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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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moment où ils en
émergeraient. De plus, respectueux à son tour de la majesté de cette vénérable
cité, Théodoric demanda à ce que nos catapultes ne lancent aucun projectile
enflammé, et que ceux-ci ne soient envoyés que sur la porte, épargnant ainsi la
muraille. Nos archers évitèrent pour leur part tout envoi de flèches en feu.
    Au bout de deux jours à peine, nos boulets avaient fendu les
panneaux du portail et nous fîmes apporter un lourd bélier. Sous une carapace
de tortue constituée de leurs boucliers érigés au-dessus de leurs têtes, nos
plus solides gaillards soulevèrent et firent aller et venir le madrier à grands
coups dans la porte, jusqu’à percer les derniers débris de bois et de fer. Ces
hommes furent aussitôt suivis de notre avant-garde de lanciers et d’hommes
d’épée. Odoacre et son général Tufa savaient que cette porte ne constituerait
pas une barrière suffisante, et avaient tout préparé pour parer à sa
destruction. Les défenseurs perchés sur le mur avaient à leur disposition
pléthore de flèches, de lances et de pavés. Ils en accablaient les assaillants
à un tel rythme et en telle quantité que cette grêle incessante obscurcissait
pratiquement la vue. Les soldats romains avaient également préparé des
chaudrons de poix fondue. Ils déversèrent des cascades de feu liquide. Il
suffisait qu’une seule goutte tombât sur un homme pour adhérer solidement à son
habit, l’enflammant telle une torche.
    Une centaine d’hommes qui avaient avancé vers la porte
enfoncée furent effectivement transpercés, assommés ou brûlés par les
projectiles, et nombre d’entre eux moururent ou en sortirent estropiés. Mais
tout guerrier d’expérience sait que l’usage de ce genre d’armes défensives est
l’indice certain d’un combat désespéré et sans issue : même si quelques
assaillants sont bel et bien repoussés, l’immense majorité franchit malgré tout
l’obstacle. C’est ainsi que nos hommes s’engouffrèrent sans hésiter dans cette
brèche au pied de la muraille et se ruèrent sur la seconde ligne romaine de
défense, tandis que lanciers et hommes d’épée occupaient solidement la rue.
    Théodoric, flanqué de son compagnon Freidereikhs et de
quelques-uns de ses officiers supérieurs, était demeuré à l’écart de l’action,
là où il pouvait le mieux la diriger. Je me trouvais avec eux, lorsqu’un
cavalier galopant le long d’une des murailles latérales vint annoncer que les
deux autres portes avaient été ouvertes de l’intérieur, et dégorgeaient un
torrent de fuyards.
    — Mais aucun soldat parmi eux, ajouta le messager.
Seulement des habitants de la ville. Nous les laissons donc se mettre en
sécurité.
    Théodoric grogna, renvoya l’homme à son poste et nous
dit :
    — Cela signifie qu’Odoacre entend s’accrocher à la
ville et ne la céder que rue par rue, maison par maison. Cela va entraîner dans
les deux camps un grand nombre de tués et de blessés. Cette façon de livrer
bataille est bien peu royale !
    Ibba murmura :
    — Comme une putain écartant les jambes pour être prise,
mais prête à vous écorcher et vous mordre en même temps.
    Herduic fut plus cinglant encore :
    — Lors des guerres précédentes, Odoacre avait toujours
fait face. L’âge lui aura affaibli la moelle des os.
    — Je suis surpris, remarqua Freidereikhs, que son
général Tufa accepte. C’est un Ruge, après tout.
    — Les citoyens n’étant pas retenus en otage, fit
Pitzias, nous pourrions nous contenter de placer des piquets de garde devant
les entrées, et bloquer l’armée romaine à l’intérieur de la ville. Victorieux
sans verser une goutte de sang supplémentaire, nous serions libres de continuer
notre route. Ils finiraient par mourir de faim, et pourriraient tous à
l’intérieur.
    Théodoric secoua la tête.
    — Enterrer Odoacre ne suffira pas. Tous les Romains
doivent savoir, et l’empereur Zénon avec eux, que j’ai proprement et
indubitablement vaincu.
    Saisissant alors l’épée et le bouclier d’un fantassin, il
ajouta :
    — Allons camarades, si lui et Tufa désirent combattre
pied à pied, nous allons être obligeants avec eux.
    Entrant dans la ville à pied, rois, officiers comme hommes
du rang, nous combattîmes tous ensemble, armés de lances et de piques aussi
longues que le permettait l’exiguïté des rues, arpentâmes les nombreuses vastes
places de Vérone, passâmes sous les arcades de

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