Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
monceau de ruines et un repaire de chacals. »
    J’ai saisi les deux mains de Flavius Josèphe.
    — Essaie d’empêcher le massacre ! C’est ton peuple, Josèphe, il est innocent !
    Josèphe s’est dégagé d’un mouvement brusque, puis, les dents serrées, il a murmuré :
    — « Maudit le jour où je suis né ! Pourquoi suis-je sorti du sein maternel pour voir misère et douleur ? » Voilà ce que disait Jérémie. Voilà ce que je pense, Serenus.
    Mais il s’est avancé à grands pas vers Titus.

 
     
27
    J’ai vu Titus se pencher vers Flavius Josèphe. Il l’écoutait, les mains derrière le dos, le menton reposant sur la poitrine, les plis de son cou enrobant le bas de son visage, son expression et l’attitude de son corps révélant l’hésitation et le doute.
    Au bout de quelques instants, il s’est redressé, a posé la main gauche sur l’épaule de Flavius, cependant qu’il levait la droite, montrait le rempart, et j’ai deviné qu’il disait : « Va, essaie une nouvelle fois. »
    Je me suis dirigé vers Josèphe, décidé à le suivre le long des remparts. J’ai prié pour que sa voix soit entendue par les âmes les plus haineuses, les plus résolues, les plus fermées des combattants juifs.
    Qu’elles s’ouvrent aux arguments et aux supplications de Flavius Josèphe, que la raison les éclaire ! Que l’amour pour leur peuple les guide !
    Je pensais à Léda, à toutes ces femmes, à ces enfants, à ce peuple que la faim désormais dévorait.
     
    Chaque jour, quelques Juifs réussissaient à se glisser hors de la ville.
    Leurs yeux brillaient dans leurs visages émaciés. Leurs corps étaient décharnés. Ils disaient que les grains de blé ou d’orge étaient plus rares et plus précieux que des diamants. Les riches offraient toute leur fortune pour une poignée de blé qu’ils mangeaient cru, tant ils craignaient que les sicaires ou les zélotes, les hommes en armes ne les tuent pour se l’approprier.
    Des délateurs rôdaient par les ruelles, désignant aux bandes de tueurs les maisons d’où s’élevait une fumée qui révélait peut-être qu’un four avait été allumé, qu’on pouvait trouver là un peu de nourriture.
    Les hommes en armes s’en emparaient, tuaient ceux qui leur résistaient. Ils les dénonçaient comme voulant déserter la ville, rejoindre Flavius Josèphe, se livrer à Titus.
    Il n’y avait plus dans Jérusalem ni respect, ni pitié, ni fraternité.
    Les combattants qui disposaient de la force et qui étaient décidés à mourir s’étaient arrogé le droit de piller, de s’emparer de toute la nourriture, de tuer les riches et les gras, ceux qui ne participaient pas aux combats. Et peu importaient les raisons, l’âge ou la maladie ! Tous ceux qui n’exposaient pas leur vie sur » les remparts, dans les corps à corps, étaient suspects et méritaient de périr.
    — Ce sont des cœurs de fer, des cœurs desséchés, a dit Flavius Josèphe. Ils ne m’entendront pas.
    — Parle-leur, parle-leur ! Si un seul t’écoutait…
    — Ils l’égorgeraient.
    Pourtant Flavius Josèphe s’est avancé vers les remparts, et je l’ai suivi.
    Sa voix tremblait, tendue entre supplication et colère :
    — Épargnez vos vies, celles du peuple ! Épargnez la patrie et le Temple ! criait-il.
    Depuis la dernière muraille, les Juifs lui répondaient par des insultes et des sarcasmes. Et quand, voulant se faire entendre, Josèphe s’approchait trop près de l’enceinte, flèches et pierres sifflaient autour de nous, et nous reculions sous les quolibets.
    — Vous serez vaincus ! lançait-il alors. La force des Romains est irrésistible. Et qu’avez-vous à craindre ? Les Romains respectent toujours le culte de leurs ennemis. Ils ne détruiront pas le Temple. Ils ne pilleront pas les objets sacrés. Nos ancêtres ont accepté leur domination. Et, depuis, nous avons pu continuer à honorer Yahvé.
    Il levait les bras, invoquait son dieu.
    — Écoutez-moi ! Dieu, qui se transporte d’une nation à l’autre en donnant l’hégémonie à chacune à tour de rôle, est maintenant en Italie. Une loi bien établie, aussi puissante chez les bêtes sauvages que chez les hommes, veut qu’on cède à plus fort que soi et que l’hégémonie appartienne à ceux qui ont la supériorité des armes. Ils l’ont parce que Dieu la leur a donnée. La plus grande partie de notre ville est déjà entre les mains de Titus. Deux murailles sont

Weitere Kostenlose Bücher