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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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défendu de chercher Mlle de Saint-Mélaine mais on n’avait rien dit de Mlle de Latour…
    Le décor du quartier avait changé avec le jour. Le théâtre éteint semblait mort ; par contre les ouvriers avaient repris possession de leurs échafaudages et chantaient sous le ciel bleu où, très haut, filait le vol rapide des hirondelles. Toutes les fenêtres ouvertes montraient les servantes au travail armées de plumeaux et de chiffons ; certaines s’intéressant davantage d’ailleurs à ce qui se passait dans la rue qu’à leur ouvrage. D’autres, un grand panier à chaque bras, allaient vers le marché Saint-Germain ou en revenaient, trottant sous le poids des carottes, navets, poireaux, choux, salades et grosses pêches duveteuses dont débordaient leurs osiers. Beaucoup d’entre elles jetaient un coup d’œil rapide sur le cheval et le cavalier, certaines se retournaient. Or Gilles souhaitait pouvoir s’arrêter sans attirer l’attention.
    La chance le servit quand il atteignit la petite rue des Fossoyeurs 3 où il y avait grand concours de monde devant une maison d’assez belle apparence dont les volets clos et les tentures funèbres disaient assez qu’il y avait là un enterrement. Personne ne prit garde à ce jeune officier qui attachait son cheval à l’anneau d’une maison voisine, se mêlait un instant à la foule juste assez pour apprendre qu’il s’agissait d’un sculpteur connu nommé François Vernet et s’éclipsait discrètement pour remonter vers le Petit Luxembourg.
    Il n’avait pas de plan précis. Il voulait seulement voir de plus près et en plein jour la maison où vivait Judith… Peut-être aurait-il la chance de l’en voir sortir pour aller à une messe, par exemple à Saint-Sulpice ou au couvent voisin…
    Il attendit une grande heure sans que la jeune fille parût. La demeure du comte de Provence était étrangement tranquille et silencieuse. À l’exception des sentinelles qui montaient aux portes leur garde imperturbable, rien n’y bougeait ; toutes les fenêtres sur la rue étaient closes.
    Soudain, Gilles vit paraître une femme d’un certain âge vêtue comme une servante de grande maison d’une robe de soie noire sur laquelle un trousseau de clefs pendait. Un élégant bonnet garni de rubans noirs coiffait les cheveux gris et soignés de cette femme qui tenait sous le bras un livre de messe.
    Elle semblait pressée mais comme elle traversait la rue de Vaugirard en venant droit sur le jeune homme, celui-ci n’y tint plus : mettant le chapeau à la main, il la salua avec une grande politesse :
    — Pardonnez-moi de vous arrêter car vous semblez pressée, Madame, mais vous me voyez dans un grand embarras et je ne vois que vous qui puissiez m’en tirer…
    Un coup d’œil inquisiteur et un sourire malicieux sortirent de sous le bonnet de dentelle
    — Je n’aurais jamais cru pouvoir être d’un si grand secours aux armées de notre bon roi, fit-elle.
    — Pour les armées je ne sais pas mais pour moi j’en suis certain. Vous appartenez, j’imagine, à la maison de Madame ?
    — La belle devinette ! Vous venez de m’en voir sortir !
    — Soyez indulgente, je vous en prie, et ne me rendez pas la tâche trop difficile. Je voudrais savoir des nouvelles d’une personne qui habite elle aussi cette maison… une personne qui me touche de très près.
    — À votre choix, Monsieur, j’imagine, moi, que cette personne est jeune et jolie ! Nous n’en avons pas tellement ici. Me ferez-vous la grâce de me confier son nom ?
    — Mlle de Latour.
    — Ah !
    Ce « ah ! » était si bref que Gilles s’inquiéta.
    — Vous la connaissez au moins ?
    — Je la connais… Avez-vous oublié… que je vous ai dit mon désir d’avoir de ses nouvelles ?
    — Nullement : elle se porte à merveille !
    — Madame, Madame, fit le jeune homme au supplice, vous me torturez à plaisir ! Ces nouvelles, je souhaite de tout mon cœur les entendre de sa bouche. Ne pouvez-vous me conduire à elle ? Je n’ai, je vous le jure, que d’excellentes intentions. Je me nomme Gilles de Tournemine et je suis l’un de ses cousins.
    Cette fois la dame se mit à rire.
    — C’est ce que disent tous les amoureux du monde quand ils souhaitent approcher l’objet de leur flamme ! Je ne doute pas, Monsieur le Lieutenant, que vous ne soyez homme d’honneur, cela se lit dans vos yeux, mais je doute que vous soyez un cousin de Mademoiselle Julie. Cela dit, je ne peux

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