Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
extrême importance, et
qu’il devait donc en prendre connaissance aussitôt que possible. J’espère ne
pas l’avoir offensé par mon impétuosité.
    — Je pourrais comprendre votre hâte inusitée, répliqua
Zénon, l’air plus amusé du tout. Mais un simple presbeutés devrait
suffire à délivrer une simple lettre. Pourquoi devrais-je être confronté à un
autre ambassadeur, qui plus est une femme ?
    Comme il n’y avait à cela aucune raison acceptable, je dis
simplement :
    — C’est la propre sœur du roi. Une princesse royale. Une arkhegétis.
    —  Ma propre femme est une impératrice. Une basilissa. Ce n’est pas une raison pour qu’elle m’accompagne, y compris aux jeux de
l’hippodrome. Une telle audace, une telle présomption de la part d’une femme
serait des plus inconvenantes.
    J’aurais pu lui dire, comme je l’avais dit aux autres :
« C’est pourtant ainsi. » Mais je n’eus pas à répondre quoi que ce
soit de ce genre, car ayant capté la teneur de la conversation, Amalamena
s’adressa alors en personne à Zénon :
    — Un autre puissant monarque, du nom de Darius, accorda
un jour audience à une humble femme.
    Elle s’était bien sûr exprimée dans la Vieille Langue, mais
Seuthes ne fut pas long à traduire en grec. L’empereur tourna alors pour la
première fois les yeux vers la princesse, et le regard qu’il lui lança était
funeste. Mais il se détendit assez, toutefois, pour remarquer froidement :
    — Je n’ignore pas que Darayavaush a été l’un des grands
rois de Perse.
    L’interprète ayant répété ces paroles en gotique à
Amalamena, elle se sentit encouragée à poursuivre, et Seuthes traduisit à
mesure :
    — Ce roi Darius se préparait à faire exécuter trois
prisonniers de guerre quand une femme se présenta pour implorer sa clémence, en
son simple nom et parce qu’ils étaient les trois seuls hommes qu’elle eût au monde :
son mari, son frère, et son fils unique. Elle le sollicita de façon si
touchante que Darius accéda finalement à sa demande, mais seulement en partie.
Il accepta d’en libérer un, et lui demanda de choisir lequel.
    Amalamena suspendit alors son récit, laissant passer assez
de temps pour que Zénon finisse par aboyer :
    — Eh bien ?
    — La jeune femme choisit son frère.
    — Quoi ? Mais… pourquoi ?
    — Ce fut exactement ce que demanda Darius. Abasourdi
qu’elle n’ait choisi ni son mari ni son fils, il exigea d’en connaître la
raison. Elle expliqua qu’elle pourrait toujours épouser un autre homme, et
donner naissance à un nouvel enfant. Mais ses parents étant morts tous les
deux, elle ne pourrait plus jamais avoir d’autre frère.
    Le basileus cligna des yeux de surprise, puis la
regarda en silence, et son regard sembla se réchauffer quelque peu. La
princesse conclut alors :
    — Voici pourquoi, empereur Zénon, j’ai souhaité
accompagner jusqu’ici le Saio Thorn. Je tenais à présenter la requête du
roi Théodoric à votre sage et bienveillante appréciation, espérant que vous lui
octroierez un pactum.
    Elle lui tendit la lettre scellée.
    — Je voulais solliciter de vive voix votre générosité,
au nom du seul frère que je possède en ce monde.
    Seuthes n’eut pas plus tôt fini de répéter en grec ces
paroles à Zénon que le jeune Recitach hurla à Amalamena, dans la Vieille
Langue :
    — Ton frère Théodoric n’est pas le roi Théodoric !
Ce titre n’appartient qu’à mon…
    Il s’arrêta au milieu de sa phrase, car Zénon, sans attendre
la moindre traduction, s’était tourné vers lui, et l’avait foudroyé du regard.
    Il m’en lança un à peine plus amène, grognant :
    — La jeune femme vient du moins de faire preuve de
manières peu barbares, et sait se comporter avec une dignité qui sied à la cour.
    Il se retourna vers la princesse, l’honorant cette fois avec
courtoisie du titre de co-ambassadrice :
    —  Sympresbeutés Amalamena, donnez-moi la lettre
de Théodoric.
    Elle le fit en souriant. Il lui rendit ce sourire, auquel
Myros et moi nous associâmes, tandis que Recitach la couvait d’un regard
brûlant de haine. L’empereur brisa tous les sceaux de cire, déroula le vélin et
en lut le contenu, d’abord rapidement, puis plus lentement, caressant de sa
main libre son crâne dénudé, tandis qu’une ombre nouvelle s’étendait sur son
visage.
    Il finit par briser le silence en ces termes :
    — Comme on me l’a déjà rapporté,

Weitere Kostenlose Bücher