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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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dans un sommeil aussi profond que l’océan, un sommeil sans rêves tandis que la mort, déjà embusquée derrière le ciel de lit, s’envolait dans la nuit plus noire du petit matin…
    Le bienfaisant sommeil dura longtemps. Lorsque Gilles posa, pour la première fois depuis plusieurs semaines, un regard intelligent sur ce qui l’entourait, la douleur n’était plus qu’une légère difficulté à respirer et la fièvre, sous la forme d’une sueur abondante qui avait obligé ses gardiens à changer ses draps par deux fois, avait enfin abandonné le champ clos.
    Ses yeux découvrirent une grande chambre claire tendue d’un tissu bleu semé de fleurs, au milieu desquelles des bergers d’opéra-comique et des moutons enrubannés folâtraient, une cheminée de marbre blanc où flambait un feu de sapin qui embaumait, des meubles laqués blancs, d’un élégant modernisme, et puis, insolite à souhait dans ce décor résolument féminin, Pongo qui se tenait accroupi, jambes croisées, sur le grand tapis décoré de bouquets blancs et roses. Il était tellement immobile qu’il ressemblait à sa propre statue mais ses yeux brûlaient comme des chandelles dans son visage amaigri.
    — Pongo !… appela Gilles d’une voix si ténue qu’elle ne lui parut pas franchir la limite de ses lèvres.
    Mais l’ancien sorcier des Onondagas n’avait pas besoin d’entendre pour accourir. Déjà il était debout.
    — Maître ! souffla-t-il d’une voix incrédule où la joie n’osait pas encore dire son nom. Maître… toi… vivant. Toi voir, toi entendre ?…
    Pour la première fois de sa vie, Gilles vit une larme rouler sur la joue creuse de l’impassible Indien.
    — Oui… je crois, fit-il en essayant un sourire qui n’atteignit évidemment pas la perfection. Mais, dis-moi…, où est-ce que nous sommes ?
    — Vous êtes chez moi…
    Précédée d’un petit plateau d’argent où fumait une tasse, Aglaé, fraîche comme une laitue nouvelle dans une robe vert feuille, ses beaux cheveux noirs sans poudre haut relevés et brillants sous un soupçon de mousseline verte baptisé bonnet, faisait son entrée dans la chambre. Le sourire qui découvrait ses dents très blanches illuminait son visage.
    — Dieu merci ! fit-elle en déposant son plateau sur la table de chevet. Je crois que nous pouvons respirer et que vous voilà sauvé ! Comment vous sentez-vous ?
    — À peu près aussi solide qu’une poignée de sable. Mais je croirai vraiment que je vais mieux si je peux faire suffisamment travailler mon pauvre cerveau ramolli et découvrir sans aide en quel lieu et en quelles circonstances nous nous sommes rencontrés, Madame.
    — Le beau compliment que voilà ! Eh bien, cherchez ! Vous avez de la chance de nous avoir fait si peur car bien peu de femmes apprécient que l’on oublie leur première rencontre. Mais vous avez toutes les excuses. Voulez-vous que je vous aide ?
    — Non, non… Ma mémoire n’est seulement pas encore bien débarrassée de ses brouillards. Attendez… Il me semble… Oui ! Le salon du sieur Hue, le restaurateur ! Vous m’avez sauvé d’un crime de lèse-altesse contre le duc de Chartres… Malheureusement on ne m’a pas dit votre nom.
    — Bravo pour la mémoire ! Quant au reste, je suis Aglaé de Barbentane, baronne d’Hunolstein. Cette demeure est un pavillon qui se nomme l’Hermitage, situé sur la route de Bagnolet, aux confins du parc du château. Je la loue à son propriétaire, un gouverneur de province, parce que je m’y trouve près de mes amis d’Orléans et plus à l’aise que dans mon hôtel du faubourg Saint-Germain. Au reste elle est enclavée dans les murs du domaine.
    « Et maintenant que vous savez l’essentiel, cessez de parler car vous allez vous fatiguer. Et puis, buvez ceci.
    Aidée par Pongo, elle souleva les oreillers afin de permettre au malade de boire la tisane additionnée de miel qu’elle avait apportée. Il l’avala sans protester mais fit la grimace.
    — Faut-il que je boive uniquement des herbes ? Je donnerais un semestre de solde pour une grande tasse de café ! Il me semble que cela me rendrait des forces.
    — Si le docteur en est d’accord, vous aurez votre café, mais, pour l’amour de Dieu, cessez de parler et de vous agiter ainsi. Songez qu’il y a trente-six heures vous étiez mourant !
    Il eut un pâle sourire tandis que les bras amicaux qui le soutenaient le reposaient dans le lit. Ce simple mouvement où,

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