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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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parchemins abondamment griffonnés à la craie. Il laissa
fondre sur l’un d’eux un peu de cire d’une chandelle, appliqua son sceau sur
celle-ci et me montra le signe qu’il venait d’imprimer :
     

     
    J’avais déjà bien compris que « Théodoric »,
accentué sur la deuxième syllabe, était la façon dont Grecs et Latins avaient
essayé de rendre au mieux la prononciation du nom étranger qu’était
« Thiudareikhs ». Mais il possédait une distinction supplémentaire,
car il incorporait deux mots grecs : theós, qui veut dire
« dieu », et doron, qui signifie « cadeau ». Outre
son sens initial de « Roi du Peuple », ce nom pouvait donc aussi être
traduit comme « Cadeau des Dieux ». Nul doute que c’est sur ce modèle
qu’avait été formé le nom de Théodose, ancien empereur d’Orient, dont chacun se
souvenait comme d’un monarque efficace et extrêmement populaire. L’un dans
l’autre, songeai-je, il était difficile d’imaginer un nom né sous de meilleurs
auspices.
    — Je t’appellerai donc Théodoric, approuvai-je. C’est
un nom marqué d’heureux présages. Pourquoi te considères-tu comme un pauvre diable ?
    Il promena un bras autour de lui et demanda :
    — Cette modeste masure te semble-t-elle digne d’un
palais royal ?
    La jeune fille en train d’épousseter eut une moue contrite
et un regard un peu triste. Sans doute regrettait-elle de ne pouvoir lui offrir
un intérieur plus luxueux.
    — Me voici à la tête, continua Théodoric, de six mille
hommes affamés de nourriture et de conquêtes, à qui je ne puis rien offrir.
Pendant ce temps mon peuple, éparpillé sur les terres situées au sud et à l’est
d’ici, ne peut se prévaloir d’aller beaucoup mieux. Je ne me sentirai roi que
lorsque j’aurai mérité ce titre.
    — En restituant par exemple Singidunum à
l’Empire ?
    — Ce serait une bonne chose, en effet. Je ne puis me
permettre de faillir dans ma première entreprise en tant que roi. Mais je ne le
ferai pas vraiment pour l’Empire, ni même pour faire mes preuves, en réalité.
    — Pour quoi, alors ? Explique-toi.
    Il me dit alors certaines choses dont le vieux Wyrd m’avait
parlé le premier. Pendant une centaine d’années, m’expliqua Théodoric, sa
branche de la nation des Goths – la lignée des Amales, autrement dit les
Ostrogoths – avait été un peuple sans racines, sans terres, un peuple
errant, ne vivant que de rapines et de pillage. Puis étaient venus son père et
son oncle, les rois frères Thiudamer et Walamer, qui avaient signé des traités
d’alliance avec Léon, l’empereur d’Orient.
    — C’est pour cette raison que j’ai été envoyé enfant à
Constantinople. Loin d’être le prisonnier de Léon, car il m’a reçu presque
royalement, j’étais son otage. Pour le cas où mon peuple briserait ces traités.
    Respectueux de cette alliance, Léon avait payé à ces deux
rois une substantielle consueta dona , somme annuelle en or, pour que
leurs guerriers forment une police de surveillance des frontières nord de
l’Empire. Léon avait aussi offert aux Ostrogoths de nouvelles terres en Mésie
Supérieure. Ils y avaient vécu en paix. Devenus fermiers, éleveurs, artisans ou
négociants, ils avaient progressivement développé un vrai mode de vie de
citoyens romains, bénéficiant des raffinements et des lumières de la
civilisation moderne. La mort de Léon avait, hélas, mis fin à cette harmonie,
son successeur Léon II, ou le régent censé s’occuper des affaires à sa
place, ne respectant plus aucun des traités signés avec les étrangers.
    Dans un soupir, Théodoric continua :
    — Les Goths de la lignée des Balthes, qui sont nos
cousins Wisigoths, sont depuis longtemps installés dans cette lointaine
province occidentale qu’on nomme l’Aquitaine, et ils y prospèrent. Mais nous,
Ostrogoths, depuis la mort de Léon, nous n’avons plus de terre à revendiquer
comme nôtre. Je veux reprendre Singidunum pour garder la ville en otage, comme
je l’ai été moi-même. J’ai la conviction que je pourrai de la sorte obliger le
jeune Léon à tenir les engagements. La ville domine la rivière et commande tout
le trafic commercial entre partie haute et partie basse du Danuvius. Si je
rends Singidunum à l’Empire et que j’en fais le terme d’un marché, Rome comme
Constantinople seront forcées d’accéder à notre revendication de retrouver nos
terres de Mésie Supérieure, et

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