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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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homme…
    — C’est vrai, fit Gilles en acceptant le verre qu’on lui tendait. Vous vous êtes aperçu que je vous suivais et vous m’en avez demandé la raison. Seulement, depuis, vous avez vous-même répondu à votre question puisque vous avez deviné… Dieu sait comment !… que j’étais amoureux ! C’est vrai, je le suis, et de la jeune fille avec laquelle vous avez passé la soirée. Maintenant me direz-vous comment vous pouvez connaître, ne m’ayant jamais vu, ces détails me concernant ?
    Cagliostro se mit à rire.
    — C’est bien peu de chose ! Votre visage et surtout votre voix m’ont dit que vous étiez breton. Certes, vous êtes beaucoup plus grand que la normale mais vos traits dénoncent la plus ancienne et la plus pure race celte. En outre, sans avoir d’accent, vous avez une façon presque imperceptible d’insister sur les consonnes qui m’a renseigné alors que j’hésitais encore un peu entre Normandie et Bretagne. Vous avez fait la guerre en Amérique, ce n’est pas difficile à deviner, c’est écrit sur votre poitrine. Vous êtes depuis peu à Paris car vous n’êtes pas encore versé dans les habitudes de la Société. Sinon vous sauriez que les goûts bucoliques de la comtesse de Provence et son amour de la discrétion l’ont incitée, sur les voitures dont elle ne se sert pas de façon officielle – par exemple pour ses visites de charité –, à faire peindre une simple rose au lieu de ses armes. Vous êtes célibataire parce qu’on ne court pas les rues la nuit quand, à votre âge, on est marié. Enfin vous êtes amoureux. En effet vous ne pouviez suivre que la personne que j’accompagnais tout à l’heure car pas un instant, lorsque je vous ai remarqué, alors même que nous suivions cette rue, je n’ai imaginé que j’étais l’objet de votre poursuite. Voyez-vous, je suis très peu connu encore à Paris où je viens rarement pour régler quelques affaires. J’habite actuellement Bordeaux où je me suis installé l’automne dernier venant de mes terres napolitaines.
    — Vous y êtes tout de même suffisamment connu pour que des hommes s’embusquent dans la porte de votre demeure, vous guettent et vous attaquent…
    — Quand je dis que vous ne connaissez pas Paris ! Le comte Ossolinski, maître de cette maison, est un seigneur polonais fort riche et je ne suis pas non plus un misérable. On en voulait à ma bourse, à mes bijoux, ajouta-t-il en étendant avec quelque complaisance ses belles mains chargées de bagues. Maintenant dites-moi ce que je peux faire pour vous car, naturellement, je souhaite ardemment acquitter ma dette envers vous.
    — Si ces gens n’en voulaient qu’à votre bourse, comte, la dette n’est pas grande et je vous en tiens quitte si vous me dites, tout simplement, quel genre de relations vous entretenez avec Mademoiselle de… Latour !
    — Très paternelles, je vous assure ! Elle est la nièce d’une aimable femme que j’ai eu la joie de soulager de quelques maux fort pénibles lorsque je suis venu, voici trois ans, soigner le maréchal de Soubise. Je leur rends visite fidèlement à chacun de mes voyages à Paris. Ce soir, nous avons fait ensemble une visite à des amis communs. Voilà tout le mystère. Mais reprenez donc de ce pâté, il est parfait… et encore un peu de ce vin, il met la joie au cœur.
    — Êtes-vous donc médecin ?
    — Je vous ai dit : je suis celui qui est ; j’aurais pu dire aussi je suis celui qui sait ! Oui, mon jeune ami, je suis médecin et, sans me flatter, peut-être le meilleur de tous car je soigne l’âme autant que le corps. Certains de mes malades ne peuvent se passer de moi et cela m’oblige à de nombreux voyages.
    L’instinct de Gilles lui disait que tout n’était pas absolument exact dans ce que disait cet homme. Quelque chose n’allait pas, ne « collait » pas mais il ne pouvait préciser ce que c’était. Peut-être l’explication était-elle trop simple, trop naturelle et rien de ce qui gravitait autour de l’étrange comtesse et du Monsieur ne pouvait être aussi simple. Pour en avoir le cœur net, il chercha à pousser son enquête sans trop avoir l’air d’y toucher.
    — Soignez-vous quelqu’un au palais du Luxembourg ? La comtesse, peut-être, ou Monseigneur lui-même ?
    — Monseigneur, en effet, veut bien faire appel, parfois, à mes modestes services quand ses maux le tourmentent par trop… encore qu’il n’en use qu’avec la plus

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