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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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reprendre.
    — Moïse est sur le chemin où le
conduit Yhwh. Il y est fermement accroché. Rien n’est achevé, bien au
contraire. Il accomplit la tâche qu’il est venu chercher ici.
    La main de mon père engloba la cour et
la montagne d’Horeb d’un même geste.
    — Je sais ce que tu penses, ma
fille. Cet Aaron et cette Miryam, le frère et la sœur, t’ont rejetée sans
ménagement. Ta peau de Kouch est devenue l’étendard de leur jalousie. Les
anciens du peuple de Moïse t’ont rejetée. Et même, il se peut bien que
l’Eternel t’ait rejetée Lui aussi. Voilà ce que tu penses.
    Il secoua la tête et souleva un sourcil
de la même manière que lorsqu’il me réprimandait, autrefois, pour m’être trompé
dans les écritures.
    — Tsippora, tu es plus fine et plus
forte que ce dépit. Ne laisse pas l’apparence des choses et les peines de ton
cœur te faire croire qu’il fait nuit quand le jour est déjà levé. Songe à
cela : qui sont aujourd’hui les fils d’Israël ? De pauvres diables
qui souffrent. De pauvres diables que Pharaon ne considère, depuis des lustres,
que comme des paires de pieds et des paires de mains. Ils ne savent pas ce
qu’ils savent ! Leur cœur est endurci par la souffrance. Ils vont d’un mal
à un mal, comme les mouches closes dans une cruche et qui ne sont plus capables
d’imaginer que le col de la cruche est béant. Ils voient une étrangère et ils
s’écrient : « Ah ! Quelle horreur, elle n’est pas comme
nous ! Elle a la peau noire, le Seigneur Yhwh l’a couverte d’obscurité, ne
l’approchons pas ! » C’est comme si, en voyant une fleur inconnue,
ils demandaient : « Quel est son venin ? » Tsippora, mon
enfant, n’oublie pas qu’ils sont perdus à eux-mêmes car Pharaon a massacré, à
coups de fouet et sous le poids de ses briques, ce qui était leur innocence
dans le cœur de Yhwh. Cette Miryam a raison. Si quelques-uns se tiennent encore
droits, droits comme l’homme et la femme sont nés pour l’être, c’est en
s’agrippant aux crevasses de leurs blessures comme on s’agrippe aux roches,
là-bas, pour grimper sur la montagne d’Horeb.
    Il prit le temps de retrouver son
souffle, posa la main sur ma cuisse et opina :
    — Les esclaves sont des esclaves
dans leur cœur autant que dans leur corps. Il faut du temps, pour courir loin
du fouet de Pharaon, il leur faudra du temps pour qu’ils s’éloignent des cordes
qu’il a nouées dans leurs esprits. Mais l’Éternel sait s’y prendre avec le
temps. Ils sont en chemin derrière Moïse. N’en doute pas, ma fille, n’en doute
pas ! Et ce jeune garçon, ce Josué, a raison. Tu reverras ton époux. Aie
confiance, Tsippora, ma douce. Laisse le temps de Yhwh engendrer la vie.
    *
    * *
    J’ai écouté la sagesse de mon père
Jethro et j’ai laissé le temps s’accomplir. Un drôle de temps.
    D’abord, ce ne fut que de l’attente. Des
lunes et des lunes où je regardais grandir Gershom et Eliezer. Des centaines
d’aubes où le nom de Moïse était sur mes lèvres, le souci de lui dans mes
offrandes au Seigneur Yhwh. Et tout autant de nuits où le désir de lui, la faim
de lui me réveillaient, en larmes.
    Une année s’écoula ainsi sans qu’une
nouvelle ne nous parvienne d’Égypte.
    — Les marchands d’Akkad ont-ils
disparu ? grondait mon père.
    — Les caravanes passent à nouveau
par Moab et Canaan, expliquait mon frère Hobab. Ces pays sont plus prospères
que jamais. C’est là-bas où il faut vendre et acheter.
    Pourtant, au plus chaud de l’été, un
chef de caravane vint demander l’autorisation de puiser de l’eau au puits
d’Irmna. Jethro s’empressa de le questionner sur son voyage et ses affaires.
L’homme leva les bras au ciel et clama qu’il revenait d’Égypte, où il avait
perdu presque tous ses biens tant le chaos régnait.
    — Ah ! s’exclama mon père avec
un grand sourire, raconte-nous.
    C’est ainsi que l’on apprit les prodiges
que le Seigneur Yhwh répandait chez Pharaon par la main de Moïse.
    — Tantôt c’est le Fleuve Itérou qui
se change en sang, racontait le marchand en roulant des yeux. Et quand il
redevient de l’eau, les poissons sont morts. Qui pourrait le croire ? Ah,
mais c’est bien la vérité. Et une vérité qui pue. Ah oui ! Quelle infection !
Même le sable du désert en puait ! Mais ce n’est pas tout. Cette
pestilence à peine dissipée, c’est le pays tout entier qui se recouvre

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