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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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amis du monde , comme il ose l’affirmer ? Ravort a aussi accepté parce qu’il craint pour sa vie. Les menaces de mort en cas de dénonciation ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Et selon l’adage, qui ne risque rien n’a rien. Il a misé pour voir de quoi était capable l’ancien collégien de Montcler et ne songe pas – du moins, pour le moment – à changer d’avis, d’autant que les fonds du manchot semblent inépuisables. Ravort ignore que mille livres ne sont rien pour celui qui détourne sa part sur les chantiers de Le Vau. Avant de rejoindre Versailles, Delaforge a soustrait vingt mille livres sur la construction du collège des Quatre-Nations et dix mille encore sur un prêt accordé par Colbert pour la manufacture de fer-blanc du Nivernais. Adroitement, le second n’oublie toutefois pas de servir son maître et tient les comptes les plus justes, conservant dans un cahier noir la trace des malversations. Sait-on jamais… s’il fallait se défendre.
    Et tout irait bien de ce côté, si, l’autre jour, alors que Ravort lui fournissait le résultat de son enquête à propos des propriétaires des maisons éparses du futur quartier Saint Louis, l’épouse de Pontgallet n’avait pointé son nez… Voilà où construire des auberges, calculait Delaforge, et Ravort, l’increvable, se voyait riche, même si sa part se limitait à un tiers. Puis, ils avaient levé les yeux en entendant du bruit. Marguerite écarquillait les siens. Le diable manchot lui faisait face. L’affrontement avec le tueur de son fils et le père d’Amandine durait, n’en finissait pas. Son ventre se tordit de douleur et elle crut vomir. Il lui fallait de l’air, vite. Elle étouffait. Elle trouva le salut en tournant les talons, fuyant sans se retourner, sans prononcer un mot.
    — Elle habite à Versailles ? glissa froidement Delaforge alors qu’elle disparaissait.
    — Chez Dubec, je crois, répondit Ravort. C’est la veuve d’un maçon…
    Toussaint encaissait, mais ne montrait rien.
    — Elle vient de s’installer avec sa fille et un autre type, le mari de la jeune.
    — Je veux tout savoir sur elle…
    Le Tordu ne demanda pas pourquoi. Il trouverait aussi pour quelle raison cette femme plutôt belle dérangeait son associé.

    Ce soir de mai 1664, le marquis de La Place décide qu’il est temps de quitter Versailles. Il va s’esquiver quand une femme au regard mutin s’avance. Alors le séducteur se réveille, bombe le torse, détaille l’inconnue, prêt à braconner.
    — Comtesse de Saint-Bastien se présente-t-elle cavalièrement.
    La Place se souvient d’un vieux gentilhomme passionné par les insectes ayant épousé une beauté formidable peu avant de mourir.
    — Je souhaite vous parler d’Antoine, votre fils.
    La voix est sensuelle. Un instant, le jugement qu’il porte sur sa descendance s’améliore. Son rejeton aurait-il eu affaire à elle ?
    — Il court un grand danger.
    Que veut l’aventurière ?
    — Il vit sous le joug d’un être diabolique, Toussaint Delaforge, lâche celle qui a décidé de se venger.
    La Place se fige. Delaforge ! Il croyait ne plus jamais en entendre parler, mais cette sangsue s’accroche à ses basques. N’en aura-t-il donc jamais fini avec l’orphelin ?
    1 - Le Camp du Drap d’or fut le cadre d’une rencontre capitale entre François I er et Henri VIII, roi d’Angleterre, en juin 1520. Malgré le faste que le roi de France y montra (ou à cause de lui), l’entrevue échoua.

    2 - Le poème de Ronsard, Mignonne, allons voir si la rose , est adressé à Cassandre.

    3 - En réalité, les fêtes se prolongeront quelques jours.

    4 - Expression pour le moins péjorative marquant le fossé séparant la noblesse de robe de celle d’épée. Un titre (une charge) de conseiller du roi, par exemple, acheté au prix fort, servait, selon la noblesse d’épée, de savonnette à vilains et, en somme, nettoyait et curait le passé roturier de ceux qui n’étaient pas de l’aristocratie, la vraie noblesse, celle d’extraction.

Chapitre 38
    L E VOYAGE DÉBUTE BIEN . Antoine de Voigny file sur Toulon et un temps idéal l’accompagne. Depuis Lyon, le ciel est éblouissant de bleu. Plus il s’éloigne de Paris, plus le climat s’arrange, se répète-t-il en songeant à celui de ses affaires. L’éloignement physique agit sur le moral. Il croit être sauvé quand il ne fait que fuir. Voilà dix jours, il a tout quitté sur un coup de tête et ne le

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