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Traité du Gouvernement civil

Traité du Gouvernement civil

Titel: Traité du Gouvernement civil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John LOCKE
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sollicités à étendre leurs possessions et leurs terres, ou à contester pour une étendue déserte de pays, n'ont été guère plus que généraux de leur armée. Quoiqu'ils commandent absolument pendant la guerre, ils n'exer­cent chez eux, en temps de paix, qu'une autorité fort mince, et n'ont qu'une sou­veraineté très modérée. Les résolutions, au sujet de la paix et de la guerre, sont, pour l'ordinaire, les résolutions du peuple ou du conseil. Du reste, la guerre elle-même, qui ne s'accommode guère de la pluralité des généraux, fait tomber naturelle­ment le commandement entre les mains des rois seuls.
     
    109. Parmi le peuple d'Israël même, le principal emploi des Juges, et des premiers Rois, semble n'avoir consisté qu'à faire la fonction de général, en temps de guerre, et à conduire les armées. Cela paraît clairement, non seulement par cette expression si fréquente de l'Écriture, sortir et revenir devant le peuple, ce qui était se mettre en marche pour la guerre, et revenir ensuite à la tête des troupes, mais aussi particulière­ment par l'histoire de Jephté. Les Ammonites faisant la guerre à Israël, les Galaadites, saisis de crainte, envoyèrent des députés à Jephté, qu'ils avaient chassé comme un bâtard de leur famille, et convinrent avec lui qu'il serait leur gouverneur, à condition qu'il les secourût contre les Ammonites  [1] . Le peuple l'établit sur soi pour chef et pour capitaine : ce qui était, comme il paraît, la même chose que Juge  [2] . Et Jephté jugea Israël, c'est-à-dire, fut son général six ans. De même, lorsque Jonatham reproche aux Sichemites les obligations qu'ils avaient à Gédéon, qui avait été leur Juge et leur conducteur, il leur dit  [3] : Mon père a combattu pour vous et a hasardé sa vie, et vous a délivrés des mains de Madian. Il ne dit autre chose de lui, ainsi qu'on voit, sinon qu'il avait agi comme un général d'armée a coutume de faire. Certaine­ment, c'est tout ce qui se trouve dans son histoire, aussi bien que dans l'histoire du reste des juges. Abimélec, particulièrement, est appelé Roi, quoique tout au plus il ne fût que général. Et lorsque les enfants d'Israël étant las de la mau­vaise conduite des fils de  [4] Samuel, désirèrent avoir un Roi, comme toutes les nations, qui les jugeât, et sortît devant eux, et conduisît leurs guerres, que Dieu leur accorda ce qu'ils souhaitaient avec tant d'ardeur, il dit à Samuel  [5] : le t'enverrai un homme, et tu l'oindras pour être capitaine de mon peuple Israël, et il délivrera mon peuple des mains des Philistins : comme si toute l'occupation et tout l'emploi du Roi des Israé­lites ne consistait qu'à conduire leurs armées, et à combattre pour leur défense; aussi, lorsque Saül fut sacré, Samuel, en versant une fiole d'huile sur lui, lui déclara que  [6] le Seigneur l'avait oint sur son héritage pour en être le capitaine. C'est par la même raison et dans les mêmes vues que ceux qui, après que Saül eut été choisi solennelle­ment, et salué Roi par les tribus, à Mispah, étant fâchés qu'il fût leur Roi, ne firent d'autre objection que celle-ci  [7] : Comment nous délivrerait cet homme? Comme s'ils avaient dit, cet homme n'est pas propre pour être notre Roi, il n'a pas assez d'adresse, d'habileté, de conduite, de capacité pour nous défendre. Quand Dieu encore résolut de transférer le gouverne­ment et de le donner à David, Samuel parla à Saül de cette sorte  * : Mais maintenant ton règne ne sera point affermi. Le Seigneur s'est choisi un homme selon son cœur; et le Seigneur lui a commandé d'être capitaine de son peuple, comme si toute l'autorité royale n'était autre chose que l'autorité de général. Aussi, lorsque les tribus qui étaient restées fidèles à la famille de Saül, après sa mort, et s'étaient opposées de tout leur pouvoir au règne de David, allèrent enfin en Hébron, pour lui faire hommage, elles alléguèrent, entre les motifs qui les obligeaient de se soumettre à lui et de reconnaître son autorité, qu'il était effectivement leur Roi, du temps même de Saül, et qu'ainsi il n'y avait nulle raison de ne le pas recevoir et considérer comme leur Roi, dans le temps et les circonstances où ils se trouvaient  * * . Cidevant, quand Saül était Roi sur nous, tu étais celui qui menais et ramenais Israël : et le Seigneur t'a dit, tu paîtras mon peuple d'Israël, et seras capitaine

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