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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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vivant, j’aurais besoin de tous mes doigts.
    — C’est un fait, acquiesça-t-il, avant de me surprendre
de nouveau. Deux de plus viennent en effet d’être déposés, en l’espace de
quelques mois.
    — Vous avez bien dit deux  ? hasardai-je
sans y prendre garde.
    — En effet. Le jeune Léon décédé ici, et Julius Nepos
déposé à Rome. Vous n’étiez pas au courant ?
    Je songeai en un éclair que non seulement je ne verrais pas
l’empereur que j’étais venu rencontrer, mais qu’il en irait de même pour le Saio Soas. Je marmonnai donc vaguement une explication plausible :
    — J’étais en déplacement, occupé à la guerre. Coupé de
tout, en fait.
    Myros me gratifia d’un coup d’œil que devaient réserver, je
suppose, tous les Grecs romanisés aux barbares.
    — Mais en venant ici, maréchal, n’auriez-vous pu
déchiffrer les signaux de lumière et de fumée du phare ? Ils n’ont guère
mentionné autre chose, ces derniers mois. Excepté, bien sûr, pour nous prévenir
de votre arrivée.
    Quelque peu vexé, je dus admettre ma complète ignorance du
langage de ces signaux, et ajoutai :
    — J’aurais tout de même aimé pouvoir déchiffrer mon nom
inscrit dans les cieux… Comment l’avez-vous appris ?
    Souriant d’un air délicieusement narquois, il leva un
sourcil, l’air de me dire : « Nous autres Grecs sommes
omniscients », mais il ne tarda pas à me répondre franchement :
    — Nos katáskopoi sont partout. Soldats sans
uniforme, ils patrouillent et font des reconnaissances incognito. L’un d’eux
vous aura identifié comme le Saio Thorn lorsque vous et la princesse avez
fait escale à Beroea ou ailleurs.
    — Je vois, fis-je froidement, mécontent que ma colonne
et moi-même ayons pu être espionnés sans même en avoir eu conscience.
    Nous passions à ce moment-là sous la plus grande des dix portes
de Constantinople, la Porte d’Or aux trois arches. Décorées d’un marbre blanc
élégamment veiné de noir, les massives portes de bronze nous avaient été
ouvertes avec hospitalité, et elles étaient si soigneusement polies qu’on les
aurait véritablement crues en or massif. Deux des trois arches composant la
porte sont évidemment celles qui traversent les deux épais murs de la cité.
Mais le troisième, celui situé à l’intérieur, est différent : il mène
directement le visiteur dans les fondations de l’église Saint-Diomède, bâtie
juste à l’intérieur des murs, au-dessus de la route, qu’elle surplombe à
califourchon. La Via Egnatia s’achève là, sous l’église, et elle change de nom
pour devenir la Mese, l’avenue centrale de Constantinople, aussi large et bien pavée
que la précédente.
    Je fis exprès, dès que nous fûmes passés dessous, de ne
point me retourner sur ma selle pour admirer cet édifice de haute taille, et
histoire de montrer à ce Myros que je n’étais pas le moins du monde
impressionné par la grandeur de la cité impériale, je poussai tranquillement la
conversation :
    — Allons, monsieur le chambellan, parlez-moi un peu de
ces empereurs fugaces que vous venez d’évoquer. Je vous assure que j’ai vu des
enfants jouer au chamboule-tout, ils n’en ont pas abattu autant que l’Empire
vient de le faire.
    —  Dépou, dépou, papaí, concéda douloureusement
Myros. C’est vrai, c’est vrai, hélas. Maintenant, que dire du regretté
Léon ? Durant ses six années de vie, il n’a cessé d’être malade. Son
grand-père du même nom n’aurait jamais dû désigner ce gamin pour lui succéder.
Pauvre enfant, même avec l’aide de son père comme régent, il n’avait ni la
puissance de cœur ni les dispositions d’esprit nécessaires à assumer une telle
charge. Quoi qu’il en soit, les deux Léon étant morts, c’est le père et régent
qui porte à présent la pourpre.
    — Et c’est donc Zénon ?
    — Bien sûr. Ignoriez-vous qu’il était le fils par
alliance de Léon I er  ? Il est l’époux de sa fille Ariane,
et le petit Léon II était leur enfant. Aujourd’hui il se fait appeler
Zénon.
    — Que voulez-vous dire par « se fait
appeler » ?
    — C’est le nom qu’il s’est choisi en accédant au trône.
D’après le fameux philosophe stoïcien de jadis.
    — J’imaginais que seuls les plus pompeux et prétentieux
évêques se paraient de ce genre de noms d’emprunt.
    — Vous comprendriez et excuseriez Zénon, si vous saviez
qu’il descend de la lignée des

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