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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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cru t’avoir tué ?
    Il s’est éloigné.
    — Tu es en vie. Eux, vont mourir !

 
     
28
    Je les ai vus mourir, les Juifs de Jérusalem, et c’était comme si chacun d’eux me rappelait Léda, la fille de Ben Zacchari, entraperçue à Alexandrie il y avait des mois, mais si présente dans ma mémoire.
    Ils étaient plusieurs centaines qui, chaque jour, se glissaient hors du rempart pour tenter de ramasser des légumes sauvages, couper des herbes. Nos soldats les guettaient.
    Quelques-uns se rendaient aussitôt, mais la plupart combattaient. Ceux qui n’étaient pas tués étaient entravés comme du gibier.
    Certains racontaient ce qu’ils subissaient dans la ville.
     
    Les zélotes et les sicaires, les « brigands », comme les appelait Flavius Josèphe, les menaçaient d’atroces tortures pour leur faire avouer qu’ils dissimulaient de la nourriture. On leur enfonçait dans l’anus des plantes épineuses ou des bâtons pointus. Ils dévoilaient leurs cachettes. On leur prenait la poignée d’orge ou le morceau de viande séchée qu’ils destinaient à leurs enfants. Ceux-ci pleuraient, affamés, se mordant les poings.
    Alors ces hommes désespérés franchissaient le mur et, après un bref combat, nos soldats les ceinturaient.
     
    Ils ne suppliaient pas. Ils ne levaient pas la tête quand Titus passait parmi eux.
    — Ils doivent mourir, décrétait-il.
    Ils étaient trop nombreux pour qu’on les gardât prisonniers. Et il fallait que leurs supplices effraient ceux qui, sur le rempart et dans les tours, s’obstinaient à résister.
    Les bourreaux les fouettaient, les torturaient puis les crucifiaient, les clouant la tête en bas ou dans des positions inattendues.
    On riait de voir ces corps tordus et souffrants. Puis on dressait les croix face au rempart.
    La place manquait pour les croix, et les croix pour les corps.
     
    Je savais que, loin de décourager les combattants juifs, ces supplices les exaltaient.
    J’entendais leurs cris de haine, leurs appels à la vengeance.
    Titus s’emportait, ordonnait qu’on tranchât les mains des prisonniers, qu’on les catapultât contre le rempart, qu’on les précipitât dans les ravins du Cédron et de la Géhenne.
    Jamais je n’aurais imaginé un tel spectacle de mort, une telle débauche de souffrances.
    Aux défenseurs agglutinés dans les tours et sur le rempart, Titus criait que tel serait leur sort s’ils ne cessaient pas le combat.
    Il leur offrait une deuxième chance de sauver ce qui restait de leur ville sacrée. Il s’engageait à ne pas détruire le Temple. Il en faisait serment. Les Juifs qui l’entouraient, Flavius Josèphe, la reine Bérénice, le roi Agrippa, étaient, ajoutait-il, garants de sa sincérité, de sa parole.
    Du haut du rempart les insultes jaillissaient.
    Les combattants juraient de lutter jusqu’à la mort, d’infliger aux Romains le plus de mal possible.
    — Mieux vaut la mort que l’esclavage ! Mieux vaut mourir au combat que sous le fouet ou sur la croix ! criaient-ils.
    Titus a répété :
    — Je ne briserai pas une seule pierre du Temple de votre dieu, moi, Titus, je le promets !
    — Dieu le sauvera ! ont-ils hurlé. Dieu est notre allié ! Notre patrie est l’univers, et l’univers est pour Dieu un meilleur temple que le Temple !
    J’ai vu Titus baisser la tête.
    Il s’est retourné vers les centurions et les tribuns des légions et il leur a ordonné de dresser une nouvelle forêt de croix, d’achever au plus vite les terrassements, d’installer face aux tours les machines de siège, de faire avancer les hélépoles, de commencer à projeter les boulets sur le rempart.
     
    Combien de Juifs crucifiés ?
    Plus de cinq cents chaque jour, cependant que balistes, scorpions, catapultes envoyaient leurs pierres sur la forteresse Antonia.
    Mais, tout à coup, le sol s’est effondré sous les machines de siège, des flammes ont jailli de terre.
    Les Juifs avaient creusé des galeries, puis les avaient incendiées, et le feu embrasait maintenant les catapultes, enveloppait les hélépoles, tandis que des combattants bondissaient hors du rempart, attaquaient nos soldats avec une telle hardiesse, un tel courage que les fantassins reculaient jusqu’aux abords du camp malgré les ordres des centurions et des tribuns.
    Ce fut une mêlée confuse.
    J’ai vu Titus rameuter ses soldats, les entraîner dans des contre-attaques. Puis la poussière, la fumée des incendies a englouti les Juifs et

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