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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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nos soldats dans une nuit hurlante.
    Quand le vent s’est levé, j’ai découvert les abords du camp couverts de cadavres. Les débris calcinés des machines gisaient sur les terrassements effondrés.
    Tout le travail accompli depuis plusieurs jours était anéanti.
     
    J’ai croisé des centurions épuisés, le corps noir de suie et de sang.
    J’ai lu dans leurs yeux le désarroi.
    Les Juifs les avaient à nouveau humiliés, contraints à la fuite, puis avaient regagné les tours et le rempart d’où ils lançaient des insultes, criaient victoire, remerciaient leur dieu.
    Et personne ne leur répondait.
    J’ai deviné le découragement et le doute chez ces fantassins habitués à vaincre et que des assiégés affamés réussissaient à tenir en échec.
    Le désespoir et la foi étaient-ils plus forts que la discipline ? Cette cité sacrée des Juifs résisterait-elle au plus grand empire du genre humain ?
    Le dieu des Juifs était-il plus puissant que Jupiter ?
     
    J’ai constaté que le dieu que je priais, celui qu’on avait crucifié, laissait les hommes, juifs ou romains, aller au bout de leurs combats et de leur folie.

 
     
29
    Ces jours-là, sous l’implacable soleil de l’été de Judée, au bord des ravins du Cédron et de la Géhenne, j’ai appris que l’homme est le plus cruel des êtres vivants.
    J’ai écouté le récit des déserteurs qui fuyaient, de plus en plus nombreux, une ville où les cadavres des morts de faim s’entassaient dans les ruelles, sur les terrasses des maisons. Les « brigands » les dépouillaient de leurs bijoux, de leurs colliers, de leurs vêtements, puis, souvent, essayaient le tranchant et la pointe de leurs lames sur ces corps dont certains tressaillaient encore.
    On ne les inhumait plus. On en remplissait des maisons dont on fermait toutes les issues, mais l’odeur de putréfaction se répandait, collant aux pierres.
    Je l’ai respirée au bord des ravins où l’on continuait à jeter la plupart des cadavres, où le pus s’écoulait des corps couverts de mouches.
     
    J’ai accompagné Titus qui marchait, le long de ces ravins, sur le rempart qu’il avait fait élever en l’espace de trois jours afin d’enfermer la ville, d’empêcher les Juifs, ceux qui voulaient se rendre comme ceux qui voulaient attaquer, d’atteindre les positions romaines.
    Titus s’arrêtait, se penchait, regardait ces monceaux de morts, puis se tournait vers Flavius Josèphe, tendait les mains vers le ciel.
    Je l’ai entendu, lui, Titus, qui commandait à quatre-vingt mille hommes avec droit de vie ou de mort sur chacun d’eux, lui, fils de l’empereur Vespasien, se lamenter et gémir :
    — Dieu m’est témoin que je n’ai pas voulu cela. Tu sais ce que je souhaitais pour Jérusalem et ton peuple, Josèphe, mais pourquoi n’ont-ils pas entendu ce que toi et moi leur disions ? Pourquoi ?
    — Dieu punit mon peuple, Titus, a soupiré Flavius Josèphe. La souffrance qu’il nous inflige nous rendra plus purs, nous rapprochera de lui. Ces chiens qui déchiquètent le peuple, même à l’état de cadavres, tu vas les vaincre, Titus. Tu es la main choisie par Dieu pour infliger le châtiment. Mais mesure-le, Titus, sois juste.
    Qui peut l’être, dans la guerre ?
     
    Titus continuait de faire crucifier des hommes par centaines. Et à ceux qu’il épargnait il ordonnait qu’on tranchât les mains.
    Telles étaient les règles admises. Et moi qui avais lu le récit de la guerre servile de Spartacus, écrit par mon ancêtre Gaius Fuscus Salinator, moi qui me souvenais des six mille croix dressées le long de la via Appia, de Capoue à Rome, je ne pouvais m’en étonner.
    Les soldats des légions appliquaient avec cruauté la loi romaine. Mais, autour d’eux, comme des charognards, des chacals, les auxiliaires arabes et syriens, les mercenaires venus de toutes les provinces voisines de la Judée, tuaient, torturaient avec avidité et plaisir, se repaissant de la souffrance de leurs victimes.
    Ils avaient surpris un Juif agenouillé fouillant dans ses excréments et en retirant des pièces d’or.
    La rumeur s’est aussitôt répandue parmi les mercenaires, les auxiliaires, les légionnaires. Les Juifs, assurait-on, avant de s’enfuir de la ville, avalaient des pièces d’or, moins chères et moins rares de les grains d’orge ou de blé. Ils espéraient, une fois hors de la ville, et s’ils échappaient à nos soldats, les retrouver dans leur merde.
    Dès

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