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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’immense amphithéâtre de la
ville, inspectâmes de bas en haut ses gradins. Puis, l’épée au clair, nous
pénétrâmes les quartiers adjacents, montant et descendant les avenues,
explorant les ruelles étroites. Certains d’entre nous finirent par se battre au
poignard, tant les combats singuliers livrés dans les allées dérobées, les
cours intérieures des édifices publics et jusque dans les pièces des maisons
étaient confinés et malcommodes. Les soldats d’Odoacre avaient beau avoir la
même horreur que nous, sans doute, de ce type de combat sous les porches, les
piliers et les arrière-cours, ils n’en firent pas moins preuve d’un farouche
courage. Sans l’indiscutable supériorité de nos lames-serpent sur les courts gladius des soldats romains, plus vives à manier, conservant mieux leur tranchant, et
moins sujettes à se tordre ou à casser, nous aurions eu toutes les peines du
monde à nous imposer. Certes, nous les repoussâmes peu à peu, mais chaque
maison ou rue nettoyée laissa au sol autant des nôtres que des leurs.
Conformément aux vœux de Théodoric, la ville de Vérone ne fut pas touchée, mais
ses rues ruisselèrent bientôt, à en donner la nausée, du sang et des divers
fluides jaillis des hommes éventrés qui jonchaient le sol.
    J’appris autre chose, à Vérone. Au cours de la lutte au
corps à corps livrée dans les habitations, je compris pourquoi les escaliers en
colimaçon s’enroulaient toujours en montant vers la droite. Cette disposition
interdit en effet à l’assaillant, qui surgit en principe du bas, de se servir
convenablement de son épée. Étant en général droitier, il est gêné dans ses
mouvements par la colonne centrale. Le défenseur au contraire, qui combat depuis
le haut, peut manier son arme sans contrainte. C’est ainsi que dans l’une des
villas du centre-ville, j’eus le bras gauche entaillé d’un coup d’épée. Si
cette blessure ne fut pas définitivement incapacitante, elle me valut une
estafilade qui saigna si abondamment que je dus abandonner un temps le combat
pour aller me faire panser par le lekeis. Je m’en consolai à la pensée
que mes deux cicatrices s’équilibraient désormais : celle de mon bras
gauche ferait le pendant de celle que m’avait laissée au bras droit, de longues
années auparavant, l’entaille pratiquée par Théodoric pour me guérir de ma
morsure de serpent.
    J’ignore jusqu’où nous avions pénétré dans la ville quand le
médecin acheva de panser ma blessure, mais je me précipitai derechef dans la
clameur de la bataille, fléchissant en courant mon bras bandé tout en me
demandant vaguement s’il serait encore assez ferme pour tenir un bouclier. Je
me trouvai bientôt sur une petite place où se déroulaient de féroces combats.
Des hommes étaient en train d’en découdre au corps à corps au milieu de blessés
aux dernières convulsions de l’agonie gisant à même les pierres de la rue. Je
m’apprêtais à me jeter à mon tour dans la bataille quand deux hommes firent
irruption à l’autre extrémité, mains levées au-dessus de la tête en signe de
trêve, et criant à tue-tête pour dominer le tumulte. Celui dont la voix était
la plus aiguë était le jeune Freidereikhs ; l’autre, au timbre plus viril,
était un solide Romain, aisément reconnaissable à sa tenue. Leurs cris étaient
sans équivoque : « Trêve ! Indutiae !
Gawaírthi ! »
    Obéissant à leur compatriote, les combattants romains
baissèrent leurs armes, imités en cela par les nôtres, à l’appel de
Freidereikhs. Celui-ci envoya aussitôt certains d’entre eux quérir Théodoric,
afin qu’il se transporte au plus tôt sur les lieux. Me voyant approcher, le
jeune roi s’exclama joyeusement :
    —  Akh, Saio Thorn ! Blessé, à ce que je
vois ? Pas gravement, j’espère. Permets-moi de te présenter mon cousin
ruge, le magister militum Tufa.
    Le général ne daigna me saluer que d’un grognement, aussi en
fis-je autant. Tandis qu’autour de nous la ville se calmait graduellement, à
mesure que la demande de trêve se propageait, Freidereikhs m’annonça non sans
fierté que son « cousin » l’avait fait chercher pour requérir de sa
part une suspension temporaire des hostilités. Tufa portait l’élégante armure
afférant à son grade éminent et, de fait, il la remplissait bien. Il n’était
guère plus âgé que Théodoric ou moi, soit environ trente-cinq ans, mais
arborait une barbe

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