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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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velours crème d’une belle voiture dont le confort douillet avait été soigneusement étudié pour une femme délicate. Mme d’Hunolstein s’y installa de façon que la tête du blessé reposât sur ses genoux. Corvisart et Gildas, que l’on avait pansé et auquel on avait donné une houppelande fourrée, prirent place sur le devant, Barras reprit son cheval.
    — Faites vite, Florentin ! jeta la baronne à son cocher, mais essayez d’éviter le plus possible les cahots…
    D’une main légère, le cocher enleva ses chevaux ferrés à glace et l’équipage, glissant sur la neige plus qu’il ne roulait, partit le long du boulevard que les feux allumés par les différents postes de garde ponctuaient de brasiers rougeoyants. La porte de l’hôtel Lebrun se referma, cependant que, dans la maison d’à côté, le sieur Beausire entreprenait de débarrasser son logis des cadavres qui l’encombraient avec l’aide du seul de ses complices qui n’avait pas pris la fuite. Il n’avait aucune envie d’être pendu pour une poignée d’écus. Heureusement pour lui, la neige se remit à tomber dru, recouvrant les taches de sang et les traces du combat…
    1 .  L’achat devait se réaliser en février 1785, à peine deux mois plus tard.
    2 .  Place Vendôme actuelle.
    3 .  La famille comptait 13 branches.
    4 .  Place des Vosges actuelle.

CHAPITRE XIII
    AGLAÉ
    La chambre ressemblait à une infirmerie de campagne tandis que Nicolas Corvisart achevait de panser les blessures de Gilles. Ce n’étaient partout que paquets de charpie, linges sanglants, débris de vêtements découpés aux ciseaux qu’une camériste, à genoux par terre, rassemblait dans un panier. Le corps absolument inerte, étendu sur une table afin de faciliter l’examen et les soins, avait la beauté d’un marbre antique et l’immobilité tragique d’un transi de cathédrale. À chaque bout de la table un valet en livrée bleue brandissait un buisson de hautes bougies pour éclairer le médecin qui s’activait, les manches de sa chemise haut retroussées sur ses bras vigoureux. Assise non loin de la table, dans une débauche de dentelles blanches, Aglaé d’Hunolstein, presque aussi pâle que Gilles, regardait avec des yeux agrandis le visage aux yeux clos envahi d’une inquiétante teinte bleuâtre. On n’entendait rien d’autre que la respiration haletante du blessé, le cliquetis léger des instruments du médecin et, parfois, l’éclatement d’un tison dans la cheminée…
    — Allez-vous pouvoir le sauver ? murmura enfin la jeune femme.
    — Sincèrement je n’en sais rien !… Il est en piteux état. S’il n’y avait que les quatre blessures faites à l’épée j’en répondrais à coup sûr mais le coup de poignard dans le dos est beaucoup plus grave car le poumon est atteint… La fièvre monte…
    Il se mit avec deux doigts à taper de petits coups secs sur la poitrine découverte comme s’il cherchait à éveiller les échos de ses profondeurs.
    — Que faites-vous donc ? dit Aglaé.
    — J’emploie une nouvelle méthode d’examen, celle du médecin viennois Auenbrugger. Mon maître, Desbois de Rochefort, estime que c’est une méthode d’investigation infiniment plus précise que la palpation, surtout dans les affections de poitrine. Elle permet de délimiter le mal beaucoup plus sûrement 1 … Avez-vous enfin convaincu l’autre blessé d’aller se coucher et de boire le calmant que je lui ai préparé ?
    — Hélas non ! Il a voulu repartir à tout prix… il parlait d’une sœur infirme qui deviendrait folle d’inquiétude s’il n’était pas là au matin et quand je lui ai proposé d’envoyer chercher cette enfant, il a eu un drôle de sourire et il m’a dit que mes gens ne reviendraient peut-être pas vivants s’ils allaient là où il habite… « Les carrières de Montmartre ne sont pas un lieu où il fait bon se promener la nuit, Madame la baronne, a-t-il ajouté. Il faut que j’y aille moi-même… »
    — À Montmartre, par cette neige, à pied et blessé ? Mais c’est de la folie ! Il n’arrivera pas vivant !
    — Rassurez-vous. Je lui ai donné des vêtements chauds, un peu d’or pour qu’il fasse quitter à sa sœur cet abominable endroit et il vous attend dans le vestibule. Mon cocher le déposera à la Barrière des Martyrs après vous avoir déposé chez vous. Et il m’a promis de revenir…
    — Jamais de la vie ! Nous le déposerons avant moi. Je veux

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