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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Il y avait l’argent qui commençait à manquer… et cela, il évitait d’en parler.
    La situation, en effet, se désagrégeait rapidement. Non seulement, Maximilien était bien incapable de rembourser les dettes du Mexique, mais il réclamait sans cesse de l’argent à Napoléon III. Celui-ci commençait à trouver que cette histoire lui coûtait très cher et tournait fort mal. Le parlement et le peuple français étaient de plus en plus hostiles à l’aventure : on parlait de millions dépensés par centaines, de vies humaines inutilement sacrifiées. En outre, les États-Unis, débarrassés de la guerre de Sécession par la victoire du Nord, commençaient à s’intéresser au Mexique et, fort mécontents, de l’implantation française, se mettaient à aider Juarez en sous-main, cependant qu’une imposante offensive diplomatique était déclenchée vers Napoléon lit.
    Celui-ci dont s’envenimaient les relations avec la Prusse, envisageait déjà le rappel de ses troupes, dont il pourrait bien avoir besoin avant longtemps.
    Excédé de tant de tracas, Maximilien s’en alla passer quelque temps dans sa résidence d’été de Cuernavaca, à 85 kilomètres de Mexico, un petit paradis au bord d’un étang où poussaient à foison les bougainvillées rouges, les jacarandas mauves et les tama-rindos rose orangé. Le malheur voulut qu’il s’y éprit d’une belle Indienne, la femme de son chef-jardinier… que celle-ci fut peu farouche… et que Carlotta fut très vite au courant…
    — Voilà donc pour qui tu as trahi la foi que tu m’avais jurée ? s’écria Charlotte. Une Indienne, une misérable Indienne… Tu ne nieras pas, j’ai là une lettre de toi. Des mots d’amour… des mots d’amour comme tu ne m’en as jamais écrit.
    Il était impossible de nier et Maximilien ne parvenait pas à comprendre comment son billet doux était tombé entre les mains de sa femme. Il voulut tenter de la calmer : cette voix aiguë qu’elle avait depuis quelque temps lui crispait les nerfs.
    — Chérie, fit-il doucement, nous ne nous sommes jamais quittés, je n’avais pas à t’écrire. Tu ne devrais pas te formaliser d’une fantaisie… une folie qui ne compte pas et que je regrette déjà.
    Mais Charlotte ne voulut rien entendre.
    — Si tu m’aimais comme je t’aime, tu n’aurais jamais regardé une autre femme. Mais tu as regardé celle-là. Notre amour est mort, Maximilien, mort à jamais… et maintenant, le mauvais sort pourra s’abattre sur nous.
    Tout en parlant, elle avait fait avec agitation plusieurs tours dans la pièce puis, virant sur elle-même, se dirigeait vers la porte.
    — Où vas-tu ? cria l’empereur.
    Sur le seuil, elle se détourna, considéra son mari avec une grande dignité :
    — Je retourne à Mexico et je te laisse à tes fleurs… à ton Indienne. Ne faut-il pas qu’au moins l’un de nous règne, si l’autre n’en est pas capable ?
    Ces derniers mots blessèrent au vif Maximilien dans son orgueil d’homme. Furieux, il laissa Charlotte regagner sans lui la capitale et demeura encore prisonnier des jardins de Cuernavaca et des yeux de gazelle d’une jolie fille.
    Entre les deux époux, la situation fut désormais tendue. Charlotte, déçue à la fois dans son amour et dans ses espoirs de maternité, s’aigrissait de plus en plus, se renfermait en elle-même.
    Parce qu’à ce couple impérial, il fallait un héritier, ils avaient adopté, quand il fut admis que l’impératrice ne pourrait jamais concevoir, un petit garçon d’une très noble famille mexicaine, les Iturbide. Mais en regardant le petit Augustin jouer dans les jardins de Chapultepec, Charlotte sentait bien qu’il serait impuissant à remplir le vide affreux de son cœur. Un vide né du désespoir et qui l’envahissait peu à peu. De longues nuits se passaient sans sommeil, à demeurer immobile, les yeux grands ouverts sur la claire et somptueuse nuit mexicaine où passait si souvent le son lointain d’une guitare.
    Mais au fond de sa douleur même, Charlotte trouvait du courage. Elle avait véritablement l’âme d’une princesse et s’était juré d’aider son mari tant qu’il lui resterait un peu de force. Libre à lui d’être infidèle. Elle, Charlotte, demeurerait inébranlablement fidèle au serment prononcé sous les voûtes de Sainte-Gudule et à son devoir d’impératrice.
    Et comme Napoléon III rappelait ses troupes, qu’il refusait d’envoyer le moindre argent et

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