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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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turbulentes batailles navales, des
amants flirtant à l’ombre d’une tonnelle, ou des scènes diverses issues de
mythes païens et de l’histoire chrétienne. De multiples objets d’art étaient
disposés çà et là, parmi lesquels de nombreuses statues, certaines représentant
des personnages historiques, mais la plupart des dieux, héros, satyres et
autres nymphes.
    Bien que Constantin eût décrété le christianisme religion
d’État de l’Empire, sa capitale éponyme ne se reconnaît d’aucun saint patron,
mais s’est placée sous l’égide d’une déité tutélaire : la déesse païenne
Tykhe, nom grec de la Destinée. Il y avait donc des statues d’elle un peu
partout dans la ville, et par conséquent aussi dans notre xenodokheíon. Elles
avaient été quelque peu « christianisées » d’une croix apposée sur le
front, mais un détail me plut davantage. Bien que les Grecs eussent à l’origine
personnifié leur Tykhe dans une grosse femme fripée aux traits disgracieux, Constantin
avait ordonné qu’on la représentât sous l’apparence d’une belle jeune fille
épanouie.
    J’étais en train de détailler les cadeaux offerts par Zénon
à Théodoric – principalement des pierres précieuses, des rouleaux d’une
soie très fine et d’autres marchandises aisément transportables –, quand
Amalamena surgit auprès de moi, le visage empourpré d’une particulière rougeur.
Elle était légèrement énervée, et ne se priva pas de me le faire savoir.
    — De quel droit vous êtes-vous permis de m’envoyer un lekeis  ?
me lança-t-elle. Ai-je réclamé une telle attention ?
    — Je me considère comme responsable de votre sécurité,
Princesse. Et votre santé en fait partie.
    J’ajoutai :
    — Je suis heureux que cette précaution vous ait semblé
inutile. Le iatrós vient en effet de partir, et il n’a rien trouvé à me
dire.
    Je n’eus en l’occurrence pas besoin de mentir, ayant au
préalable demandé au médecin d’agir ainsi.
    — J’aurais parfaitement pu vous rassurer moi-même sur
ma santé, fit-elle, apparemment soulagée. (J’étais sûr qu’elle avait dû lui
tenir les mêmes propos. Mais elle rebondit sur un ton plus léger.) Pour
l’instant, j’ai surtout une faim de loup.
    — Parfait ! Vous allez pouvoir vous rassasier, lui
répliquai-je, tout aussi primesautier. Je suis allé demander au cuisinier de
pourvoir aussi au repas de notre troupe cantonnée dans la cour. Et j’ai pu
constater avec plaisir que tout le monde, en cuisine, est obèse, détail
prometteur quant à la qualité et la quantité des mets qui nous seront servis.
La salle à manger se trouve là-bas, Princesse. Laissez-moi juste aller jeter un
coup d’œil sur la façon dont se sont installés nos hommes, et je vous y rejoins
pour le nahtamats.
    Le iatrós, comme je le lui avais demandé, m’attendait
dissimulé dans la cour. Il me dit aussitôt d’un air sombre :
    — Si la princesse désire mourir parmi les siens, quelle
que soit sa terre d’origine, vous feriez mieux de l’y ramener sans délai.
    Je grimaçai.
    — Elle est donc si proche de l’issue fatale ?
    — La tumeur a progressé au-delà du mésentère, a
traversé ses chairs et même à présent la peau. C’est désormais un affreux
apostème, et nul doute que ce karkínos la tuera à brève échéance.
    — Mais elle doit souffrir, alors ?
    — Elle dit que non. Mais elle ment. Si ce n’est pas
encore insupportable, cela ne saurait tarder. Vous dites que vous avez apporté
de la mandragore ? Si vous voulez, je peux demander aux cuisiniers de lui
en servir à son insu dans sa nourriture.
    J’acquiesçai, l’air désolé, et enjoignis un soldat qui se
trouvait là d’aller quérir mon paquet contenant la drogue.
    — Il n’est rien d’autre que l’on puisse faire ?
    Le vieil Alektor perdit son regard dans le lointain, se
gratta la barbe un moment, et ne répondit pas directement.
    — Il fut un temps, murmura-t-il d’un ton songeur, où
l’on reconnaissait l’existence des déesses au même titre que celle des dieux. À
cette époque, les femmes étaient elles aussi considérées comme les égales de
leurs congénères masculins. Puis vint le christianisme, qui prêcha leur
infériorité, les subordonna aux hommes, et les ravala au niveau d’un humble
troupeau d’esclaves femelles.
    — Ce n’est pas faux, approuvai-je, un peu décontenancé
malgré tout par le tour que prenait la

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