Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
s’éteindre.
    Durant des jours et des nuits, son organisme en proie à un délire violent lutta inconsciemment contre la mort. La fièvre lui arrachait des cris, des supplications, des appels qui terrifiaient tous ceux qui l’approchaient et faisaient pâlir la femme immobile à son chevet. Parfois, aux prises avec ses phantasmes, le blessé hurlait des malédictions, des défis et des accusations si étranges qu’Aglaé, inquiète, allait s’assurer que portes et fenêtres étaient bien fermées pour que les domestiques, au moins, n’entendissent pas.
    Mais parfois aussi la voix haletante s’adressait, suppliante, à un fantôme invisible qu’elle appelait Judith, avec des accents d’amour si passionnés, si déchirants aussi que la silencieuse gardienne laissait ses larmes couler tandis que les doigts brûlants étreignaient sa main. Et, à d’autres instants, elle appliquait ses deux paumes sur ses oreilles, pour ne plus rien entendre.
    Alors, Pongo qui ne quittait la chambre de son maître ni de jour ni de nuit, la prenait doucement par le bras et la conduisait jusqu’au salon voisin où il l’obligeait à s’asseoir dans un fauteuil.
    — Cris mauvais !… dangereux, disait-il, causés par esprit mauvais ! Femme trop faible pour supporter…
    Winkleried et l’Indien étaient arrivés, en effet, comme une tempête une douzaine d’heures après que Gilles fut tombé sous les coups des meurtriers. Dès l’aube, Paul de Barras avait couru chez Lecoulteux pour se faire donner l’adresse du blessé et il avait galopé jusqu’à Versailles afin de prévenir la famille du jeune Breton si d’aventure il en avait eu. Il avait trouvé au moins aussi bien, sous les traits de Mlle Marjon qui avait éclaté en sanglots avant de se ruer à la plus proche église sans même prendre le temps de mettre un chapeau, sous ceux de Pongo qui n’avait pas soufflé mot mais qui était devenu gris et enfin sous ceux de Winkleried qui, fou de rage, avait failli l’étrangler pour lui arracher plus vite les renseignements.
    Guidés par Barras, les deux hommes étaient arrivés à l’Hermitage juste à temps pour en voir sortir le duc de Chartres qui se trouvait alors au château de Bagnolet et qu’Aglaé avait fait prévenir.
    — Je vous conseille de faire comme moi, messieurs : attendez, dit le duc qui avait reconnu le Suisse du premier coup d’œil. Les médecins sont auprès de votre ami. (Puis, se tournant vers Barras qui était un habitué du Palais-Royal et qu’il connaissait bien :) J’espère, vicomte, que vous aurez assuré à ces messieurs que je ne suis pour rien dans l’ignoble traquenard tendu à votre ami ? Je me rends de ce pas chez le Lieutenant de Police Lenoir pour exiger de lui qu’il fasse, sur cette lamentable affaire, une lumière pleine et entière. Je ne me tiendrai pour satisfait que lorsque le vrai responsable sera sous les verrous…
    — Monseigneur, coupa Ulrich-August, je crois être l’interprète du chevalier de Tournemine en suppliant Votre Altesse Royale de n’en rien faire. Elle causerait à Monsieur Lenoir des soucis bien encombrants car il ne pourra jamais prendre le véridique coupable.
    — Comment cela ? Voulez-vous dire…
    — Que le coupable est hors d’atteinte parce qu’il est placé trop haut ? dit Barras qui avait attentivement examiné le visage embarrassé du jeune Suisse. Je le croirais assez volontiers pour ma part…
    Philippe d’Orléans regarda tour à tour les trois hommes, hocha la tête.
    — Je vois. Eh bien ! nous nous contenterons pour commencer des comparses tels que ce Beausire par exemple… Vous n’avez rien contre, Barras ?
    Le Provençal se mit à rire.
    — Rien du tout, mais de ce côté-là aussi, Votre Altesse fera chou blanc. Je connais le bonhomme. Il aura tiré au large sans attendre son reste.
    — Eh bien, soupira le prince, il nous reste à espérer que le blessé ne mourra pas et pourra nous renseigner. Il aurait reconnu le chef de ses assassins ? C’est du moins ce que prétend le jeune homme qui l’a sauvé mais il n’a pas compris le nom prononcé par le chevalier…
    Jean-Nicolas Corvisart et Philippe Pelletan qui sortaient à ce moment de la chambre interrompirent la conversation. Mme d’Hunolstein les suivait et leurs mines à tous trois étaient si graves que chacun des assistants sentit son cœur se serrer.
    — Eh bien ? demanda le duc.
    — Il faut attendre, Monseigneur, dit Pelletan. Nous

Weitere Kostenlose Bücher