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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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absolument pas vous conduire à elle.
    — Oh ! Pourquoi ?
    — Parce que c’est impossible !
    — Mais la raison…
    — … est toute simple : Mlle de Latour n’est plus là. Elle a quitté le palais ce matin de bonne heure avec un sien parent, qui doit d’ailleurs être un peu le vôtre, non ? ajouta-t-elle avec un sourire moqueur. Avez-vous de la famille en Italie ?… Non, vous n’en avez pas, c’est écrit sur votre figure ! Eh bien, je ne peux vous dire que ce que j’ai appris moi-même : un seigneur italien est venu la chercher de la part de sa tante qui la demandait d’urgence. Mon Dieu ! ne faites pas cette tête-là, jeune homme ! Il n’est rien arrivé de mal à Julie, je vous en réponds ! ajouta-t-elle en voyant le visage de Gilles se décomposer sous la pluie d’une colère. Ce damné Cagliostro l’avait joué comme un enfant ! C’était lui, bien entendu, qui pour être bien certain que Gilles ne retrouverait pas celle qu’il aimait était venu la chercher dès l’aube. Et pour l’emmener où ? Presque machinalement il murmura :
    — Savez-vous où elle est allée ?
    — Chez sa tante, j’imagine !… Non, ne croyez pas que je veuille me moquer. Je vois que vous avez de la peine et je voudrais sincèrement vous aider. Vous ne connaissez pas cette tante, bien entendu ?
    — Non. Mais vous, Madame, vous savez peut-être son nom… et où elle demeure ?
    La dame aux rubans noirs ne répondit pas. Elle semblait soucieuse, tout à coup. Prise peut-être entre la sympathie que lui inspirait visiblement le jeune homme et un sentiment moins évident qui pouvait être la crainte, elle tirait nerveusement sur ses mitaines en se mordillant les lèvres. Ce fut la sympathie qui l’emporta.
    — C’est la baronne de Saint-Ange, jeta-t-elle brusquement. Julie l’appelle sa tante mais elle ne l’est pas vraiment : une cousine éloignée de sa mère, simplement.
    — Et elle habite ?
    — À Argenteuil. Mais n’y allez pas car vous ne la trouverez pas. Elle est partie il y a huit jours pour ses terres de Savoie. Voyez-vous, jeune homme, il se trouve que je connais Mme de Saint-Ange depuis longtemps. Je l’ai connue à Turin lorsque son défunt mari servait le duc Victor-Emmanuel III père de Madame et de la comtesse d’Artois. C’est même grâce à moi si sa nièce est entrée dans la maison.
    — Mais alors… elle est partie pour la Savoie ?
    — Peut-être… Je n’en sais rien. C’est possible… mais je ne crois pas ! Et ne me demandez pas pourquoi, ajouta-t-elle avec un début de colère, car je ne vous le dirai pas. Simplement je vous devine prêt à bondir sur n’importe quel cheval et à galoper à bride abattue jusque là-bas. Croyez-moi, vous y feriez chou blanc tout autant qu’à Argenteuil.
    — Je vois…
    Il hocha la tête, envahi par un amer chagrin. Le fil fragile qu’il avait eu tant de peine à retrouver venait de casser net entre ses mains. Où chercher à présent, où aller ? Au fond de quelle retraite cachée le maudit médecin avait-il emmené la jeune fille et pourquoi ? Était-il reparti avec elle pour Bordeaux ? Fallait-il aller jusque-là ? Et quels étaient donc les noms de ces hommes qui, là-bas, patronnaient le médecin et dont avait parlé, cette nuit, le cardinal ?… Sa mémoire brouillée par la peine lui faisait à présent défaut…
    Avec un soupir, il recula d’un pas, salua.
    — Pardonnez-moi, Madame, de vous avoir importunée. Et merci de m’avoir répondu.
    — Vous ne m’avez pas importunée, dit-elle avec beaucoup de gentillesse cette fois et je voudrais vous aider. Vous m’avez dit vous appeler… Tournemine, je crois ?
    — En effet !…
    — Eh bien quand Mlle de Latour reviendra… ou quand elle fera savoir de ses nouvelles, je vous enverrai un petit mot d’écrit à l’hôtel des Gardes du Corps. Je suis Madame Patri, première femme de chambre de Madame. Maintenant, sauvez-vous et laissez-moi aller à mon enterrement. Sinon j’arriverai à la fumée des cierges…
    Légère et gracieuse en dépit de son âge, elle s’éloigna dans le bruissement léger de ses robes poursuivie par le « Merci » chaleureux que lui lançait le jeune homme. Il la vit se fondre dans les derniers rangs de la foule qui s’écoulait lentement en direction de l’église Saint-Sulpice dont les cloches sonnaient le glas depuis un instant. Bientôt, il n’y eut plus dans la rue que Merlin attaché à son

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