Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
autorités, en indiquant celles qu’il trouvait les plus raisonnables. Peu après la visite de Senn, nos vêtements se sont améliorés et on nous a donné des pantalons. Mais Senn n’était pas du tout progressiste   ; au cours des années passées en Rhodésie, il semblait s’être acclimaté au racisme. Avant de revenir dans ma cellule, je lui ai rappelé que les prisonniers africains se plaignaient de ne pas avoir de pain. Mr. Senn a paru embarrassé et il a jeté un coup d’œil au colonel qui dirigeait la prison. « Le pain est très mauvais pour vos dents, vous savez, Mr. Mandela, a dit Mr. Senn. Le maïs est beaucoup mieux pour vous. Ça vous donne des dents saines. »
    Plus tard, la Croix-Rouge internationale envoya des hommes plus ouverts qui luttaient sincèrement pour obtenir des améliorations. L’organisation joua aussi un rôle crucial dans un domaine moins évident mais tout aussi important pour nous. Elle donnait souvent de l’argent à nos épouses et à nos familles qui, sans cela, n’auraient jamais pu nous rendre visite sur l’île.
     
    Quand on nous a envoyés à Robben Island, nos partisans se sont inquiétés en pensant qu’on ne nous permettrait pas de faire des études. Dans les mois qui ont suivi notre arrivée, les autorités nous ont informés que ceux qui voulaient étudier pouvaient en faire la demande. La plupart le firent, même ceux qui appartenaient au groupe D, et on l’accorda à tous. Après le procès de Rivonia, l’Etat avait repris confiance et pensait que nous donner ce privilège ne prêtait pas à conséquence. Il le regretta plus tard. Il n’autorisait pas les études post-universitaires mais fit une exception pour moi parce que j’avais créé un précédent quand j’étais à Pretoria.
    Dans notre section, rares étaient ceux qui avaient une licence, et beaucoup s’inscrivirent à des cours universitaires. Très peu n’étaient pas allés au lycée et ils finirent leurs études secondaires. Quelques-uns avaient déjà un bon niveau, comme Govan Mbeki et Neville Alexander, mais d’autres n’avaient pas dépassé la troisième. En l’espace de quelques mois, presque tout le monde étudiait. Le soir, nos cellules ressemblaient plus à des salles de cours qu’à des cellules de prison.
    Mais le privilège de faire des études s’accompagnait d’une multitude de conditions. Certains sujets, comme la politique ou l’histoire militaire, étaient interdits. Pendant des années, nous n’avons pu recevoir d’argent que de nos familles et les prisonniers pauvres avaient rarement de quoi acheter des livres ou des cours. La possibilité d’étudier devenait signe de richesse. Nous n’avions pas non plus l’autorisation de prêter des livres aux autres prisonniers, ce qui aurait permis aux plus pauvres d’étudier.
    Il y avait toujours des discussions pour savoir si nous devions ou non accepter le privilège de faire des études. Au début, certains membres du Mouvement de l’unité avaient l’impression que nous acceptions une aumône du gouvernement et que cela compromettait notre intégrité. Ils soutenaient que ce n’aurait pas dû être un privilège sous conditions mais un droit absolu. Je partageais ce point de vue, mais je ne pouvais accepter qu’en conséquence on renonce aux études. En tant que combattants de la liberté et prisonniers politiques, nous avions l’obligation de progresser et de nous améliorer, et les études étaient une des rares possibilités que nous avions de le faire.
    Les prisonniers avaient le droit de s’inscrire soit à l’université d’Afrique du Sud (UNISA), soit au Rapid Results College (cours de formation accélérée), réservé à ceux qui terminaient le lycée. Dans mon cas, faire des études sous les auspices de l’université de Londres n’était qu’un demi-privilège. D’une part, j’avais accès à des livres très riches que je n’aurais pas trouvés sur une liste sud-africaine   ; mais, d’autre part, les autorités considéraient beaucoup d’entre eux comme inopportuns et les interdisaient.
    Le simple fait de recevoir des livres était souvent un exploit. On pouvait commander un livre à une bibliothèque sud-africaine. La demande était transmise et on recevait le livre par la poste. Mais à cause des caprices du système du courrier, de l’éloignement de l’île et de la lenteur souvent délibérée des censeurs, le livre arrivait après la date où il fallait le rendre. Dans ce

Weitere Kostenlose Bücher