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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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moquait. « Non, finit-elle par répéter, je ne t’abuse pas. Alors, maudit corbeau, grinça-t-elle, Dieu t’aidera-t-il à découvrir pourquoi je n’étais pas là et comment j’ai sauvé le balafré ? »
    Calmés fixa Toussaint :
    — Toi, aurais-tu su répondre ?
    — Elle n’était pas au Pont-Neuf, murmura-t-il. Pourtant elle m’a aidé à naître. C’est impossible…
    — Réfléchis, l’encouragea le jésuite. Prends ton temps. Moi, je n’en ai eu guère le loisir. J’étais tel Œdipe interrogé par le Sphinx 3 . Si je ne résolvais pas son énigme…
    — La garce ! jeta Delaforge. Elle n’inventait pas…
    — En effet. Et pourquoi ?
    — La question était mal posée…
    — Continue…
    — Partons du principe qu’elle était aux côtés de ma mère…
    — Bon début.
    — Mais pas sur le quai.
    — Donc…
    — Ma mère n’a pas accouché où Marolles le prétendait.
    C’était vrai. Et Calmés vit dans la vivacité de son ancien élève l’illustration des bienfaits de son éducation.
    — Tu es né rue de la Tonnellerie, dans une cave, précisa-t-il. La vieille Paillard a méchamment ajouté qu’il y avait plus de rats que sur le quai.
    — Qu’est devenue ma mère ? demanda son fils en étouffant l’émotion qui l’assaillait.
    — Elle serait morte en couches.
    — Peut-être, fit entendre Delaforge entre ses dents. Une seule chose est certaine : Marolles a menti !
    — Oui et non, murmura Calmés.
    — Il a menti ! répéta l’orphelin de plus en plus hors de lui.
    — Fichtre ! s’emporta à son tour le jésuite. Quand arriveras-tu à prendre les choses une à une, à te féliciter des progrès et à chercher à savoir ce que t’apprend ce que tu as découvert ?
    — Né dans une cave, bougonna l’ancien élève. Voilà qui n’est pas mieux que sur un quai…
    — La nouvelle n’a rien de réjouissant, je te l’accorde, mais il devient certain que ton parrain t’a recueilli. Du moins, je le crois, car Paillard a évoqué la présence d’un corbeau – c’est le nom qu’elle donne à tous les prêtres, et à moi en premier. Il serait donc venu te chercher peu après ta naissance. Et pourquoi ? Voilà la seule question intéressante…
    — Il a abandonné ma mère !
    Toussaint n’écoutait pas, affecté, détruit par la scène qui se précisait : une femme mourante, et Marolles ne faisant rien pour elle.
    Le préfet de discipline comprit ce qui passait devant les yeux du balafré.
    — Paillard soutient qu’elle avait déjà rejoint le Seigneur…
    Mais lui-même ne semblait y croire et Toussaint le sentit.
    — Que me cachez-vous, mon père ?
    — Rien. Je le promets. Mais quelque chose ne va pas…
    — Vous doutez de la sincérité de cette sorcière ?
    — Elle n’a pas voulu en dire en plus, mais je sens qu’elle porte un poids. Comme si elle se sentait responsable de la fin de ta maman.
    — Elle l’a tuée, je vous l’ai déjà dit !
    — C’est peut-être un accident… L’incompétence, le vin, la sottise soufflée par le diable…
    — Cela revient au même. Pour moi, elle est coupable.
    Calmés hésitait.
    — J’ai sondé nombre d’âmes noires. Aucune créature de Dieu ne pourrait ôter la vie d’une mère devant son enfant.
    Devant tant d’innocence, le plus jeune haussa les épaules :
    — C’est une sorcière ! Vous l’avez reconnu.
    — Que fais-tu de Marolles ? N’oublie pas qu’il est prêtre. Non, c’est impossible. Il n’aurait pu être témoin d’un tel acte sans agir…
    — Votre esprit s’y refuse, pourtant, vous savez que le pire peut s’être produit.
    — C’est impossible, répéta-t-il en baissant la tête.
    — J’ai vu couler le sang, j’ai donné la mort, rétorqua le lutteur des arènes. Je n’ai pas besoin de confesser les créatures de Dieu pour mesurer de quoi elles sont capables. Paillard me dira ce qu’elle n’a pas osé vous avouer !
    Toussaint se leva d’un bond. Il se mit à tourner comme un lion en cage, et Calmés le crut capable de filer sur-le-champ faire rendre gorge à la vieille folle, si elle vivait encore.
    — Mesures-tu la ruse et la patience dont j’ai usé pour obtenir tout cela ? Me crois-tu stupide au point de m’être laissé abuser par cette sorcière ? Elle a tout raconté. Alors, vas-y ! Tu n’apprendras rien de plus. Vas-y et tue encore ! Et détruis-toi davantage quand, moi, je m’échine à te sauver !
    — Tout l’est déjà. Détruit. Ruiné. Anéanti. Par la faute

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