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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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entendions clairement un chuchotement, le gardien l ’ entendait aussi et il hurlait   : «  Stilte in die gang   !   » (Silence dans le couloir   !). Il faisait plusieurs aller et retour pour s ’ assurer que nous n ’ étions pas en train de lire ou d ’ écrire. Au bout de quelques mois, nous jetions une poignée de sable dans le couloir afin d ’ entendre ses pas et nous avions le temps de nous arrêter de parler ou de cacher tout objet interdit. Quand nous étions calmes, il allait s ’ asseoir dans le petit bureau au bout du couloir où il sommeillait vaguement jusqu ’ au matin.
    62
    Un matin, plusieurs jours après la visite de Bram et de Joel, on nous a conduits dans les bureaux de la direction. Ce n ’ était qu ’ une bâtisse de pierre qui ressemblait à la nôtre et qui se trouvait à cinq cents mètres. Une fois arrivés, on nous a mis sur une ligne et on a pris nos empreintes digitales, ce qui était quelque chose d ’ habituel en prison. Mais tandis que nous attendions, j ’ ai remarqué un gardien avec un appareil photo. Quand la prise d ’ empreintes a été terminée, le gardien en chef nous a donné l ’ ordre de nous remettre en file pour la photo. J ’ ai fait signe à mes camarades de ne pas bouger et j ’ ai demandé au gardien   : « J ’ aimerais que vous me montriez le document du commissaire des prisons qui vous autorise à nous photographier. » Cette autorisation était nécessaire.
    Connaître les règlements avait une grande importance parce que nos geôliers eux-mêmes les ignoraient souvent et pouvaient se laisser intimider par la connaissance supérieure de quelqu’un. Ma question a pris le gardien au dépourvu et il a été incapable de me fournir une explication ou de me présenter un document écrit du commissaire des prisons. Il nous a menacés d’un rapport si nous n’acceptions pas de nous laisser photographier, mais j’ai dit que s’il n’avait pas d’autorisation il n’y aurait pas de photos, et les choses en sont restées là.
    Nous avions comme règle de refuser d’être photographiés parce que, en général, être vu en tenue de prisonnier est dégradant. Mais j’ai accepté une photo, la seule pendant mon séjour à Robben Island.
     
    Un matin, quelques semaines plus tard, au lieu de nous donner comme d ’ habitude des marteaux pour travailler dans la cour, le gardien-chef nous a donné à chacun des aiguilles et du fil, ainsi qu ’ un tas de vieux pull-overs de prison. Nous devions les réparer mais nous avons découvert que la plupart étaient trop usés. Cette tâche curieuse nous a étonnés et nous nous sommes demandé ce qui avait déterminé ce changement. Un peu plus tard, vers onze heures, la porte d ’ entrée s ’ est ouverte et le commandant de la prison est apparu, accompagné de deux hommes en civil. Le commandant nous a annoncé qu ’ il s ’ agissait d ’ un journaliste et d ’ un photographe du Daily Telegraph de Londres. Il a dit cela comme si nous recevions régulièrement la visite de la presse internationale.
    Ces hommes avaient beau être nos premiers visiteurs, nous les avons regardés d ’ un œil sceptique. Tout d ’ abord, ils venaient sous les auspices du gouvernement, et ensuite nous n ’ ignorions pas que le Telegraph était un journal conservateur et peu favorable à notre cause. Nous savions qu ’ à l ’ extérieur on s ’ inquiétait beaucoup de notre situation et que le gouvernement avait intérêt à montrer que nous n ’ étions pas maltraités.
    Les deux journalistes ont fait lentement le tour de la cour en nous observant. Nous gardions la tête baissée en nous concentrant sur notre travail. Ensuite, un des gardiens m ’ a tiré par l ’ épaule en me disant   : « Viens, Mandela, tu vas leur parler. » Au début, j ’ étais souvent le porte-parole des autres prisonniers. Le règlement de la prison disait clairement que chaque prisonnier ne pouvait parler qu ’ en son nom propre, ceci pour nier le pouvoir de toute organisation et pour neutraliser notre force collective. Nous n ’ étions pas d ’ accord mais cela ne changeait pas grand-chose. Nous n ’ avions même pas le droit de dire nous dans nos déclarations. Mais au cours des premières années, les autorités ont eu besoin qu ’ un prisonnier s ’ exprime au nom des autres et c ’ était moi.
    J’ai parlé au journaliste qui s’appelait Mr. Newman, pendant une trentaine de minutes   ; il ne connaissait rien

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