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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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tombées. Que pourra la troisième ? Les Romains la conquerront et la détruiront. Et, s’ils prennent la ville d’assaut, ils n’épargneront personne. N’oubliez pas que la Fortune les a choisis ! Souvenez-vous que vous faites la guerre non seulement aux Romains, mais à Dieu qui leur a donné l’hégémonie !
    Ces mots que Flavius Josèphe martelait tout en marchant le long des remparts rendaient les Juifs furieux. Les pierres étaient tirées avec tant de force qu’elles rebondissaient sur le sol, se fendant parfois, et leurs éclats sifflaient autour de nos visages. À plusieurs reprises je n’ai pu m’empêcher de me protéger en plaçant mon avant-bras devant mes yeux.
    Flavius Josèphe semblait exalté par ces jets de pierres ou de flèches.
    Il criait plus fort, s’emportait :
    — Ô cœurs de fer, jetez vos armes devant une patrie qui déjà tombe en ruine ! Que la honte vous prenne ! Retournez-vous et jetez les yeux sur la beauté que vous trahissez : quelle cité sacrée ! quel Temple ! Voulez-vous que tout cela soit détruit ? Ayez pitié de vos familles !
    Il s’est encore avancé.
    — Je sais que se trouvent au milieu de ces dangers, entre vos mains, ma mère, ma femme, ma race, qui n’est pas sans noblesse, et ma maison dont la gloire est ancienne, et je peux vous paraître ne vous donner des conseils que pour les sauver…
    Sa voix s’est brisée, et lorsqu’il s’est remis à parler elle était éraillée, plus aiguë.
    — Tuez-les ! a-t-il crié. Prenez mon sang pour prix de votre salut !
    Il s’est martelé la poitrine de ses poings fermés en hurlant :
    — Moi aussi, je suis prêt à mourir si ma mort doit vous ramener à la sagesse et à la raison !
     
    Ils n’ont répondu que par une grêle de pierres, la plus rageuse et la plus dense que nous ayons jamais subie.
    J’ai reculé, essayant de tirer Flavius Josèphe en arrière, mais il s’obstinait et continuait de hurler : « Je suis prêt à mourir ! »
    Et, tout à coup, j’ai vu sa tête retomber, le sang coulant sur son visage, et avant que j’aie pu le saisir par les aisselles son corps s’est affaissé.
    Je me suis agenouillé près de lui.
    J’ai vu la plaie ouverte à son front, sans doute provoquée par un éclat tranchant. L’entaille était longue et profonde, le sang jaillissait, rouge vif. Les yeux étaient clos, le corps inerte, sans connaissance, et j’ai cru que Josèphe était mort.
    J’ai entendu en face les cris de joie, les hurlements de triomphe. J’ai vu sur le rempart les Juifs brandir leurs javelots et leurs glaives. Puis plusieurs dizaines d’entre eux ont jailli de l’une des tours de la forteresse Antonia.
    Ils repoussèrent les fantassins romains occupés à élever les terrassements. Ils couraient vers nous l’arme haute, voulant s’emparer du corps de Flavius Josèphe pour le traîner à l’intérieur de la ville, l’exposer, le profaner.
    Le plus vite que j’ai pu, je l’ai tiré vers le camp des légions. Puis des soldats se sont élancés pour contenir l’assaut des Juifs. Un escadron de cavalerie est venu les soutenir et les Juifs sont rentrés dans la tour, cependant que, sur la dernière enceinte et sur toutes les tours, celles de la forteresse Antonia et celles du palais d’Hérode, ils continuaient de frapper leurs boucliers avec leurs armes en scandant : « Il est mort, le traître, il est mort ! » Et ils remerciaient leur dieu qui avait condamné Josèphe Ben Matthias, devenu Flavius Josèphe, ce Romain serviteur de l’empereur Vespasien et de son fils Titus.
     
    Le corps de Josèphe s’est raidi comme s’il avait entendu ces insultes, ces accusations de trahison, comme s’il ne revenait à la vie que pour y répondre, pour ne pas laisser la victoire à ces brigands, zélotes ou sicaires, pour ne pas laisser croire au peuple que Dieu l’avait condamné.
    C’est lui qui suivait la voie tracée par Dieu : il ne se dressait pas contre ceux auxquels le Très-Haut avait donné toute puissance et tout pouvoir sur le genre humain.
    Il a repris connaissance. Il a pu se soulever quand Titus est entré dans la tente.
    Les chirurgiens achevaient de laver le visage de Josèphe. Le sang avait déjà séché et la plaie, couverte d’onguent, n’était plus qu’une ligne noire, oblique, cisaillant le front.
    — Tu t’es adressé à leur âme, a dit Titus en se penchant vers Flavius Josèphe. Tu as entendu leurs cris de joie quand ils ont

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