Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
catholicisme.
    — Bien sûr, disait la princesse, elle se débattait dans
une terrible agonie, avide du moindre espoir ou soulagement, mais cette
décision désespérée ne lui en avait apporté aucun. Aussi, nous ses enfants lui
avons-nous pardonné, et nous espérons que Dieu en fera autant. Lui comme tous
les autres.
    Là-dessus, à son habitude, Amalamena retrouva un sourire
radieux. Elle toucha du doigt les trois talismans qui pendaient sur sa gorge
élancée, et dit avec légèreté :
    — C’est sans doute l’inconstance de ma mère qui m’a
poussée à éviter de donner mon entière dévotion à une seule religion. Je suis
prête à les accepter à peu près toutes. Cela fait-il de moi une personne
méprisable, Thorn ?
    — Je ne pense pas, répondis-je. Ça me paraît une
position assez sage, au contraire. Je ne suis moi-même esclave d’aucune
religion. Je n’en ai encore trouvé aucune qui me semble assez convaincante et
juste.
    La princesse me parla aussi beaucoup de sa sœur Amalafrida,
plus âgée qu’elle et Théodoric, et déjà mariée à « un herizogo nommé Wulteric le Digne, encore bien plus vieux qu’elle ».
    — Mais vous, Amalamena ? demandai-je. Quand
envisagez-vous de vous marier, et pour épouser qui ?
    Elle me lança un si triste regard que je regrettai
immédiatement ma remarque en forme de plaisanterie. Au terme d’un instant de
silence, elle répliqua sur un ton mélancolique :
    — Pour cela, il aurait fallu que je naisse ici, il y a
longtemps de cela.
    — Qu’est-ce que le lieu et l’époque ont à voir avec le
mariage ?
    — J’ai lu que naguère, il y eut ici un roi qui avait
décrété qu’un certain jour de l’année, toutes les jeunes filles, veuves ou
autres femmes à marier, quel que soit leur âge, devraient être rassemblées dans
un vaste lieu obscur et sans fenêtres. Y seraient aussi convoqués les hommes du
royaume se trouvant dans la même situation, et chacun devrait se choisir une
épouse, dans le noir et rien qu’au toucher. Telle était la loi.
    —  Liufs Guth ! Seriez-vous en train de
sous-entendre que vous êtes une femme de disgracieuse apparence ? Ou une
vieille femme au charme fané… ?
    — Voilà bien une pensée d’homme !
m’interrompit-elle en riant. Pourquoi vous figurez-vous immédiatement qu’on
n’en mettait dans le noir que d’affreuses ?
    — Ma foi… maintenant que vous mettez le doigt dessus…,
marmottai-je, troublé non pas tant parce qu’elle m’avait piégé, mais parce
qu’elle m’avait attribué une « pensée d’homme ».
    Et si j’avais alors rougi, c’était peut-être aussi parce que
j’avais réussi à la faire rire, et que cela m’avait plu, dans mon désir de
donner à Amalamena des raisons de s’attacher à Thorn : en tant qu’homme,
comme le joyeux compagnon qu’il était, un peu fou mais si sympathique, ou en
tant que n’importe quoi d’autre.
    — Toujours est-il, poursuivit-elle, que ma sœur
Amalafrida, j’en suis certaine, a épousé Wulteric parce qu’elle reconnaissait
en lui le portrait de notre père. Moi, je n’ai trouvé aucun homme qui ressemble
à notre frère.
    — Pardon ?
    — Je n’étais qu’une petite fille, tout comme lui, quand
on l’a envoyé vivre à Constantinople. Mon souvenir du petit garçon d’autrefois
restait donc très vague. Et puis il y a quelques mois, il en est revenu,
fraîchement nommé roi et devenu adulte. J’ai découvert en lui un homme
susceptible de capter le regard, d’exciter le désir et d’inspirer l’adulation à
toute femme. Fût-ce sa propre sœur. (Elle rit de nouveau, mais son humour
tourna court.) Akh, ai-je besoin de vous faire un dessin, Thorn ?
Vous le connaissez… Quoique, évidemment, vous ne l’ayez jamais regardé avec
l’œil d’une femme.
    Oh vái, songeai-je avec regret, était-ce vraiment le
cas ? Ne l’avais-je pas fait ? L’instant d’avant, la princesse m’avait
qualifié d’homme. Et juste après, bien que par inadvertance, sans le vouloir,
elle me rappelait ma vraie nature. J’en fus amené à me poser cette
question : était-ce parce qu’Amalamena était la sœur de Théodoric que je
la trouvais si attirante, et même adorable ? En tous les cas, elle venait
de me faire comprendre de manière éclatante qu’à ses yeux, Thorn ne pouvait en
rien être comparé à son frère.
    Elle continua donc, sans en avoir conscience, à remuer le
couteau dans la plaie de mon cœur, en

Weitere Kostenlose Bücher