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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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cavalier ralentissait l’allure en arrivant à la hauteur d’un hôtel de belle apparence, cinq ou six hommes surgirent du renfoncement de la porte charretière et se jetèrent sur lui. L’un s’élança à la tête du cheval, les autres se pendirent à l’homme lui-même qu’ils n’eurent aucune peine à jeter à terre. Une lanterne, accrochée un peu plus loin, avait permis aux yeux aigus de Gilles de ne rien perdre de la scène. Un bref galop de Merlin qu’il fit cabrer et il fondait sur les malfaiteurs l’épée haute. Par deux fois la lame s’enfonça dans de la chair humaine tandis que, assommé par les sabots du cheval, un troisième s’écroulait contre le mur de l’hôtel. L’étranger, avec une étonnante souplesse pour un homme de sa corpulence, avait réussi à se relever et à tirer son épée. Il luttait courageusement contre deux spadassins. Sautant à terre, Gilles courut à lui, le débarrassa d’un de ses adversaires avec lequel il engagea le fer en constatant avec un certain étonnement qu’il portait un masque, comme d’ailleurs les autres malandrins.
    — Êtes-vous blessé, Monsieur ? demanda-t-il tout en ferraillant.
    — Non, un peu contusionné mais…
    Le reste de la phrase se perdit dans le fracas d’un coup de tonnerre qui se répercuta tout au long de la rue. À la même seconde l’orage éclatait. Les vannes du ciel s’ouvrirent, précipitant sur la terre une véritable cataracte qui fit voler la poussière avant de la transformer en boue épaisse puis en ruisseaux. Atteint à l’épaule, l’adversaire de Tournemine préféra en rester là et s’enfuit sans que le jeune homme cherchât à le poursuivre. Voyant son dernier compagnon prendre le large, celui de l’étranger sauta en arrière et, sans demander son reste, s’élança sur ses traces. Tranquillement, Gilles essuya son épée et la remit au fourreau.
    — Je vous dois sans doute la vie, Monsieur, dit l’étranger en fort bon français mais avec un accent italien prononcé, et vous m’avez rendu le plus grand service que l’on puisse rendre à un être humain… Mais pourquoi donc me suiviez-vous ?
    L’obscurité permit au jeune homme de rougir tout à son aise.
    — Comment savez-vous que je vous suivais ? Je suis cependant demeuré à bonne distance.
    — Je n’ai pas besoin de voir pour distinguer, ni d’entendre pour percevoir… mais il fait un temps à ne pas mettre un chrétien dehors. Me ferez-vous l’honneur d’accepter de boire avec celui que vous avez sauvé ? Je loge dans cette maison… ajouta l’étranger en désignant la haute porte cochère qui avait abrité ses agresseurs. Nous pourrons au moins causer au sec.
    — Volontiers, Monsieur. J’accepterai l’abri plus volontiers encore que le verre et pour mon cheval avec plus de joie encore que pour moi-même.
    — Alors, entrons !
    L’inconnu alla agiter la cloche dont la chaîne pendait le long d’un pilastre et, presque aussitôt, la lourde porte tourna sur ses gonds, laissant voir une cour de belles dimensions faiblement éclairée par deux lanternes placées de part et d’autre du perron et, abritée sous un parapluie grand comme une petite tente, la silhouette d’un gigantesque concierge auquel l’étranger s’adressa en une langue totalement inconnue de Gilles. L’homme se contenta d’un signe de tête pour toute réponse et prenant les brides des chevaux les entraîna vers le fond de la cour tandis que l’étranger guidait Gilles vers l’entrée de l’hôtel à travers une cour assez mal entretenue, et le faisait pénétrer dans une vaste et confortable bibliothèque habillée de chêne clair. En dépit de la température qui avait régné avant l’orage, un feu de plantes aux senteurs sauvages brûlait dans la cheminée de marbre gris. Il donnait plus de parfum que de chaleur et, grâce aux grands rideaux de soie rayée de gris et de brun clair, la pièce, malgré ses dimensions, donnait une agréable impression de confort et d’intimité.
    L’étranger se débarrassa de son manteau taché de boue, de son chapeau trempé qu’il jeta dans un coin et offrit à son visiteur la vue d’un homme pas très grand mais vigoureusement bâti et bien proportionné avec une légère tendance à l’embonpoint, élégamment corrigée par l’art du maître tailleur qui avait coupé l’admirable habit de soie rouge sombre dont il était vêtu avec des culottes et des bas de soie noire. La hauteur d’un front

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