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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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significatives :
    — Merci ! Assez ! fit-il seulement.
    Il n’est si bonne compagnie qui ne se quitte, cependant, et vint le jour du départ de Nasir-Al-Din. Au cours de la dernière soirée, le Persan avait ouvert son cœur à Andrassy.
    — Je pars avec beaucoup de regrets de quitter cette « déesse », lui dit-il en regardant Élisabeth qui évoluait à quelques pas de lui. C’est la plus belle femme que j’aie jamais vue. Quelle dignité ! Quel sourire ! Quelle beauté… Si jamais je reviens, ce sera uniquement pour la revoir et lui porter mes hommages…
    Et, le lendemain, à quatre heures du matin, il faisait réveiller la comtesse Göess pour la charger de remercier encore Sa Majesté et lui confier que son image ne s’effacerait jamais de sa mémoire…
    Il ne devait jamais revenir et « Sissi », après en avoir beaucoup ri avec François-Joseph, finit par oublier cet admirateur lointain.

« Sissi » et le domino jaune
    Quand on ne connaît personne dans une ville où l’on vient tout juste de débarquer, il est bien difficile de s’y amuser, même au beau milieu d’un merveilleux bal costumé !… Il semblerait même, au contraire, que la solitude, s’y fasse plus cruellement sentir que dans la plus silencieuse des chambres.
    C’était exactement ce que pensait, au soir du Mardi gras 1874, un jeune provincial de vingt-six ans, Frédéric List Pacher von Theinburg, qui s’essayait à la vie viennoise en participant, ou tout au moins en essayant de participer, à la fameuse « redoute » de l’Opéra. Mais il était trop timide pour se jeter à l’eau et aborder l’une de ces femmes parfumées et chatoyantes qui voltigeaient autour de lui, cachant soigneusement leurs visages sous le masque à barbes de dentelles qui était de rigueur.
    Il y avait, à vrai dire, fort peu de temps qu’il était arrivé de sa Carinthie natale, appelé par la protection d’un parent qui l’avait pourvu d’un poste au ministère de l’Intérieur. Et Fritz, peu hardi, aimant le rêve et la poésie, assez renfermé d’ailleurs et plutôt silencieux, n’avait pas encore eu le temps de se faire des amis, même pas des relations intéressantes. Finalement, venir à ce bal n’avait pas été une bonne idée !
    Pourtant, quelques femmes auraient pu s’intéresser à lui. C’était un garçon de belle taille et d’allure naturellement élégante. Les traits que laissait voir le masque étaient réguliers et fins, la bouche sensible, la chevelure noire et bouclée. Certaines danseuses lui avaient jeté, en passant, une plaisanterie, une œillade, espérant être arrêtées par lui, mais cette maudite timidité était toujours là, qui le paralysait : Fritz souriait mais n’ouvrait pas la bouche… et l’occasion passait.
    Découragé, il allait se résigner à rentrer chez lui, quand une main gantée se posa sur son bras, cependant qu’une voix joyeuse, teintée d’un accent hongrois assez prononcé, murmurait à son oreille :
    — Tu es bien seul, beau masque ! Ce n’est pas naturel dans un bal. Est-ce que tu ne t’ennuies pas ?
    C’était une femme tout enveloppée d’un domino de satin rouge qui lui donnait l'air d’une énorme cerise, mais la voix était jeune et, à travers la dentelle noire du masque, Fritz pouvait deviner un clair sourire. Il rendit le sourire.
    — Si ! avoua-t-il. Je ne connais personne ici. J’allais m’en aller.
    — Tu ne connais personne ? C’est impossible ! Tout le monde connaît tout le monde à Vienne. D’où sors-tu donc ?
    — De Carinthie, et je ne connais pas du tout Vienne !
    — Comme c’est romantique ! Écoute, puisque tu t’ennuies tant, accepterais-tu de me rendre un service ?
    — Bien sûr, si je le peux !
    — Ce ne sera pas difficile. Je suis ici avec une amie. Elle est là-haut, dans la galerie. C’est une femme très belle, mais très timide et un peu triste. Elle non plus ne s’amuse pas. Me permets-tu de t’emmener vers elle ? Tu réussiras peut-être à la distraire.
    Ravi de l’invitation, Fritz offrit son bras à l’inconnue et gravit avec elle le grand escalier, pour atteindre le premier étage. Et tout à coup, le jeune homme se trouva en face d’une femme fastueusement vêtue d’un magnifique domino de brocart jaune d’or pourvu d’une traîne qui lui donnait un air royal. Naturellement, elle aussi portait un masque noir, mais la dentelle du sien descendait jusqu’à sa gorge et elle était

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