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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’Agout, vous ne devez pas le quitter.
    Gilles s’inclina et pénétra dans la chambre à la suite du prélat qui, à peine la porte refermée, se tourna vers lui.
    — Vous êtes breton et je suis Rohan, Monsieur de Tournemine. Puis-je me fier à votre honneur ?
    — Oui, Votre Éminence… pour tout ce qui n’est pas contraire à la fidélité que je dois au Roi !
    — Cela va sans dire. Si j’eusse atteint les sommets que l’on m’avait laissé espérer, je vous eusse accordé toute ma protection. C’était un rêve fou, je le sais bien, et je me vois aussi contraint d’y renoncer. Néanmoins, voulez-vous bien faire à un malheureux prisonnier d’État l’aumône d’un service ?
    — De tout mon cœur ! s’écria le jeune homme avec une ardeur dont il ne fut pas le maître. La noblesse et la grandeur avec lesquelles cet homme, élevé si haut par sa naissance, supportait la catastrophe qui venait de s’abattre sur sa tête forçait son admiration.
    Vivement, alors, le cardinal ouvrit sa simarre, sa chemise et prit, à son cou, un petit sachet de soie rouge brodé des huit mascles d’or qui constituaient les armes de sa famille. Une chaîne d’or fin le soutenait. Il la fit passer par-dessus sa tête et mit le tout dans la main du jeune homme.
    — Il y a là une lettre… et un portrait. Brûlez la lettre, mais gardez le portrait. Si je recouvre un jour la liberté, vous me le rendrez car il sera ma consolation. Si je meurs en prison, gardez-le comme un témoignage de l’amitié que je n’aurai pas eu le temps de vous donner.
    Avec respect, Gilles baisa le sachet, geste qui fit monter des larmes aux yeux du cardinal, puis le mit dans la poche intérieure de sa veste.
    — Je le rendrai un jour à Votre Éminence, affirma-t-il tout en l’aidant à se débarrasser de ses moires rouges au profit d’un habit noir infiniment plus simple. Il n’y a aucune raison pour que le Roi vous tienne en prison jusqu’à la fin de vos jours.
    Avec un sourire amer, le cardinal, qui achevait de nouer son jabot, se tourna vers le jeune homme.
    — Savez-vous de quoi l’on m’accuse, chevalier ?
    — D’avoir déplu au Roi… ou à la Reine, je pense !
    — Si ce n’était que cela ! On m’accuse d’avoir volé un collier de diamants… un collier que la Reine elle-même m’avait chargé d’acheter pour elle !
    La protestation jaillit des lèvres de Gilles avant même qu’il ait eu le temps d’y penser.
    — Mais ce n’est pas vous qui l’avez volé ! C’est Mme de La Motte !…
    Le cardinal le regarda avec une sincère stupeur.
    — Pensez-vous réellement ce que vous dites ? Cette femme si charmante, cette amie si parfaite…
    — Est la pire des rouées ! Sur mon honneur, je pense chacun des mots que je dis… et Cagliostro les pense encore plus que moi !
    Il y eut un silence.
    — Cagliostro ! soupira Rohan… pourquoi ne l’ai-je pas écouté ! Tant de fois il a essayé de me mettre en garde ! Lui aussi joue un jeu étrange, mais je crois qu’il m’aime bien !
    Le duc de Villeroi, en entrant dans la chambre, mit fin à l’entretien. Il eut un geste d’approbation en constatant que le prisonnier était prêt et salua.
    — Avec votre permission, Monseigneur, nous allons partir.
    — Où me conduisez-vous ?
    — Chez vous, à l’hôtel de Rohan-Strasbourg d’abord… puis à la Bastille !
    — Ah !…
    Traçant vivement le signe de la bénédiction sur le front du chevalier qui s’agenouilla, il quitta enfin l’appartement où il ne devait jamais revenir…
    Dans le joyeux ruissellement de cette belle journée de l’Assomption, Gilles regarda s’éloigner, environné d’un escadron de Gardes de la Prévôté à cheval, le carrosse qui emportait le Grand Aumônier de France vers une prison d’État… Il était midi.
    Rentré chez lui, il fit allumer du feu par Pongo dans la cheminée de sa bibliothèque puis lui demanda de le laisser seul. Alors, il tira de son habit le sachet de soie rouge, l’ouvrit et en tira effectivement deux objets : un petit billet au parfum fané, au papier vieilli, à l’écriture maladroite et décolorée qu’il jeta dans les flammes sans autoriser son regard à s’attarder même sur un mot de la suscription et un petit portrait serti dans un cadre d’or et de saphirs. Et ce portrait c’était naturellement celui de la Reine…
    Pourtant, le sourire espiègle que le peintre avait si bien reproduit sur 1’étroite

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