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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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parlé.
    Je tendis mes rênes à Daila, et lui demandai de préparer la
cour afin d’en faire un campement pour nos soldats. Comme je m’approchais de la
maison, Amalamena me dit, le regard quelque peu admiratif :
    — Je vous avais prévenu que vous ne seriez peut-être
pas reçu ici très chaleureusement. Mais il semble déjà que vous serez reçu. Je
pense que vous avez très bien fait de cracher ainsi vos ordres à cet homme, à
la vraie manière d’un Ostrogoth.
    —  Thags izvis, répondis-je, mais je grommelai
aussitôt : Je n’aurais même pas dû avoir à faire ces demandes. Mon rang de
maréchal d’un roi aurait dû me suffire comme lettres de créance.
    — Rappelez-vous ce qu’a écrit Aristote, fit-elle.
« La beauté personnelle sera toujours une bien meilleure recommandation
que n’importe quelle lettre d’introduction. » Ne, ne, pas la peine
de grogner ; vous êtes un bel homme.
    Elle rit, mais pas pour se moquer de moi.
    — Souvenez-vous aussi de la réputation de ces Grecs… à
quel point ils apprécient la beauté des hommes.
    Je ne fus pas spécialement flatté qu’elle me qualifiât de
nouveau d’homme véritable, pour se gausser juste après de moi comme d’un homme
susceptible d’en attirer d’autres. Cependant, sa citation d’Aristote me laissa
perplexe.
     
    *
     
    L ’oikonómos n’avait pas exagéré le luxe de notre
demeure d’invités… pas plus, je le dis en passant, que la beauté et la
complaisance de ses jeunes esclaves khazars. La princesse et Swanilda, ainsi
que mes deux archers et moi-même nous rendîmes aussitôt aux thermes. Je ne sais
comment l’on s’occupa des femmes, mais pour nous autres, les hommes, non
seulement nous fûmes voluptueusement dévêtus, oints d’huile, grattés au
strigile, baignés, séchés et poudrés par les servantes, mais elles nous
gratifièrent en sus de tant de soupirs, d’œillades papillonnantes et même de subreptices
chatouilles que leur envie de nous servir de bien d’autres façons ne faisait
aucun doute. Mes archers eurent recours à elles par la suite, cela va de soi,
mais ce ne fut pas mon cas. Je suppose que j’avais fréquenté de trop près et
pendant trop longtemps la pâle « Lune des Amales » ; ces femmes
khazars, aussi foncées de cheveux que de teint, ne m’attiraient point. De
surcroît, je les soupçonnais fort d’être des katáskopoi, et il n’était
pas question qu’elles aillent faire à Myros ou à Zénon des rapports sur ma
sensualité, mon appétit charnel, ma pudeur ou toute autre chose me concernant.
    Je sortis des thermes enveloppé d’une serviette, pour tomber
nez à nez avec le médecin Alektor, qui m’attendait. Cet homme à la barbe grise
et au nez de faucon avait le regard si pénétrant que j’eus l’impression qu’il
était capable de voir à travers le linge qui me ceignait les reins, ce qui me
mit quelque peu mal à l’aise. En tout cas, sa présence dénotait l’obéissance de
Myros à mes ordres, au moins à l’un d’entre eux. Le privilège du port de la
barbe laissé à Alektor indiquait qu’on lui avait reconnu le statut d’un sage,
aussi le pris-je d’emblée pour quelqu’un d’éminent dans sa spécialité.
    — Vous êtes bien le presbeutés Akantha ? me
demanda-t-il. Seriez-vous le patient ?
    —  Oukh, Iatrós Alektor, répondis-je. Il s’agit
de ma royale compagne, la princesse Amalamena. Puis-je vous livrer une
confidence ?
    Il releva la tête et me considéra de haut derrière ses
narines.
    — Je suis un Grec de l’île de Cos, comme l’était Hippocrate.
    — Dans ce cas, pardonnez-moi, poursuivis-je. Mais je ne
suis même pas sûr de savoir moi-même ce que je vais vous dire.
    Et je lui confiai tout ce que le lekeis Frithila
m’avait conté de l’affliction dont souffrait Amalamena… Le iatrós hocha la
tête avec solennité et caressa sa barbe d’un air digne, tandis que je
continuais mon exposé en lui donnant certains détails complémentaires, puis je
le dirigeai vers le quartier des femmes. Le laissant s’y rendre, je retournai
jusqu’à l’ apodyterium, afin d’y revêtir une confortable tenue
d’intérieur. Après quoi je me contentai de flâner à l’intérieur de la maison,
admirant les lieux mis à notre disposition.
    Le sol était couvert d’une délicate mosaïque, ainsi que
certains murs, ornés de petits carreaux brillants au dessin exquis. D’autres
étaient décorés de tentures présentant de

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