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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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préhistoriques agrémentaient déjà leurs menus de plantes. L’idée géniale fut de sélectionner les meilleures, de les semer et d’arracher les autres. En même temps, ils se mirent à élever du bétail au lieu de le chasser.
    Les conséquences de cette mutation technique furent formidables.
    Pourquoi ? Parce que l’agriculture permet, sur un territoire identique, de nourrir cent fois plus d’hommes que la chasse. Par exemple, le territoire de la France actuelle, qui peut faire vivre 300 000 chasseurs au maximum, peut nourrir 30 millions de paysans !
    D’un coup, l’humanité, qui regroupait les bonnes années sur la Terre au plus quelque millions d’individus, compta après la révolution agricole quelques centaines de millions d’hommes – chiffre qui ne changera plus jusqu’à la révolution industrielle du XIX c siècle, huit mille ans plus tard !
    L’humanité cessa d’être une espèce menacée pour devenir une espèce menaçante – et ce, même pour l’environnement. Car on vient de s’apercevoir qu’une grande partie de la pollution est d’origine agricole : émissions de méthane par l’élevage et les rizières, défrichements, etc.
    Tout cela ne s’est certes pas fait en un jour (on trouve déjà des marchés agricoles avec des remparts à Jéricho vers -8850), mais assez rapidement quand même, en vertu de la vitesse propre à l’homme de la transmission culturelle. En dehors des quatre régions mentionnées, la vie préhistorique continuait. Mais, en ces quatre endroits, l’humanité changea, non point de psychologie, mais d’organisation. Une tribu préhistorique, ce sont deux cents personnes – chasseurs, femmes, enfants, chamans, anciens – en perpétuel déplacement ; l’Égypte, ce furent très vite des millions de paysans et un Etat.
    L’État est né en Égypte d’abord à cause de la répartition des eaux. Comme il ne pleut pratiquement jamais dans ce pays, les cultures dépendent entièrement de l’irrigation. Naturellement, les gens d’en haut (« d’amont ») avaient tendance à consommer toute l’eau au détriment des gens d’en bas (« d’aval »). Ils se sont battus pour l’eau, puis ils ont pensé qu’il était préférable d’avoir un roi, « pharaon », pour veiller à la répartition équitable de l’eau.
    Le deuxième facteur, c’est que les paysans ont absolument besoin de paix.
    Le chasseur préhistorique était un guerrier. Le paysan n’a plus assez de temps pour la guerre. Il utilise son temps à semer, labourer, récolter – il travaille dans la durée. Mais il a aussi besoin d’être protégé : si des nomades ou des bandits mangent son blé en herbe ou tuent son bétail, il meurt de faim. D’où la nécessité d’un État qui assure l’ordre ; justement, l’agriculture dégage des surplus alimentaires qui permettent de nourrir un roi et des militaires. L’État prélève certes des impôts, mais c’est un moindre mal par rapport au banditisme.
    Ces considérations sur l’Égypte pharaonique ne sont pas des spéculations passéistes ; elles sont très actuelles. Les famines dans le monde d’aujourd’hui sont liées au désordre, au brigandage, à la disparition des États – en Afrique, par exemple, que ravagent les guerres civiles. Quand l’ordre revient, le paysan retrouve le chemin des récoltes ; mais l’anarchie, pour lui, c’est l’horreur !
    L’État, c’est une force armée spécialisée, mais c’est aussi l’administration. Car il faut s’occuper de la gestion des stocks, conserver les grains dans des greniers en prévision des mauvaises années (l’histoire des temps de « vaches grasses » et de « vaches maigres » que raconte la Bible). Pour gérer ces greniers, l’écriture s’impose ; il faut tenir des livres. La révolution agricole entraîne donc l’invention de l’écriture.
    Et dès que l’écriture existe, nous entrons dans l’histoire, puisque nous pouvons nous fier non plus seulement à l’archéologie, mais aussi aux livres du passé.
    L’écriture est le critère technique qui distingue l’histoire de la préhistoire.
    L’écriture naît naturellement de la multiplication de petits dessins stylisés qu’on appelle les « idéogrammes » (les hiéroglyphes égyptiens).
    Ces idéogrammes sont faciles à concevoir, mais ils demandent beaucoup de mémoire, car il en existe des milliers – d’où la naissance d’une caste de scribes.
    L’écriture est ainsi

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