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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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George Bizos expliqua que si par nos témoignages nous ne réussissions pas à convaincre le juge que nous n’avions pas choisi la guerre de guérilla, il déciderait sans aucun doute la peine capitale.
    Dès le début, nous avions clairement montré que nous voulions utiliser le procès non comme une application de la loi mais comme une tribune pour exprimer nos convictions. Par exemple, nous ne nierions pas notre responsabilité dans des actes de sabotage. Nous ne nierions pas qu’une partie d’entre nous avait abandonné la non-violence. Ce qui nous intéressait, ce n’était pas d’échapper à une condamnation ni l’atténuer, mais d’utiliser le procès pour renforcer la cause pour laquelle nous combattions  – quel que soit le prix à payer. Nous allions moins nous défendre au sens légal du terme qu’au sens moral. Nous considérions le procès comme une continuation de la lutte par d’autres moyens. Nous accepterions de reconnaître ce que l’accusation savait être vrai mais nous refuserions de donner toute information que nous jugions susceptible d’en impliquer d’autres.
    Nous contesterions l’affirmation centrale de l’accusation selon laquelle nous nous étions lancés dans la guerre de guérilla. Nous accepterions de reconnaître que nous avions établi des plans pour entreprendre éventuellement une guerre de guérilla au cas où les sabotages échoueraient. Mais nous affirmerions qu’ils n’avaient pas encore échoué parce qu’on ne les avait pas encore suffisamment utilisés. Nous nierions les accusations d’assassinat et de torts causés à des victimes innocentes   ; il s’agissait d’affirmations entièrement mensongères, ou ces incidents étaient l’œuvre de quelqu’un d’autre. Nous n’avions jamais envisagé l’intervention de forces armées étrangères. Afin d’étayer nos affirmations, nous avons pensé que nous devions expliquer l’Opération Mayibuye.
    En ce qui me concernait, la cour avait suffisamment de preuves pour me condamner. Des documents écrits de ma main montraient que j’avais quitté le pays illégalement, que j’avais organisé l’entraînement militaire de nos hommes et que j’avais été derrière la formation d’Umkhonto we Sizwe. Il y avait aussi un document écrit de ma main, intitulé « Comment devenir un bon communiste   », que l’accusation présentait comme la preuve de mon inscription au Parti communiste. En fait, le titre de ce document était celui du livre d’un théoricien chinois, Liu Shaochi, et je l’avais rédigé pour prouver quelque chose à Moses Kotane. Nous discutions de l’intérêt du communisme pour les Africains ordinaires. J’avais longuement expliqué que la littérature communiste était, pour la plus grande part, ennuyeuse, ésotérique, centrée sur l’Occident, et qu’elle aurait dû être plus simple, claire et adaptée aux masses africaines. Moses affirmait que c’était impossible. Pour prouver ce que je disais, j’avais pris l’essai de Liu Shaochi et je l’avais réécrit pour un public africain.
     
    Je serais le premier témoin et par conséquent je donnerais le ton de la défense. En Afrique du Sud, les dépositions des témoins ne peuvent être que la réponse précise à une question. Je ne voulais pas m’enfermer dans ces limites. Nous avons décidé qu’au lieu de déposer comme témoin je lirais une déclaration dans le box, tandis que les autres témoigneraient et répondraient à un contre-interrogatoire.
    Parce qu’un témoin qui fait une déclaration dans le box des accusés n’a pas à répondre à un contre-interrogatoire ni aux questions du juge, sa déclaration n’a pas le même poids juridique qu’un témoignage ordinaire. En général, ceux qui choisissent cette procédure le font pour échapper à un contre-interrogatoire. Nos avocats m’avertirent que cela me mettrait dans une situation juridique plus précaire   ; tout ce que je dirais dans ma déclaration concernant mon innocence ne serait pas pris en compte par le juge. Mais ce n’était pas notre principale priorité. Nous pensions qu’il était important d’ouvrir notre défense avec l’exposé de notre politique et de nos idéaux afin de définir le contexte de tout ce qui en découlait. J’aurais bien aimé croiser le fer avec Percy Yutar, mais il nous apparaissait plus important d’utiliser cette tribune pour éclairer nos revendications.
    Nous nous mîmes d’accord sur tout cela

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