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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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hommes avaient du mal à garder leur calme car les remarques de Mr. Hynning les mettaient en colère. Ils supportaient mal qu’on l’ait autorisé à venir nous voir. D’habitude, les visites nous plaisaient, mais rencontrer quelqu’un qui manifestait un tel parti pris et si peu de compréhension nous décourageait. C’était peut-être le but recherché. Finalement, Hynning a tourné les talons et s’en est allé sans même nous dire au revoir. Nous n’étions pas mécontents de le voir partir.
    Par la suite, nous avons parlé pendant des années de Mr. Hynning et beaucoup s’amusaient à imiter sa façon de s’exprimer. Nous n’avons jamais eu de ses nouvelles et, grâce à lui, l’Association des avocats américains ne s’est pas fait d’amis à Robben Island.
    63
    En prison, tous les condamnés sont répartis par les autorités en quatre catégories   : A, B, C et D. La catégorie A est la plus élevée et donne le plus de privilèges   ; D est la plus basse et elle en donne le moins. Tous les prisonniers politiques, ou ce que les autorités appellent « prisonniers de sécurité   », sont automatiquement mis dans la catégorie D lors de leur arrivée. Les privilèges comprennent les visites et les lettres, les études et la possibilité d ’ acheter un peu d ’ épicerie  – autant de choses vitales en prison. Normalement, il faut des années pour qu ’ un prisonnier politique s ’ élève de la catégorie D à la catégorie C.
    Nous méprisions ce système de classification, corrupteur et dégradant, et nous le considérions comme une façon supplémentaire de réprimer les prisonniers en général et les politiques en particulier. Nous demandions qu’on mette tous les prisonniers politiques dans une seule catégorie. Mais tout en le critiquant, nous ne pouvions l’ignorer   : le système de classification était une caractéristique intangible de la vie en prison. Si l’on protestait parce qu’en tant que prisonnier de la catégorie D on ne pouvait recevoir qu’une lettre tous les six mois, les autorités répondaient   : améliorez votre comportement, passez dans la catégorie C et vous pourrez recevoir deux lettres tous les six mois. Si l’on se plaignait de ne pas avoir assez à manger, les autorités rappelaient que, dans la catégorie A, on pouvait recevoir des mandats et acheter de quoi manger à l’annexe de la cantine. Même un combattant de la liberté pouvait bénéficier de la possibilité d’acheter de la nourriture et des livres.
    En général, les classifications accompagnaient la longueur de la peine. Si l’on était condamné à huit ans, on était classé en catégorie D pendant les deux premières années, en C pendant les deux suivantes, puis en B pour deux ans et enfin en A. Mais les autorités se servaient du système de classification comme d’une arme contre les prisonniers politiques et nous menaçaient de nous faire redescendre du rang durement gagné afin de contrôler notre conduite.
    J’avais déjà passé près de deux ans en prison avant Robben Island, mais on m’a quand même placé en catégorie D à mon arrivée. Tout en désirant les privilèges qui accompagnaient les plus hautes qualifications, je refusais de compromettre ma conduite. La façon la plus rapide de passer dans la catégorie supérieure consistait à se montrer docile et à ne pas se plaindre. « Ag, Mandela, tu es un agitateur, me disaient les gardiens, tu vas rester en D jusqu’à la fin de tes jours. »
    Tous les six mois, les prisonniers étaient convoqués devant la direction de la prison pour l’évaluation de leur classification. La direction devait juger leur conduite en fonction des règlements, mais nous avons découvert qu’elle préférait se comporter comme un tribunal politique. Lors de ma première comparution devant le conseil, on m’a posé des questions sur l’ANC et sur mes convictions. Cela n’avait rien à voir avec le système de classification, mais j’ai été assez orgueilleux pour répondre en pensant que je pouvais les convaincre. Ce fut une des rares occasions où l’on nous a traités en êtres humains. Plus tard, nous nous sommes aperçus que, pour les autorités, il s’agissait simplement d’une technique ayant pour but de glaner des informations et j’étais tombé dans le piège. Tout de suite après, nous nous sommes mis d’accord pour ne plus parler de politique avec la direction de la prison.
     
    En tant que prisonnier du

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