Testament Phonographe
même le splee n
Un chanteur qui chante la révolutio n
Ça planque sa cravate ça met le col Danto n
Regarde-moi bie n
J’suis une idol e
J’ai bronzé ma gueule d’un vieux fond de solei l
Qu’on me refile en douce chez mon parfumeu r
Et quand je fous mes codes sous l’arc des merveille s
On voit des canaux qu’on prend pour des pleur s
Quand tout est fini le rideau baiss é
Et que j’entends mourir la rumeur complic e
Et qu’il n’y a plus rien qu’un silence arm é
Par tant de passants sous tant de coulisse s
Regarde-moi bie n
J’suis une idol e
Et je retrouve mon corps celui que je rencontr e
Les matins civils quand je me prends pour mo i
Le même que l’on voit le même que l’on montr e
À je ne sais plus qui pour je ne sais plus quo i
Et je m’en vais souper traqué dans un coi n
Avec mes copains sur mon additio n
En rasant les tables en me cachant des main s
En disant tout bas la fin de ma chanso n
Regardez-moi bie n
J’suis qu’un artist e
BEAU SAXO
T’es comme un rossigno l
À la voix d’goélan d
Qui chante au music-hal l
Qui fait danser les gen s
T’es comme un barati n
Qui cause en mi bémo l
T’es comme un’ vieill’ putai n
Qui mont’ qu’à l’entreso l
Beau Sax o
Beau Sax o
T’es comme un arc-en-cie l
Sur l’harmonie du soi r
T’es comme un maîtr’ d’hôte l
Qui joue en blanc et noi r
T’es comme un sopran o
Qu’aurait vendu Calla s
Et chant’rait comme un po t
Le Prologue de Paillass e
Beau Sax o
Beau Sax o
T’es qu’un’ chanson d’la nui t
Qui s’étire et qui ramp e
Quand l’amour s’est blott i
Au fond d’un verr’de cham p
T’es qu’un hautbois d’la gripp e
Qu’a sa flûte en vitrin e
Et quand tu fais la lipp e
T’es’ l’violon d’Chaliapin e
Beau Sax o
Beau Sax o
T’es comme un’ maladi e
Qu’on piqu’rait au boxo n
Et qu’on gard’ tout’ la vi e
Comme un’ décoratio n
Vous êtes comm’ les gitan s
Vous les saxos, mes frères ,
Vous cavalez tout l’temp s
Sur l’octave des misère s
Beaux saxo s
Beaux saxos…
Photo : ALAIN MAROUAN I
Les musiciens
LES MUSICIENS
Ils traînent leurs violons au-delà des portée s
La clarinette au bec fumant des pastorale s
Et la clef sur la table on les voit s’en alle r
Vers des pays là-bas devant leur vitre sal e
Ils dérangent la flûte en y soufflant dessu s
Pour mieux voir dans la nuit flâner les violoncelle s
Au bras d’une harpiste inquiète et survenu e
Juste après qu’un violon l’eût prise en chanterell e
Les ailes du génie à portée de leurs bra s
Croyant tout inventer ils réinventent tou t
Debussy à la plume et Schubert dans la voi x
Ils s’envolent dans des oiseaux de quatre sou s
Sur leur papier tout pâle ils écoutent chante r
Les hasards de la rue et leur pauvre musiqu e
Dans l’ombre de Bayreuth pendant qu’un groupe anglai s
Tire inlassablement ses salves électrique s
Ils traînent leurs portées au-delà des violon s
Ils dérangent la nuit dans le bruit du silenc e
La tête achalandée de dix mille chanson s
Le sourire des larmes au bord d’une cadenc e
Ils maquillent l’orgueil au bras des vanité s
Ils se tirent dessus quand ils n’ont plus de cibl e
Ils se montrent du doigt du bout de leur arche t
Qui pend ses cheveux blancs à leurs cordes sensible s
Les portes du destin s’entrouvrant par hasar d
Par une clef de sol devenue pathétique
Le choléra de Tchaïkovsky sur le boul’var d
La rage de Berlioz comme un chien fantastique
Alors dans leur miroir ils regardent passe r
Les chevaux de Mozart à sa dernière fêt e
L’oreille de Beethoven en train d’imagine r
Pour la neuvième fois des symphonies muette s
Photo André Villers
MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !
La Musique… La Musique…
Où elle était, la Musique ?
Dans les salons lustrés aux lustres vénérés ?
Dans les concerts secrets aux secrets crinolines ?
Dans les temps reculés aux reculs empaffés ?
Dans les palais conquis aux conquêtes câlines ?
C’est là qu’elle se pâme, c’est là qu’elle se terre, la Musique…
Nous, c’est dans la rue qu’on la veut, la Musique !
Et elle y viendra !
Et nous l’aurons, la Musique !
MUSS ES SEIN ES MUSS SEI N
Depuis voilà bientôt trente an s
Depuis voilà bientôt dix jour s
Depuis voilà bientôt ta gorg e
Depuis
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