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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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ils reprendront leurs paiements en or rétribuant
notre surveillance de la frontière que constitue le Danuvius.
    — Je le pense aussi, approuvai-je.
    — Mais tout cela reste au conditionnel, me rappela-t-il.
Pour l’obtenir, il me faut arracher la cité aux mains du roi Babai. Il va
encore falloir attendre plusieurs semaines avant que mon convoi de marchandises
ne nous amène ces machines de siège, et seul liufs Guth sait si nous
pourrons tenir jusque-là. Nous en sommes à manger nos chevaux, voire leur
fourrage. Les Sarmates, n’ayant pas besoin de montures, ont négligé de piller
l’avoine, le foin et le son qui restaient dans la ville extérieure : nous
survivons de cette nourriture de choix ! La seule viande que nous pouvons
encore nous mettre sous la dent est celle des chevaux abattus en patrouille.
    Comme s’ils s’étaient sentis concernés par les paroles
prononcées à l’instant, nos deux estomacs gargouillèrent en même temps. La
jeune fille l’entendit, rougit et sortit en hâte de la pièce. Théodoric
poursuivit :
    — Je pourrais évidemment demander à mes hommes de
démanteler les plus robustes de ces cabanes, et d’en utiliser les planches pour
construire des tours d’assaut. Mais cette tâche les épuiserait tellement qu’ils
ne pourraient même plus y grimper, sans parler de lancer ensuite un grappin et
se battre. J’ai donc envisagé d’autres possibilités.
    Il me montra du geste les parchemins écrits à la craie sur
la table.
    — J’ai pensé que nous pourrions saper les murailles
ouest de la ville, à l’endroit où elles s’élèvent, abruptes, au-dessus du
précipice. Mais aucune saillie, aucune prise sur les parois, aucune voie
praticable permettant de construire une protection efficace de mes hommes, et
j’imagine que les Sarmates ont préparé des chaudrons d’eau bouillante, d’huile,
voire de goudron, de quoi repousser les assaillants.
    — En parlant de saillies, j’ai remarqué que la porte de
la ville fortifiée est surplombée d’une arcade large de l’épaisseur du mur. Or,
pour des raisons que j’ignore, aucune herse ni grille quelconque ne la protège.
Un petit groupe de guerriers pourrait s’y regrouper, et ils s’y trouveraient
hors d’atteinte des projectiles ou de l’huile sarmates.
    — D’accord, mais ensuite ? Tu voudrais qu’ils enfoncent
la porte à coups d’épaules ? (Il grimaça.) Tu as pourtant bien remarqué la
solidité de cette porte. Aucun tronc d’arbre fraîchement abattu et encore vert
ne serait assez solide pour y percer une brèche. Sinon, tu penses bien que
j’aurais essayé. Quant à y mettre le feu, autant ne pas y compter. Le bois est
si ancien qu’il en est presque pétrifié, et il lui faudrait une vie pour
flamber. Non, pour enfoncer cette porte, il nous faudrait un bélier armé, à
tête de fer, articulé sur des chaînes. Mon convoi va nous en amener un… mais
quand ? Toute la question est là.
    La jeune fille revint dans la pièce avec deux bols fumants.
Théodoric la gratifia d’un regard de reconnaissance qui la fit rougir de
nouveau puis m’invita à m’asseoir sur le banc d’en face. Il se jeta sur ce
qu’on lui avait servi et se mit à manger voracement, tandis que je prenais
d’abord la précaution de regarder le contenu du bol. Il s’agissait d’un gluant
porridge d’avoine bouilli à l’eau, et l’ayant goûté, je sentis qu’il n’était
même pas salé. J’eus un énorme regret d’avoir laissé repartir sur la barge
d’Oppas les restes des victuailles amassées par Amalric lors de mon départ de
Vindobona.
    — Évite de faire ainsi le dégoûté, fit Théodoric, entre
deux bruyantes aspirations liquides. Les hommes du rang ne mangent que de la
balle de son.
    J’absorbai donc ma bouillie à la cuiller, tâchant d’avoir
l’air satisfait de pouvoir avaler quelque chose dans les circonstances
présentes. C’est alors que ce brouet collant me rappela un souvenir, un incident
très ancien, qui alluma dans mon esprit une idée. Mais je décidai de ne rien en
dire à Théodoric, pas maintenant. Il fallait que j’y réfléchisse, afin
d’étudier la question. Je lui déclarai malgré tout :
    — J’aimerais rendre service, autant que je le pourrai.
Pour le siège, ou avec les patrouilles, bref, tout ce que tu ordonneras.
    — Je pense que, sans le savoir, tu as déjà commencé à
nous aider, fit-il avec un large sourire, après s’être essuyé la bouche

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