Toute l’histoire du monde
préhistoire, il y a eu d’immenses progrès scientifiques et techniques, mais aucun progrès psychologique : l’homme est le même que le jour de son surgissement.
D’ailleurs, les hommes encore préhistoriques qui, au XX e siècle, entraient en contact avec notre monde moderne (il n’y a probablement plus aujourd’hui sur la Terre de tribus préhistoriques, mais il y en avait au XX e siècle et les « premiers contacts » y furent nombreux : Papous de Nouvelle-Guinée, Indiens d’Amazonie) n’étaient guère étonnés par nos techniques sophistiquées.
Car, si l’on y réfléchit, il n’y a pas de différence de nature entre l’invention du feu et celle de la bombe atomique, entre le tam-tam et l’Internet, entre la vitesse du coureur de savane et celle du TGV.
Contemplant les oiseaux, les hommes ont toujours désiré voler, comme en témoigne le mythe d’Icare.
Stanley Kubrick a très bien compris et décrit cela dans la première scène de son chef-d’œuvre, 2001, l’odyssée de l’espace . On y voit des primates s’affronter. L’un d’entre eux saisit un os qui traînait et le lance vers le ciel en direction de ses adversaires. Le cinéaste transforme alors, par un fondu enchaîné, cet os en fusée interplanétaire. Kubrick avait parfaitement compris que lancer un tibia ou lancer une fusée, c’est le même geste !
Ainsi la préhistoire n’est-elle pas un univers étranger. De grandes questions toujours actuelles y sont déjà posées : la menace du meurtre, la nécessité de la loi, la beauté de l’art, l’importance vitale de la transmission du savoir.
Les fleuves nourriciers, les premiers Etats, les religions
C’est la contrainte climatique qui transforma probablement certains primates en êtres humains. C’est la même contrainte qui fit succéder l’histoire à la préhistoire.
La dernière glaciation a pris fin il y a environ quatorze mille ans. Les glaciers ont reculé, la mer a monté, le Sahara est apparu.
Les ceintures de désert de la Terre sont caractéristiques des périodes interglaciaires. Quand on regarde des photos-satellites, elles se voient du premier coup d’œil sur notre planète bleue. Dans l’hémisphère Nord, on distingue les déserts américains (rendus familiers par les westerns), puis, au-delà de l’Atlantique, un grand désert continental qui commence en Mauritanie et finit au nord de la Chine. Il porte des noms différents – Sahara en Afrique, désert Arabique au Proche-Orient, déserts d’Iran et de l’Ouest indien, désert de Gobi -, mais c’est bien le même.
Il est cependant de moins en moins terrible d’ouest en est : absolu au Tanezrouft, relatif dans les steppes mongoles. Au cours de la dernière période glaciaire, les hommes chassaient au Sahara, recouvert d’herbe et sillonné de rivières. On le sait, car ces chasseurs ont laissé des peintures rupestres riches en végétation et en gibier. La désertification les condamnait à la famine.
Heureusement, en quatre endroits, des fleuves traversent le grand désert continental. Ces fleuves ne manquent jamais d’eau, parce qu’ils prennent leur source au-delà du désert, dans des montagnes arrosées.
Le plus célèbre de ces fleuves est le Nil, qui prend sa source en Ouganda, au lac Victoria, et reçoit des affluents des hauteurs éthiopiennes, régions où il pleut. Il garde donc toujours assez d’eau pour franchir le Sahara du sud au nord et se jeter dans la Méditerranée.
La deuxième région traversée par des fleuves pérennes est la Mésopotamie. Il y a là deux fleuves, l’Euphrate à l’ouest et le Tigre à l’est, qui se rejoignent pour se jeter dans le golfe Persique. Ils coulent du nord au sud, toujours en eau parce qu’ils proviennent des montagnes arrosées du Kurdistan.
Le troisième endroit est le désert indien, irrigué du nord au sud par le fleuve Indus, né avec ses affluents en Himalaya.
Le dernier, c’est la steppe chinoise, sauvée de la sécheresse par le fleuve Jaune, qui vient des montagnes pour finir dans le Pacifique.
Évidemment, les chasseurs préhistoriques allèrent se réfugier auprès de ces fleuves-là. Mais, sur ces rives, ils ne pouvaient plus vivre de la chasse ; il n’y avait pas assez d’espace. Alors ils inventèrent l’agriculture – fantastique révolution que l’on appelle en termes savants le « néolithique » (nouvel âge de pierre).
Près des fleuves, poussaient des céréales sauvages. Les chasseurs
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