Toute l’histoire du monde
des relations intenses, de paix et souvent de guerre. Ils étaient rivaux, et le sont encore. En ce temps-là, il s’agissait des deux grandes puissances mondiales.
En remontant plus à l’est et en passant quinze siècles, nous trouvons autour du fleuve Indus les royaumes aryens. Pourquoi quinze siècles plus tard ? Parce que dans la région de l’Indus, c’est le désert, mais il pleut quand même. La contrainte géographique y est donc moins forte.
Les États aryens sont surtout célèbres pour leurs spéculations religieuses. La religion de l’Inde, c’est le brahmanisme. La religion n’a pas subi, au moment du passage à l’agriculture, la formidable révolution technique qui entraîna la naissance des États. Elle est restée l’animisme.
L’homme s’est pensé dès l’origine comme une conscience, « un œil ouvert sur le monde ». Il a donc imaginé toute chose « consciente », avec du divin partout. Marqués par le judéo-christianisme, les hommes modernes, tendent à penser que la religion est naturellement monothéiste. C’est faux. La religion naturelle des hommes, c’est le polythéisme, le monothéisme étant plus récent. Et le polythéisme n’a pas disparu : l’Inde est restée polythéiste.
Si nous voulons comprendre ce qu’étaient les religions de l’Antiquité, il faut regarder l’Inde actuelle. La vérité de l’animisme, c’est que le divin est partout -vérité extrêmement prégnante aux Indes.
Plus à l’est encore et vers la même époque, autour du fleuve Jaune, apparurent les États chinois.
Donc, en 1000 avant Jésus-Christ, quatre civilisations sont nées : l’Égypte, la Mésopotamie, l’Inde et la Chine, chacune regroupant une dizaine de millions d’habitants. Elles sont en contact : contact étroit, nous l’avons vu, entre l’Égypte et la Mésopotamie, plus distendu entre l’Inde et la Chine – que séparent des espaces immenses et qui ne se firent jamais directement la guerre -, mais contact commercial intense partout.
Entre ces quatre centres, la route des caravanes, la route de la soie, unit par voie terrestre, à travers le grand désert continental, l’Égypte à l’Inde et à la Chine.
Les États chinois, en revanche, se firent entre eux des guerres impitoyables. C’est pourquoi on les connaît sous le nom générique de « Royaumes combattants ». Ils ne seront unifiés que beaucoup plus tard, en -220, par le premier empereur, Tsin-Che-Houang-Ti, qui régnera de -246 à -216, et qui donnera son nom au pays : la Chine, c’est le pays de Tsin !
Après lui, en -202, un aventurier, Lieou-Pang, fonda la première dynastie chinoise, celle des Han.
L’histoire de la Chine est très comparable à l’histoire de l’Égypte : des périodes de force et d’unité – empire des Han de – 200 à 200 après Jésus-Christ ; empire Tang autour de l’an 1000 de notre ère ; empire Song au Moyen Âge ; empire mongol en 1206 ; empire Ming, apogée chinois, du xr/ au XVI e siècle ; empire mandchou de 1644 au XXe siècle enfin -, séparées par des périodes de division et d’anarchie. Avec une différence : beaucoup plus que l’Égypte, la Chine est exposée aux assauts des guerriers restés préhistoriques au-delà de la « grande muraille ». Souvent, les nomades l’envahissent et saccagent tout.
Mais la Chine possède un énorme pouvoir d’absorption. Le guerrier nomade, monté sur le trône à la force de l’épée, ne tarde pas à se siniser complètement, jusqu’à ce que l’invasion recommence. Les grands souverains mongols (Kubilay, petit-fils de Gengis Khan décrit par Marco Polo) ou mandchous (dont l’archétype fut la dernière impératrice de Chine, nommée Tseu-Hi, morte en 1908) étaient d’origine nomade. Or, comment imaginer plus chinois que Tseu-Hi ?
L’humanité telle que nous la connaissons est née. Nous sommes très proches de ce monde agricole des premiers Etats. La Chine, l’Inde, le Proche-Orient sont toujours au centre de l’actualité. En revanche, nos idées ne sont plus les mêmes.
Il faut constater (c’est une des leçons de l’histoire) que ce sont les idées qui font marcher les hommes. L’économie est importante, le marxisme l’a noté, et c’est bien la nécessité de gérer l’eau et les greniers qui fit naître l’État ; mais, contrairement à ce que pensait Marx, elle n’est pas le ressort suprême de l’être humain. Le fond de l’homme est métaphysique, comme
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