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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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train de converser ?
    Il ne répondit pas à la question, se contentant de répéter
de manière obstinée :
    — C’est un fait établi. Nul bárbaros ne parle le
grec.
    — Toute sagesse imposée n’est pas nécessairement sage,
ni même vraie. Les faits prouvent le contraire, vous le voyez. Vous comprenez
plus ou moins ce que je raconte, et inversement. Pensez-vous que Zénon et moi
ne pourrons y parvenir ?
    Toujours aussi raide, il répliqua :
    — Ma présence a toujours été indispensable, et donc
requise, lorsque le basileus donne audience à un bárbaros.
    Je le rassurai.
    — Vous serez présent, n’en doutez pas. Tout simplement
parce que la princesse le sera aussi, et qu’elle est assurément une barbará, comme il se doit. Elle sera heureuse que vous traduisiez ses paroles à
Zénon, tout comme celles qu’il lui adressera.
    Le jeune homme chancela littéralement sur ses pieds.
    — Ses paroles ? Mais…
    Amalamena semblait prendre un intérêt accru à cet échange, à
mesure qu’il s’animait. J’ajoutai à son intention :
    — Tenez, interprète, commencez donc par traduire à la
princesse ce que nous venons de nous dire.
    Il s’exécuta, dans une Vieille Langue irréprochable. Dès
qu’elle eut réalisé ce que je venais de proposer, Amalamena sembla aussi
estomaquée que lui. Seuthes lui avait débité cela à toute allure, pressé de me
répondre, cette fois en grec :
    — Mais il est hors de question qu’elle soit
présente ! Jamais, dans toute l’histoire de l’Empire, un ambassadeur a été
autre chose qu’un homme. Le basileus se sentirait insulté,
outragé ; il serait furieux qu’une femme prétende à ce rôle, et lui soit
présentée comme telle. On n’a jamais vu cela !
    — Vous le verrez pourtant.
    Et j’ajoutai en langue gotique :
    — Veuillez à présent vous retirer, jusqu’à ce que nous
nous retrouvions dans l’antichambre pourpre. Laissez-nous. Allez calmer vos
nerfs contrariés.
    Comme il se retirait, secouant la tête d’un air scandalisé,
Amalamena me regarda avec un mélange d’amusement et de reconnaissance. Ses
yeux, devenus depuis quelque temps nuageux, brillaient de nouveau tels des feux
de Saint-Elme.
    — Merci, fit-elle, pour cette délicieuse surprise
consistant à m’inviter à votre ambassade. Je serai comblée d’entrer avec vous
au Palais de Pourpre. Mais d’où vous est venue cette idée ? Pourquoi
tenez-vous à l’imposer ?
    Pour toute réponse, je ne lui délivrai pas toute la vérité,
mais seulement une facette :
    — Vous me l’avez vous-même suggéré, Princesse.
Rappelez-vous votre citation d’Aristote. Votre beauté pourrait bien nous
permettre d’accomplir de grandes choses, vous et moi.
     
    *
     
    Tout se passa comme je l’avais exigé : l’eunuque
chambellan vint à la maison très tôt le lendemain m’informer que le basileus Zénon me verrait dans la matinée même. À l’évidence, l’o ikonómos aurait
apprécié que je lui en exprime quelque reconnaissance. Il me trouva en train de
l’attendre dans ma plus belle tenue guerrière : mon corselet avait été
ciré, mon casque fraîchement astiqué était posé sous mon bras. À cette vision,
il perdit toute superbe. Affectant d’avoir puisé dans mes réserves de patience
à l’attendre, je fis remarquer d’un ton aigre :
    — Très bien, Myros. Nous sommes prêts. Y a-t-il
d’autres formalités que nous devions respecter en chemin vers le palais ?
    — Nous ? Comment cela, nous ?
    — Moi et la princesse Amalamena, bien sûr.
    —  Oud, papaí ! cria-t-il, et il commença à
écumer en chancelant, tout comme l’interprète la veille.
    J’y mis fermement un terme en réaffirmant d’un ton sans
réplique qu’Amalamena m’accompagnerait. Il battit des bras et geignit :
    — Mais je n’ai amené des montures que pour nous
deux !
    Je jetai un coup d’œil dans la cour. Une escorte
considérable nous y attendait : des gardes en armure splendidement
équipés, et même un groupe de musiciens. L’un des hommes tenait les rênes des
deux chevaux, dont les selles richement ornementées au dossier surélevé
ressemblaient à des trônes.
    —  Khristós, tonnai-je. Les grilles du palais
sont à trois cents pas d’ici ! Une telle parade est tout simplement
ridicule. Mais puisqu’il faut en passer par là, nous nous y plierons. La
princesse et moi monterons sur les chevaux. Quant à vous, Oikonómos, vous
n’avez qu’à

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