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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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juvénile et désordonné.
    — D’évidence, ta mère n’était pas une inconnue pour Marolles. Il reste à découvrir, dit-il, pourquoi il s’est intéressé à toi. C’est après qu’il faudra agir – et penser, peut-être, à la réparation…
    Toussaint écoutait. On s’intéressait à Marie, à sa mère, et de façon honnête. On ne la traitait pas de catin comme l’ignoble fils du marquis de La Place. On cherchait à savoir ce qui l’unissait à ce clan maudit.
    — Qui était-elle pour Marolles ? fit entendre Calmés comme s’il s’interrogeait.
    — Une servante des Voigny, se jeta à l’eau Delaforge.
    — Comme le sais-tu ? s’étonna Passe-Muraille .
    — Berthe, la cuisinière du marquis, me l’a dit quand je suis revenu rue de la Couture-Sainte-Catherine, le jour de mon départ de Montcler.
    — Voilà qui explique ta colère. Et nourrit ma… théorie. Intéressant…
    Il soupira fortement :
    — Quoi de plus ? M’apprendrais-tu d’autres choses que j’ignore ?
    — Un des fils Voigny, un soldat vaniteux, a soutenu que la servante… Marie, hésita-t-il, était enceinte en entrant au service du marquis. Elle en serait partie très vite, et Marolles l’aurait trouvée par hasard…
    — De mieux en mieux ! Tout cela va dans le bon sens.
    Il se frotta les mains :
    — Je doute que le révérend Marolles se soit penché sur le cas d’une fille-mère, encore moins sur son enfant, par souci de charité. Non, il était en mission. Et devines-tu pourquoi ?
    Toussaint tendait le cou.
    — Parce que tu n’es pas l’enfant de n’importe qui. Aussi, ne peux-tu agir n’importe comment.

    C’était peut-être vrai. Calmés semblait convaincu. Marolles avait veillé sur le garçon parce qu’il était le bâtard d’un père illustre et il y avait peu à faire pour murmurer le nom de Philippe de Voigny, chef d’une famille honnie. Le secret se résumait au classique libertinage du vieux noble libidineux puisant chez les jeunes servantes. Il engrossait, il se débarrassait. La réputation du marquis donnait du crédit à cette pitoyable hypothèse. Veuf et vert à la fois, connu pour ses escapades sur des terres d’Anjou, où il ne câlinait pas que la croupe des vaches, le marquis de La Place réunissait sous ses traits chafouins le caractère du lubrique, esclave de ses sens.
    Restait à deviner pourquoi il s’était intéressé au cas de l’enfant. L’action du révérend Marolles, lui insufflant des remords, expliquait-elle cette volte-face ? Le marquis entendu en confession, et avouant sa faute, le prêtre avait ordonné trois Pater et peut-être exigé que la fille et le nouveau-né soient au moins secourus. À contrecœur, le pécheur s’était soumis, chargeant en retour Marolles de la besogne. Et ce dernier n’avait pu que constater la mort de Marie, prenant alors son fils dans ses bras et le ramenant chez le fautif. Ainsi s’expliquait combien l’orphelin avait été toujours détesté, sa présence à peine supportée et que, ses sept ans venus, il fut expédié à Montcler. Par la même occasion, s’éclairait le mépris de François de Voigny, traitant la mère de Toussaint de catin pour l’avoir tant de fois entendu d’un père lâche, cachant sous les insultes la vérité crue, si désagréable pour lui. Fils du marquis de La Place et demi-frère bâtard des héritiers ?
    La scène avait de l’allure et pourtant, elle ne satisfaisait pas Toussaint. Il voulait l’entendre ; qu’il soit enfin reconnu. La meilleure façon consistait à questionner le coupable et Marolles, son complice. Mais Calmés plaidait contre, expliquant qu’en l’état, au sortir des arènes, Delaforge ne ferait qu’aggraver son cas. Il n’obtiendrait rien. Pis, il l’empirerait. Il fallait donc attendre, devenir à nouveau fréquentable , se faire une place dans ce monde en acceptant ses lois et ses règles. Et, le moment venu, démasquer l’imposture. Comment ? Dans combien de temps ? Passe-Muraille se gardait de répondre, sans doute parce qu’il refusait l’idée du châtiment, prérogative réservée à Dieu. Du moins, il ne l’imaginait pas, tant la vengeance se montrait contraire à ses opinions. Et Toussaint ne fit rien pour le presser sur ces questions qui l’auraient mis mal à l’aise. Maintenant qu’il savait tout, son plan s’imposait avec force et netteté. Et en matière d’expiation, il ne manquait pas d’idées.
    Comme tout était dit, Calmés partit. Il lui

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