Testament Phonographe
la route en coupe où je risquerais de comprendre techniquement la croisée des rails. Je ne sais pas qu’après mon passage – et il est bien question de MON et non pas d’une donnée objective et chiffrée par le trafic – cette soupape se fermera, des bras de fer illuminés de vert se mettront en garde pour laisser glisser vers un point X, mon semblable, ce « prochain » de la gare que j’ai vu naguère sur le quai, hélant un porteur et s’installant dans le train suiveur, à cinq minutes, ce train suiveur qui me court aux fesses – et j’y pense – et qui trouvera la route libre sur ce chiffre de fer tordu, objet de mon ressentiment. Il n’y a pas que moi dans le monde des trains. Et pourtant, c’est cela qui me retire tout à fait du monde à ce moment précis où – contre toute évidence – je me crois seul, fait comme un rat dans ce véhicule qui, au dépôt, n’est jamais qu’une abstraction de plus fuyant dans la nuit. Dans cette solitude du muscle, je ne me connais et ne me reconnais aucun maître, et voilà que je suis contraint de me solidariser avec le rail, le rail de mon inquiétude et le rail des autres, de tous les autres. J’ai le moyen de m’immoler à cette peur et je n’en ai qu’un, immédiat, auquel je n’ose me rapporter : le signal d’alarme, car au-delà de cette poignée que je crois être de sécurité, il y a un tarif de pénalité, ce nivellement de l’autonomie, un simple avis qui me muselle. Ainsi de l’homme en société : il n’ose jamais tirer le signal, garant de sociabilité.
Le mot « seul » est chargé de brume, c’est une parole de réflexion, de lumière réfléchie, noire , à peine valide. C’est dans le « seul » que je me retrouve chaque soir après la pause des travaux journaliers et divertissants. Dans la rue, le solitaire est agréé par l’identique, par le monsieur qui marche au-devant et qui lui réfléchit cette lumière particulière qui fait d’un dos commun, courbé, le propre dos du suiveur, de l’attente. Cette solitude viscérale est à portée de toutes les consciences. Qui n’a dit qu’il se sentait seul dans une foule ? Cliché piteux qui fait de cette foule un creuset de misère mentale. Aussitôt embrigadé, aussitôt muselé, défenestré, tapi dans le lieu commun politique. Il faut des lieux communs aux tyrans qui s’essuient sur le multiple de la sottise. Les tyrans, ce jour, ont beau jeu. Politiquement, la solitude est un non-sens. Il n’y a même pas de quoi faire un solitaire dans l’arsenal démocratique. L’isoloir est une place publique. Cette psychologie du vote secret est un rejet de la confession. On se confesse à un bulletin. L’isoloir, vespasienne sèche, ce couvent du socialisme à l’heure apéritive… J’enrage à la pensée que des hommes acceptent de s’isoler administrativement autrement que pour uriner. La souveraineté nationale à ce point traquée dans un cabinet municipal, cela monte du fond de mon cœur comme une nausée de principe. Les idées qui sentent, je ne sais rien de plus définitif dans notre condition de Peuple-Roi.
ANNEXE
Photo André Villers
Toi toi toi
Toi toi toi comme un chapelet de la perdition tu es la merde en marche mais la merde habillée bien bien tout ce qu’il y a de bie n La critique ne t’embarrasse pa s Tu pioches tu pioches dans tes souvenirs toujours un peu mouillé s Tu es vraiment ce qu’il est admis de dire une salope une vraie avec un pignon sur la tronche Toi les bistrots ça t’intéresse et ça intéresse le bistrot bien sû r Tu te cachais il y a longtemps et tu faisais déjà des compte s Tu vois tu ressembles à n’importe qui alors je peux y aller pas vrai ? Je ne dis pas ton no m Mon chien l’a oubli é Tu parles ! Quand un chien ça oublie c’est vraiment la fin des convenances l’arbitraire c’est le garde fou des ordure s Tu es une ordur e Je ne trouve pas de mot plus ordurier que ton mot à toi le plus profond ce mot que déjà tu devais proférer dans le cul de ta mère là haine la haine construite délimitée pour pas qu’on y entre en même temps que to i Tu aimes bien être seule dans la hain e Ça te console de l’amour introuv é Tu as des hectares de haine et tu les regarde s Tu t’y regardes aussi et ça pouss e La haine c’est ton miroi r Ton tur f Ta joi e Ton machinchos e Tu as une paire d’ovaires comme d’autres ont une paire de valet s Par les As et par le Piqu
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