde-moi bie n
J’suis une idol e
J’ai passé mes joues au fil du rasoi r
Quand on vend sa gueule sous des projecteur s
On peut pas se permettre d’avoir les cheveux noir s
Et une barbe toute blanche même pour trois quarts d’heur e
J’ai mis mes souliers tantôt bottillon s
Tantôt mocassins ça dépend des foi s
Et quant à marcher entre deux chanson s
J’irais bien pieds nus seulement ça se fait pa s
Regarde-moi bie n
J’suis une idol e
Si j’ai fait mes yeux c’est pour agrandi r
Les deux petits quinquets que maman m’a donné s
Je les voudrais bien verts d’ailleurs je le fais dir e
Mais ils sont châtains en réalit é
J’ai mis mon costume sorti du pressin g
Ce vestiaire anglais où on lave
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