Thorn le prédateur
empereurs voltigeant de-ci de-là,
aussi fugaces que des éphémères… des évêques se muant en assassins pour se voir
nommer archevêques… des saints perchés dans les airs laissant tomber leurs
excréments sur leurs fidèles…
— Voici votre demeure, Presbeutés Akantha, coupa
le chambellan. Le plus raffiné des xenodokheíon de la cité. Je pense que
vous et votre escorte le trouverez choisi au mieux, et plus que confortable.
Voudriez-vous descendre de cheval et vous donner la peine d’y entrer ?
Le bâtiment de marbre et le domaine clos de murs qui
l’entourait étaient à mon goût somptueux, mais je n’en laissai rien paraître à
Myros. Demeurant vissé sur ma selle, je déclarai :
— Je ne suis que le maréchal du roi. Je dois avant tout
me préoccuper du confort de sa royale sœur.
Me tournant vers mes archers, je leur commandai :
— Veuillez escorter la princesse à l’intérieur, afin
qu’elle puisse juger si cet humble gîte est digne d’elle.
L ’oikonómos, l’air quelque peu froissé, n’en
descendit pas moins de son cheval pour saluer Amalamena. Lorsqu’elle s’approcha
de nous sans hâte, je vis qu’elle s’était arrangée, à l’intérieur de sa carruca en mouvement, pour soigner son apparence : elle avait revêtu une tenue
élégante, s’était maquillée et portait ses bijoux. Comme si je lui en avais
donné l’instruction, elle se fendit juste d’un froid hochement de tête en
passant devant Myros incliné dans une profonde révérence, glissa d’un air royal
devant lui, entourée de sa suivante Swanilda et de mes deux archers, entra dans
la cour et pénétra dans le bâtiment.
L’eunuque, maintenant franchement vexé, continuait cependant
à me vanter les lieux :
— De luxueux thermes privés pour ces dames dans l’aile
gauche, et un pour vous et vos hommes dans l’aile droite. Des domestiques
dédiés à votre service… incluant quelques esclaves khazars sélectionnées tout
spécialement pour leur beauté. Elles seront toujours heureuses de, euh…
d’assouvir vos besoins, ainsi que ceux de la princesse.
J’ignorai superbement ce détail, et lançai autour de moi un
regard de soldat inspectant ses troupes. Le mur entourant le domaine n’était
pas très haut ni étouffant, les portails semblaient plus décoratifs que lourds
et solides, le tout suggérant qu’il n’était pas question de nous y claustrer
une fois entrés, et de nous y tenir captifs. Cependant, nous avions largement
pénétré dans les profondeurs de la ville, enserrée dans ses murs de forteresse.
Aussi, lorsque Myros commença de dire : « Les quartiers pour le reste
de votre escorte… », je l’arrêtai d’une dénégation aussi fière que déterminée :
— Oukh, oukh [142] . Mes hommes sont des
Ostrogoths. Ils n’ont besoin ni de toit pour les abriter, ni de coussins pour
se reposer. Je les installerai dans la cour, ici même. Et concernant les
serviteurs, le premier que je désire voir se rendre auprès de nous est le
meilleur médecin de la ville. J’aimerais avoir son assurance que la princesse
n’a pas été trop affaiblie par ce long voyage.
— Le iatrós personnel de l’empereur, le
vénérable Alektor, se mettra à votre disposition sans délai.
Et de sa langue venimeuse d’eunuque, il rajouta :
— Je n’ai pu m’empêcher de remarquer, en effet, que la
princesse semble bien éprouvée et bien faible au vu de son âge.
Je passai outre cette remarque également. Quand les deux
femmes et leur escorte armée nous rejoignirent, Amalamena me fit une espiègle
œillade de connivence avant de gratifier Myros d’un hochement de tête hautain,
pas davantage, afin d’indiquer que l’endroit lui semblait acceptable. Je
descendis de Velox et demandai à mes archers de décharger de nos bêtes les
cadeaux que nous apportions et de les remettre aux assistants du chambellan.
Pendant ce temps, Myros poursuivit :
— Comme vous pouvez le constater, monsieur le maréchal,
ainsi que vous princesse, vos appartements sont proches de toutes sortes
d’agréments. L’hippodrome situé là-bas vous permettra d’assister, si vous le
désirez, à des courses, des jeux et des spectacles de théâtre. De ce côté se
dresse la basilique de la Divine Sagesse, où vous pourrez prendre part aux
offices religieux. Le Grand Palais de Pourpre, que vous voyez un peu plus loin,
est l’endroit où vous serez reçus par l’empereur. Le…
— J’espère,
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