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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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plaidez-vous coupable ou non coupable   ? »
    Je me suis levé et j’ai dit   : « Ce n’est pas moi mais le gouvernement qui devrait se trouver dans le box des accusés. Je plaide non coupable. »
    « Accusé numéro deux, Walter Sisulu, plaidez-vous coupable ou non coupable   ? »
    Sisulu   : « Le gouvernement est responsable de ce qui est arrivé dans ce pays. Je plaide non coupable. »
    Le juge De Wet dit que les discours politiques ne l’intéressaient pas, et que nous devions simplement indiquer si nous plaidions coupables ou non coupables.
    Pour renforcer le côté théâtral du procès, le gouvernement avait prévu une retransmission en direct du discours de Yutar sur la SABS (South African Broadcasting System, radiodiffusion sud-africaine). On avait disposé des micros sur la table du procureur et sur celle du juge. Mais au moment où Yutar s’éclaircissait la gorge, Bram Fischer se leva et demanda au tribunal qu’on enlève les micros parce que la radiodiffusion donnerait un préjugé défavorable à l’affaire et que cela n’était pas en accord avec la dignité de la cour. Malgré les protestations de Yutar, le juge De Wet ordonna qu’on retire les micros.
    Dans sa déclaration, Yutar soutint qu’à partir du moment où l’ANC était passé dans la clandestinité l’organisation s’était lancée dans une politique de violence destinée à aller du sabotage à la guerre de guérilla et à l’invasion armée du pays. Il affirma que nous avions prévu de déployer des milliers d’unités de guérilleros entraînés dans tout le pays, ces unités n’étant que le fer de lance d’un soulèvement qui serait suivi de l’invasion armée d’unités militaires appartenant à une puissance étrangère. « Au milieu du chaos, des troubles et du désordre qui en auraient résulté, proclama Yutar, les accusés avaient prévu d’instaurer un gouvernement révolutionnaire provisoire pour s’assurer de l’administration et prendre le contrôle du pays. » Le moteur de ce vaste projet, c’était Umkhonto we Sizwe, sous la direction de l’ANC et du Parti communiste   ; le quartier général d’Umkhonto se trouvait à Rivonia.
    Dans sa prose emphatique, Yutar décrivit comment nous recrutions les membres de MK, comment nous avions planifié le soulèvement national en 1963 (là, il confondait avec le PAC), comment nous avions construit un puissant émetteur radio à Rivonia et comment nous étions collectivement responsables de deux cent vingt- deux actes de sabotage. Il expliqua qu’Elias Motsoaledi et Andrew Mlangeni étaient chargés du recrutement des membres et que Dennis Goldberg dirigeait une école spéciale pour recrues au Cap. Il donna en détail la production de différentes sortes de bombes ainsi que les demandes d’argent à l’étranger.
    Au cours des trois mois suivants, l’accusation appela cent soixante-treize témoins et versa au dossier des milliers de documents et de photos, y compris des œuvres classiques du marxisme, des histoires de la guerre de guérilla, des cartes, des plans, et un passeport au nom d’un certain David Motsamayi. Le premier témoin était un photographe de la police qui avait pris des photos de Rivonia et les témoins suivants étaient des ouvriers de la famille Goldreich, qui avaient été détenus pendant tout ce temps, bien qu’ils n’eussent aucun lien avec les activités politiques de Rivonia. Ces domestiques nous identifièrent pour la plupart en nous montrant du doigt, mais le vieux Mr. Jelliman essaya courageusement de m’aider en prétendant ne m’avoir jamais vu quand on lui demanda de montrer l’accusé numéro un. « Regardez encore, lui dit le procureur. Observez bien tous les visages. —  Je ne crois pas qu’il soit ici   », répondit calmement Jelliman.
    Nous nous demandions de quels éléments disposait le gouvernement pour prouver ma culpabilité. Je me trouvais à l’étranger ou en prison pendant la plus grande partie de l’organisation de Rivonia. Quand j’avais vu Walter à Pretoria Local juste après ma condamnation, je lui avais demandé qu’il s’assure que tous mes livres et mes papiers avaient été retirés de la ferme. Mais au cours de la première semaine du procès, quand Rusty Bernstein demanda une libération sous caution, Yutar produisit de façon spectaculaire le croquis du Fort et la note sur l’évasion qui l’accompagnait et que j’avais rédigée alors que je m’y trouvais. Yutar

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