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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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lors, malheur aux Juifs que les chacals guettaient à quelques pas du rempart, au bord des ravins !
    Il y en eut deux mille d’éventrés en une seule nuit.
     
    J’ai vu Titus accablé, honteux. Je l’ai vu hésiter, songeant à faire cerner les troupes auxiliaires et les mercenaires, et à les décimer à coups de javelot.
    Mais il avait besoin de ces hommes.
    Il a convoqué tous les officiers, y compris ceux des légions, car des Romains avaient été surpris à fouiller eux aussi le ventre des Juifs.
    — Honte sur nos armes ! s’est-il écrié. Elles ne sont pas faites pour éventrer des corps afin d’y chercher de l’or souillé. Elles sont faites pour la gloire. Les Romains ne sont pas des charognards. Ils combattent sans haine. Non pour le butin, mais pour la victoire et la puissance de Rome !
    Il ne voulait pas, a-t-il poursuivi, qu’Arabes et Syriens donnent libre cours à leur passion, à leur cruauté d’assassins et à leur haine des Juifs.
    — Une mort aussi cruelle que celle qu’ils infligent leur sera appliquée, a-t-il menacé.
     
    Mais qui peut retenir le bras de l’assassin sur un champ de bataille ?
    On retrouvait chaque matin des Juifs éventrés. Les soldats les avaient guettés, égorgés, plongeant les mains dans leurs entrailles, le plus souvent en vain.
    Ce n’étaient que quelques cadavres parmi plusieurs dizaines de milliers (six cent mille, assurait Flavius Josèphe, qui avait interrogé des fuyards et établi cette comptabilité funèbre), dont quelques-uns seulement recevraient une sépulture digne d’un être humain.
    Regardant autour de moi ces collines nues où toute végétation avait été détruite, je pensais que, tout autour de Jérusalem, nous avions transformé la nature en un grand ossuaire.
    Je le traversais, marchant aux côtés de Flavius Josèphe.
    Il pleurait, se souvenant de la beauté des lieux, des arbres et des fleurs, des bourgs où jouaient des enfants, du bruit des charrois sur les sentiers, des chants et des prières.
    Puis il s’immobilisait, se retournait, contemplait Jérusalem.
    Son visage s’animait, la douleur et le désespoir s’effaçaient peu à peu.
    — Rien ne peut nous tuer, murmurait-il. Nous sommes le peuple de la vie éternelle parce que nous sommes le peuple choisi par Dieu.
    Je le sentais fier d’être juif, animé par la volonté de défendre son dieu, son peuple, sa foi.
    Il condamnait la folie sacrilège qui avait conduit des « brigands » à défier Rome, l’Empire choisi par Dieu.
    C’étaient ces zélotes, ces sicaires, c’étaient eux, les traîtres, et non pas lui qui portait pourtant le patronyme de l’empereur de Rome, Flavius Vespasien. Ces « brigands » dont l’œuvre maléfique allait conduire à la destruction de Jérusalem et peut-être même à celle du Temple seraient châtiés, exterminés.
    Mais, Flavius Josèphe en était sûr, le peuple juif de Jérusalem renaîtrait dans sa splendeur divine.
    — En Judée, a-t-il ajouté, l’herbe repousse toujours entre les pierres.

 
     
30
    J’ai interrogé Flavius Josèphe.
    Il était accroupi sur les talons comme le sont souvent les nomades.
    Le dos voûté, les mains jointes devant la bouche, il se balançait légèrement d’avant en arrière, ne paraissant pas m’entendre.
    Il priait sans doute, tête baissée, les yeux clos, à nouveau accablé par les récits des quelques fuyards que nous avions entendus. Il avait obtenu de Titus qu’il ne livrât pas ces hommes-là aux bourreaux.
     
    Il s’agissait de prêtres qui avaient reconnu Josèphe Ben Matthias, qui lui avaient saisi les mains, qui avaient remercié Dieu d’avoir pu échapper aux égorgeurs zélotes et aux éventreurs qui continuaient de fouiller les entrailles de leurs prisonniers malgré les châtiments promis par Titus.
    Ces hommes à la peau grise, au visage émacié, avaient raconté comment Jean de Gischala avait pillé les provisions sacrées du Temple, un peu de vin et d’huile que les prêtres gardaient pour les holocaustes. Et comment, à l’exception des « brigands », toute la population de la ville mourait de faim.
    — On fouille dans les égouts, avait murmuré l’un d’eux. On cherche dans les vieilles bouses de vache les quelques graines, les quelques détritus dont nous ferons notre pitance. Autrefois nous détournions la tête pour ne pas voir ces excréments, aujourd’hui ce sont des trésors que l’on se dispute.
    Titus avait écouté les

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