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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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et la suivit jusqu’à Perinthus, où nous
fîmes une nouvelle halte d’une journée et d’une nuit, afin de laisser le loisir
à Amalamena de se reposer et de se rafraîchir dans une sorte d’ hospitium [138] que l’on appelle en grec un pandokheíon.
    La princesse me raconta que ce petit port de Perinthus avait
naguère rivalisé d’importance et de prospérité avec celui de Byzance –
l’ancien nom de Constantinople – avant d’enregistrer un inéluctable déclin
au cours des derniers siècles. Il ne m’en impressionna pas moins, car c’est là
que je découvris les eaux turquoise de la Propontis, première véritable mer que
j’étais appelé à contempler, et qui me sembla illimitée. La ville occupe un
petit promontoire avancé, entouré sur trois côtés de quais et de mouillages où
des bateaux chargeaient et déchargeaient, tandis qu’aux abords, en mer, de
nombreux autres attendaient leur tour.
    C’est aussi là que je goûtai à mes tout premiers fruits de
mer : locustae, huîtres, langoustines, coquilles Saint-Jacques, ou
seiches cuites dans leur encre. Je fis ce festin omnivore au pandokheíon d’Amalamena,
dont une terrasse surplombait le port. Tout en mangeant, je pus me délecter des
lents mais gracieux mouvements des galères de guerre dites
« liburniennes » à deux ou trois rangs de rameurs, dont plusieurs
étaient à gréement aurique, et regarder glisser sur les eaux les rapides
« corbeaux » et « dauphins », longs bateaux de patrouille
aussi bas qu’effilés.
    Je vis aussi des navires de commerce plus grands que tous
ceux que j’avais pu voir sur un fleuve : des vaisseaux à deux mâts et à
voiles carrées, dits de forme « arquée en pomme » en raison de leur
proue arrondie. J’en vis aussi de plus petits, rapides caboteurs de commerce
actionnés simplement à la rame. Ces navires marchands ne cessaient d’aller et
venir, leurs capitaines étant pressés de finir les derniers voyages de l’année
avant la venue de l’hiver, époque à laquelle tout mouillage est proscrit.
    Je goûtai si bien notre court séjour à Perinthus que
j’aurais presque été réticent à le quitter, si nous n’avions pas été à trois ou
quatre jours de route d’un port bien plus riche et animé, que l’on m’avait dit
être la plus splendide agglomération de l’Empire romain : je veux parler
de l’ancienne Byzance, la cité nommée un temps Augusta Antonina, mais désormais
connue pour l’éternité sous le nom de Constantinople la Grande.

 
CONSTANTINOPLE



39
    Nous vîmes pour ainsi dire Constantinople longtemps avant
d’y entrer réellement. Notre colonne se trouvait encore à deux jours de marche
de la cité, et nous étions en train d’installer le camp dans une pâture de
chèvres au bord de la route, quand plusieurs membres de la compagnie
s’exclamèrent à voix haute en découvrant une lumière qui scintillait dans la
nuit en direction de l’est.
    — Les vastes troupeaux de chèvres qui paissent sur ces
rivages n’ont pas laissé assez d’arbres ni de buissons pour alimenter un feu de
forêt. Qu’est-ce qui peut bien produire cette lumière ? Les feux de
Saint-Elme d’une tempête ? Le dragon volant d’un marais ?
    —  Ne, Saio Thorn, fit un de nos soldats. C’est
tout simplement le phare de Constantinople. Je suis déjà venu ici, je l’ai vu.
Il s’agit d’un feu de bois entretenu sur une très haute tour, prévu pour guider
les bateaux qui veulent entrer dans le port. La nuit il éclaire, le jour il
fume, vous le verrez demain.
    — Nous sommes encore à une trentaine de milles romains [139] de cette ville, objecta Amalamena. Une colonne de fumée pourrait encore se voir
à pareille distance, j’en conviens. Mais un simple feu de bois, comment est-ce
possible ?
    — Sa lumière est démultipliée par un ingénieux
dispositif, Princesse, expliqua le soldat. Comme s’il était entouré d’un
immense miroir recourbé. Le feu est allumé au creux d’un gigantesque bol de
métal recouvert de plâtre. Dans sa concavité sont incrustés d’innombrables
tessons de verre doublés d’une feuille d’argent, comme on procède avec
certaines gemmes en joaillerie pour les faire scintiller davantage. Et c’est
ainsi que le phare brille.
    — Ingénieux, vraiment, murmura Amalamena.
    Le soldat poursuivit :
    — En temps de guerre ou en cas d’urgence, les
pourvoyeurs du feu peuvent faire clignoter cette lumière en couvrant puis

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